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Accueil du site > Actualités > Technologies > Retour sur le livre électronique

Retour sur le livre électronique

J’ai déja écrit un article sur le livre électronique prédisant son arrivée massive en 2009. Un petit retour sur cette technologie et ses promesses maintenant que 2009 a bel et bien commençée.

Pour rappel, il est question ici d’une nouvelle technologie d’encre électronique qui permet une lecture agréable sur écran des livres (même en plein soleil) et avec une autonomie de batterie très grande (jusqu’à deux semaines sans recharger en pratique). J’avais prévu ici même en 2008 que la technologie allait exploser en 2009 et allait devenir "l’ipod du livre". Depuis la crise financière est passée par là. Faisons donc un point sur l’essor de cette technologie révolutionnaire. 

Les ventes de lecteurs sur 2008

Une premiére indication du succès ou de l’échec d’une nouvelle technologie c’est bien entendu les ventes. Elles indiquent à elles seules si les gens sont prêts à payer pour cela ou si ce n’est qu’un délire d’ingénieur. Des produits basés sur l’encre électronique étaient déja disponibles en 2008 (en quantité limité faute de capacité de production suffisante). Regarder les résultats des ventes est donc un premier indice de l’intérêt du public pour cette technologie. 

Première constatation : Malgrès une disponibilité fort limitée surtout en France, les ventes semblent bien parties. Amazon vient d’annoncer aujourd’hui le lancement de son Kindle 2 (terminal papier électronique) et a au passage révélé ses ventes 2008 pour le Kindle premier du nom. La surprise est plutot bonne : 500 000 exemplaires à 299$ ont été écoulés là ou les analystes les plus optimistes n’en attendaient que 400 000. Les ventes ont de plus été freinées par une rupture de stock. Certes, rien ne nous dit que cette rupture de stock n’était pas voulue, mais quand même : 500 000 exemplaires, c’est mieux que l’iPod d’Apple dans sa première année de commercialisation (du moins aux Etats-Unis). Ces chiffres concernent le seul continent américain, le Kindle n’étant vendu que là-bas. 

Il existe des terminaux concurrents au Kindle, notamment ceux de la société Française Bookeen qui ont été souvent en rupture de stock. Mais malheureusement la société en question ne communique pas ses chiffres de vente. On ne peut donc savoir si ces ruptures de stock sont liées à une offre très faible ou à une demande anormalement forte. Ce qui est sûr en tout cas c’est que la société en question a réussi à faire référencer ses produits dans plusieurs grandes boutiques spécialisées ce qui semble indiquer un intérêt certain des clients. Sony est également sur la brêche mais n’a pas donné de chiffres de vente. Mais ces deux produits, parfois techniquement supérieur au Kindle souffrent d’une faiblesse de l’offre en terme de livres électroniques. 

Les ventes de contenus

D’après Amazon, les acheteurs de son Kindle ont achetés en moyenne 1.6 livres électroniques pour chaque livre "papier" acheté. Le Kindle comme l’on pouvait s’y attendre n’a donc pas remplaçé complétement le papier mais est venu en complément. 

Toujours est-il que les estimations sont que 4% du CA d’Amazon seront liées à des ventes électroniques en 2010. Atteindre cet objectif va nécessiter de très fortes ventes pour le Kindle 2. Il faut rester prudent sur ces chiffres qui ne sont que des prévisions mais si cela se réalise, cela veut dire que dès 2010 le marché du livre électronique sera du moins aux Etats-Unis tout à fait significatif. Et au vu de la croissance habituelle du marché technologique, cela veut dire si ces patterns sont respectés que le livre électronique sera très majoritaire dès la fin de la décennie 2010. 

D’autres revendeurs comme MobiPocket fournissent également des livres électroniques et les contenus libres commes les classiques peuvent être téléchargés gratuitement. Ces fournisseurs alternatifs vendent déja des livres en PDF pour utilisation sur téléphone portable (usage populaire au Japon notamment) et il est assez difficile de dire quelle part de leur vente est due aux nouveaux lecteurs et quelle part reste sur leur marché traditionnel. 

