Que le dernier qui sorte éteigne la lumière !
C’était là un graffiti qui se trouvait sur le mur de Berlin à la grande époque de l’Union Soviétique. Faudra-t-il bientôt écrire cette maxime sur les frontons des mairies de notre pays ? En réalité, on n’aura peut-être pas besoin d’éteindre la lumière car elle s’éteindra toute seule comme cela est arrivé le 21 décembre 2009 en région PACA ; et encore a-t-on délesté le réseau pour éviter un « black-out » plus long.
Rappelons-nous la panne de 1979 qui avait plongé la France dans le noir non pour un problème de sous-production ou de trop faible capacité du réseau à l’époque, mais pour des problèmes de synchronisation. Cette panne avait duré, au total, 3 jours avant le rétablissement total. Depuis, on a pris la mesure du problème de synchronisation et cette dernière se fait par satellite, ce qui règle définitivement le problème.
En ce qui concerne le délestage volontaire du réseau en région PACA, les journaux classiques se lamentent mais on doit bien reconnaître qu’aucun n’ose regarder le problème en face et pointer les vrais problèmes qui sont pourtant bien connus des professionnels. Cela ne plaide donc ni pour la légitimité de cette presse ni pour son honnêteté et il nous appartiendra ici de dire la vérité.
En réalité, deux phénomènes complémentaires sont à l’œuvre dans notre société et tiennent en deux vocables. Le premier est la lâcheté de nos dirigeants et le deuxième est plus récent et connu sous le nom de « principe de précaution ».
Commençons par la lâcheté de nos dirigeants qui depuis des décennies maintenant se sont couchés devant les écologistes, le dernier avatar sérieux étant allé jusqu’à démanteler Superphénix qui est pourtant la seule voie possible de moyen terme pour disposer d’énergie bon marché et en quantité dans les décennies à venir. En effet, les prévisions actuelles donnent comme réserves d’énergie pour le monde les chiffres suivants en années de consommation. Le pétrole, 30 ans, le gaz, 60 ans, le charbon, 200 ans et le nucléaire actuel, 70 ans. Si par contre, nous passons au nucléaire de surgénération de type Superphénix (qui reste de la fission), nous avons des réserves mondiales pour 6700 ans. Mieux, dans un tel cas, les déchets qui ne représentent que 4% du combustible initial peuvent être mélangés à nouveau à du combustible pour être rebrûlés. Dans ces conditions, lire dans les journaux que nous sommes en sous-production en cas de froid somme toute pas exceptionnel est une aberration digne de celle de l’Union Soviétique d’antan. Si, de plus, on passe en filière U233/Th, les surgénérateurs de ce type feraient passer les réserves de l’humanité à 21000 ans, toujours en énergie de fission. Nous voilà donc dans une situation plutôt cocasse où nous sommes dans un pays qui a été le précurseur de l’énergie nucléaire civile et qui, pour des raisons de basse politique et de manque de courage évident, manque objectivement de capacité énergétique, c’est un comble. Et qu’on ne vienne pas nous seriner les oreilles avec le soi-disant problème des déchets qui est un faux problème pour 2 raisons essentielles : la première est due au mode de combustion des surgénérateurs qui créent très peu de déchets et le problème des déchets lui-même a été réglé par un brevet récent qui sera rendu public d’ici quelques mois. Le détail de ces informations avec les références pourra être trouvé dans mes ouvrages « Ainsi marchait l’humanité » sorti en janvier 2009 et « Politique industrielle : la nouvelle donne » qui sortira en janvier 2010.
Passons alors au principe de précaution. Ce fameux principe a conduit RTE d’un délai de 3 ans pour construire une ligne à haute ou très haute tension à parfois 20 ans, les riverains et organisations écologistes entravant les processus de décision, arguant généralement la nocivité du fait d’être à proximité des lignes. A cela répondons de la manière suivante. Tout d’abord, nous avons un recul de 100 ans sur l’impact des lignes à haute tension et on n’a jamais pu démontrer scientifiquement leur nocivité. On a même démontré leur innocuité mais lorsque les résultats scientifiques sont montrés aux organisations écologiques, ces dernières les refusent. Par ailleurs, si vraiment on voulait, il suffirait d’enterrer les lignes haute tension et de les mettre dans des cages de Faraday, cela coûterait certes plus cher mais il n’y aurait au moins plus de discussions possibles. En réalité, les différents opérateurs et RTE en particulier, sont les victimes une fois supplémentaire de la lâcheté de l’Etat et des élus qui, pour s’attirer les grâces de l’électeur n’hésitent pas à emboîter le pas à des discours dont le caractère scientifique est erroné bien évidemment quand il n’est pas de mauvaise fois.
Il faut donc dire aux français la vérité. En soutenant, sans y comprendre grand-chose, les écologistes et les passéistes partisans du principe de précaution, ils n’ont que ce qu’ils méritent : un réseau sous-dimensionné tant en production qu’en transport et la situation ne va faire qu’empirer car les délais d’installation des lignes très haute tension vont en augmentant et il est déjà trop tard pour garantir une production suffisante d’électricité à terme avec des centrales nucléaires vu le temps de construction de ces dernières. Nous allons donc droit dans le mur, en klaxonnant pour certains !
Rappelons un dernier détail. L’énergie et sa disponibilité pour le plus faible coût possible est une condition sine qua non de la bonne santé économique d’un pays et du niveau de vie de ce pays. Le système mis en place, dans ce sens, hypothèque sérieusement notre avenir. Quand on lit les lamentations des journalistes qui sont incapables de dire la vérité, on se dit que nous sommes vraiment en Union Soviétique et que le temps n’est pas loin où nous vivrons les queues interminables devant les magasins car le pays ne produira plus rien puisque, déjà, des industriels sont obligés de réduire leur consommation en cas de froid ! Et quand je lis des blogs où des gens disent se chauffer au bois ou au pétrole pour économiser l’électricité, je me dis que les cours de physique du lycée n’ont pas été bien assimilés, hélas. L’énergie de l’avenir ne peut être que l’électricité, nous avons assez gaspillé de pétrole de charbon ou de gaz en les brûlant bêtement alors qu’ils ont des utilités bien supérieures à cela, en chimie notamment.
Quand chutera ce mur intellectuel et délétère qui s’est construit ces dernières décennies en France ? Ou alors, qui sera le dernier à sortir du noir inéluctable qui s’installera dans notre pays si nous ne réagissons pas vigoureusement ?