Perspectives

On voit donc que la révolution annonçée du papier électronique est pour l’instant bien partie n’en déplaise aux sceptiques. Reste maintenant à voir si la crise économique en cours va retarder les achats de livres électroniques ou au contraire de par le potentiel d’économies (les livres électroniques sont moins chers que les livres papiers) attirer des lecteurs. 

Autre écueil, le marché actuel est surtout composé d’early adopters c’est à dire des gens qui sont fans de technologies et veulent le dernier gadget à la mode. Le fait que ces tablettes plaisent à ce segment de la population ne signifie pas que cela plaise à tout le monde. 

Mais parmis les tests effectués auprès de non technophilles (tests effectués avec différentes tablettes du marché), les résultats sont les suivants :

  • Généralement du dédain lorsque l’on se contente d’en parler sans montrer le produit. Les gens qui ont tous essayés de lire sur écran n’aiment généralement pas cela et s’imaginent tant qu’ils ne l’ont pas vu que l’écran "papier électronique" sera lui aussi désagréable. Cette impression disparaît une fois le produit montré. Ne reste alors plus que le côté sentimental : Le contact avec le livre. 
  • Une fois la démonstration réalisée un intérêt rapide pour certaines fonctionalités notamment la possibilité de choisir la taille des caractères. De nombreuses personnes trouvent en effet que certains livres sont écrits trop petits et souhaitent agrandir les caractères. La plupart des tablettes du marché le leur permettent ce qui est un argument de vente certain pour les personnes agées qui du coup ne sont pas du tout les plus rétives à cette technologie contrairement à ce que l’on aurait pu penser. 
  • Les personnes plus jeunes plébiscitent elles surtout le gain de place et le côté pratique pour lire dans les transports en communs. 
  • Le manque de littérature française est pour l’instant un problème majeur, alors que l’on trouve sans problème des contenus pour les pays anglo-saxons. 
Le produit a donc du potentiel auprès de l’ensemble de la population. Mais pour l’instant le marché des adopteurs précoce sera encore prépondérant en 2009, étant donné que tous les technophiles sont pour l’instant loin d’être équipés. En France, il faudra attendre de toute façon l’arrivée d’une offre de contenus conséquente en Français. 

On peut donc s’attendre à la poursuite du décollage du livre électronique en 2009 avec les Etats-Unis clairement en tête du fait d’une meilleure offre de contenus. 

Il faut aussi s’attendre à d’importants investissements dans le secteur (soit la continuation des années précédentes). Les bons résultats des premières expériences vont en effet encourager les investisseurs à financer cette technologie proche de la maturité. 

La dématérialisation du livre.
Comme prévu donc le livre semble se diriger vers une dématérialisation inéluctable de la même façon que le disque en son temps. Et la presse magazine et quotidienne risque d’y venir très très vite. 

D’une part en cette période de crise de la presse, la possibilité de diminuer largement les coûts (supression de l’impression et du transport) est un argument majeur. D’autre part, ces outils s’adressent à une cible démographique plus riche que la moyenne : Le marché ne peut donc être ignoré par les décideurs des groupes de presse qui sont de plus globalement prêts. Les grands magazines économiques ont déja tous effectués des tests sur cette technologie auprès de certains abonnés. 

L’édition de livre sera quand à elle moins touchée de par l’aspect émotionnel qui tourne autour du livre. Du moins pour les beaux livres. Le livre de poche pourrait être rapidement touché de même que les romans de gare. Vous risquez de voir les éditeurs redoubler d’efforts pour refaire de "beaux objets" et non de simple livres à couverture cartonnée bas de gamme. Le risque principal étant le piratage si jamais les éditeurs se comportent de façon aussi imbécile que les maisons de disques en leur temps. Gageons que l’expérience douloureuse des maisons de disque servira d’exemple et qu’une offre légale de qualité sera très vite disponible. Si c’est le cas, seules les éditeurs trop dépendants de la rente des "classiques scolaires" risquent de voir leur revenu grandement chuter. 

Les vrais perdants seront les surfaces de ventes qui seront devenues complétement inutiles. Les grandes surfaces de la culture risquent ainsi de trouver la pilule des années 2010 amère même si nombre d’entre-elles disposent déja d’une présence importante sur internet et vont à coup sûr se lancer dans la bagarre du livre numérique. 

Ce qui est sûr, c’est que le monde de l’écrit va être recomposé et qu’une fois de plus tout va changer. Pour le meilleur !

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28 réactions à cet article    


  • Olga Olga 24 février 2009 22:19

    Pour qu’un lecteur de livres électroniques soit vraiment intéressant, il faudrait qu’il ait beaucoup de qualités (de ce fait il serait un peu plus qu’un simple ebook reader) :

    - Facilement transportable, léger, pas fragile ; utilisation très simple

    - Une autonomie "énorme" (ce qui semble être déjà le cas)

    - Que l’on puisse écouter des "livres audio" sur ce lecteur (et même basculer de la lecture du livre vers son écoute et vice versa, selon son désir)

    - La capacité de stockage devra donc être élevée

    - Des formats livre et livre audio standardisés (non propriétaires)

    - Un grand choix de contenus dans toutes les langues ( achat de livres bilingues/trilingues... pour un prix raisonnable )

    - Que l’on puisse "upgrader" son lecteur (augmenter sa capacité de stockage par exemple) pour éviter qu’il soit obsolète au bout de 3 mois...

    - etc smiley 


    • Traroth Traroth 25 février 2009 17:50

      La solidité, c’est une vraie question, comme pour tous les appareils mobiles. La fonction "lecture audio" existe déjà sur plusieurs modèes, en utilisant un système de synthèse vocale. La capacité de stockage est assurée par un lecteur de cartes, le plus souvent SD. Reste à savoir comment emmener 3 ou 4 SD avec soi.

      Le vrai problème, c’est le format de fichier. Pour tout achat de livre au format électronique, ça sera un format propriétaire, même si la pupart de ces engins savent lire le PDF. Et ça, c’est une sacré régression par rapport au livre papier.

      Encore une remarque : quid des bibliothèques, si ça se généralise ?


    • Forest Ent Forest Ent 25 février 2009 01:07

      Il y a depuis au moins 10 ans un article tous les six mois (pas nécessairement sur AV) pour annoncer que ça y est le grand jour est arrivé. Comprenez que l’on manifeste encore un certain scepticisme. Il est sûr que ce jour arrivera un jour, quand il y aura enfin l’ergonomie adéquate. Mais qu’elle est dure à trouver ...


      • Halman Halman 25 février 2009 09:46

        Pas tous les 6 mois Forest, mais plusieurs fois par mois.

        Le dernier sur les livres électroniques ne doit pas dater de plus de 2 semaines.

        Et toujours la même chose.

        Ca devient un sujet bateau chez les ingénieurs bloggeurs.



      • Traroth Traroth 25 février 2009 18:12

        Non, mais là, le grand jour est arrivé, pour le meilleur et pour le pire. Ca fait un moment qu’on voit que le Kindle marche très fort aux Etats-Unis (Tout le catalogue Amazon est disponible, ainsi qu’une très grande partie des périodiques US et même mondiaux. Vous savez qu’on peut acheter Le Monde et Les Echos en version Kindle, sur Amazon US ?) et en France, la FNAC, Sony et Hachette vont lancer ensemble un produit similaire très prochainement.


      • Halman Halman 25 février 2009 10:11

        Quant à l’ergonomie je répète qu’on a déjà des tas de possibilités de livres électroniques.

        Mais à écouter les gens je me demande s’ils n’attendent tout simplement pas un ebook qui tourne les pages par transmission de pensée tellement l’idée d’appuyer sur un bouton semble encore une épreuve bien pénible aux utilisateurs pour que leur pda ou leur portable passe à la page suivante de leur pdf ou doc ou ereader.

        Le vrai blocage des gens n’est pas dans la forme, l’ergonomie, le look, la puissance, la consommation, etc, mais dans le fait qu’ils ne font pas l’effort de s’y habituer.

        On leur mettrait un ebook à l’école plutot que des livres papiers arrivés à l’age adulte ils préféreraient l’ebook que le tas de papier.

        Juste une question d’habitude.

        Parce que même sur un pda actuel on peut emporter tout Zola, tout Saint Ex, des centaines de mégas de docs persos et professionnels sur une carte sd, des centaines d’ebook lisibles avec ereader, des centaines de grands classiques téléchargeables gratuitement sur le net.

        Avec des logiciels gratuits on peut écrire ou copier soit même des articles trouvés sur le net, les transformer en pdf et les charger sur son pda. Mais je me demande si les gens ne préféreraient pas qu’il faille juste cliquer sur une icone ou transmettre l’ordre par transmission de pensée à l’ordi plutot que de passer par ces quelques manipulations rapides qui ne prennent que quelques minutes, pendant qu’on prend son thé ou son café.

        Quant à l’autonomie, je lis grosso modo deux heures par jour mais n’ai besoin de le recharger qu’une fois par semaine. Le problème de l’autonomie est donc là aussi un pretexte pour ne pas s’y coller.
        Sans compter que ce pda qui me sert d’ebook je l’utilise aussi toute la journée pour mes rdv, contacts et prendre des notes. Rien que cette semaine, 67 notes prises avec le stylet en écriture manuelle. Encore l’utilisation du stylet qui rebute certains, encorer un faux pretexte, la flemme de s’y mettre.

        Et je recharge avec un chargeur solaire qui a passé la semaine sur le balcon. Là aussi le cout en énergie est un faux pretexte pour ne pas s’y mettre.

        Mais je suis étonné tous les jours dans le bus que des gens bien plus jeunes que moi semblent étonnés et regardent en lousdé mon pda sur lequel je lis un ebook alors qu’eux ont un gros livre papier dans les mains.

        Cela devrait être l’inverse non ? La génération nouvelle technologie qui lit des ebooks dans le bus et moi le vieux chnock avec mes journaux gigantesques et salissants ?

        Hier au boulot j’ai passé la journée à déménager des pc au service du personnel de mon hôpital. Grands travaux, on refait les bureaux, on déménage momentanément d’un bureau à l’autre, etc.

        A chaque fois je remarque. Les gens ont tous un pc, reliés en réseau avec leurs sessions bureautiques mais ne peuvent s’empécher d’avoir leurs bureaux remplis de piles de dossiers, de documents, des armoires remplies de papier jusqu’au plafond au point qu’il a fallu leur commander des armoires supplémentaires grand modèle pour loger tout ça.

        Paradoxal non ?


        • Marc Bruxman 25 février 2009 13:36


          Cela devrait être l’inverse non ? La génération nouvelle technologie qui lit des ebooks dans le bus et moi le vieux chnock avec mes journaux gigantesques et salissants ?


          Non, et vous êtes bien courageux de lire sur un PDA. Parce que franchement j’en trouve l’écran très désagréable. Et la principale révolution de ces systèmes d’encre électronique c’est justement un écran qui offre un très grand confort de lecture. (Essayez le en magazin et vous verrez ca change la vie). 


        • philippe de rodat 25 février 2009 10:16

          Le livre électronique ? Les grandes surfaces de la culture vont souffrir ?
          Le problème n’est certainement pas là.

          Le livre électronique est la solution ultime pour qu’enfin le livre passe définitivement du coté des seuls marchands. La leçon du disque a été comprise. Quand est arrivé le téléchargement, le marché du disque était fragilisé par une forte concentration de l’offre, tant au niveau de l’édition que de la distribution ; une offre quasi identique dans l’ensemble des magasins avait déjà commencé à preparer la clientèle au téléchargement, à la recherche d’une diversité qui n’éxistait déjà plus dans les grandes surfaces culturelles.
          Le disque est mort du téléchargement allié à la consommation de masse.

          Le marché du livre est tout différent. Les grandes surfaces de la culture ? Elles représentent le tiers des ventes. Le réseau de 3000 librairies assure la diversité de l’offre. Protégé par la loi sur le prix unique (que devient-elle dans la dématérialisation ?), le réseau de librairies est déjà fragilisé par des marges trop faibles : le rôle du libraire est cependant essentiel : le tri dans les nouveautés, le conseil à la clientèle.

          Le marketing de quelques grands groupes remplacera ce rôle prescripteur, condamnant à court terme les libraires et à moyen terme les éditeurs indépendants. Avoir conscience de cela avant de se précipiter vers le nouveau joujou...


          • Marc Bruxman 25 février 2009 13:45

            Le livre électronique ? Les grandes surfaces de la culture vont souffrir ?
            Le problème n’est certainement pas là.

            Le livre électronique est la solution ultime pour qu’enfin le livre passe définitivement du coté des seuls marchands. La leçon du disque a été comprise. Quand est arrivé le téléchargement, le marché du disque était fragilisé par une forte concentration de l’offre, tant au niveau de l’édition que de la distribution ; une offre quasi identique dans l’ensemble des magasins avait déjà commencé à preparer la clientèle au téléchargement, à la recherche d’une diversité qui n’éxistait déjà plus dans les grandes surfaces culturelles.
            Le disque est mort du téléchargement allié à la consommation de masse.


            Le disque en tant qu’objet est mort mais la musique est toujours la et les artistes n’ont jamais autant joués en live. La diversité est retrouvée ce n’a été qu’une très bonne chose, à part pour les dirigeants d’universal.

            Protégé par la loi sur le prix unique (que devient-elle dans la dématérialisation ?),

            Elle devient caduque de fait, vu que vous ne pouvez pas arréter les téléchargements à la frontière et que la France est seule à appliquer le prix unique. Si les Belges font des promos, vous achéterez chez les belges. 

            le réseau de librairies est déjà fragilisé par des marges trop faibles : le rôle du libraire est cependant essentiel : le tri dans les nouveautés, le conseil à la clientèle.


            Ce role est aujourd’hui en grande partie remplaçé par les conseils que l’on trouve sur les blogs ou l’internet ainsi que les avis des internautes sur les grands sites. Les internautes qui postent sur Amazon ont ainsi été généralement de bons conseils pour mes achats. Et les grandes librairies en ligne offrent un choix qu’aucun libraire ne parvenait à m’offrir. 

            Le marketing de quelques grands groupes remplacera ce rôle prescripteur, condamnant à court terme les libraires et à moyen terme les éditeurs indépendants. Avoir conscience de cela avant de se précipiter vers le nouveau joujou...

            Au contraire c’est à terme la notion d’éditeur tout court (indépendent ou pas) comme celle de maison de disque qui va disparaitre. Ne restera qu’une relation directe entre l’auteur et le consommateur. Et c’est plutot un progrès. 


          • philippe de rodat 26 février 2009 10:44

            Vous parlez dans monde merveilleux ou les auteurs sont en contact direct avec les lecteurs : sans les vils intermédiaires que sont les éditeurs et les libraires. Mais qui ira chercher la perle rare parmi les quelque 200 000 manuscrits envoyés chaque année aux éditeurs français.

            Confiée aux seuls marchands, vous croyez sérieusement que la sortie d’un nouveau Marc Levy sera à égalité avec le premier livre de poèmes du nouveau Rimbaud ? Egalité technique, oui : les deux seront accessibles en téléchargement. La même égalité que leur proximité physique sur la table des librairies ?
            Non, parce que pour l’un, des pages entières de pub, de "conseils" de lecteurs, comme c’est déjà le cas.
            Pour l’autre, autant trouver une truffe dans une forêt de chènes : l’éditeur et le libraire sont des chiens truffiers : ils débusquent.

            Millenium, la trilogie de Stieg Larsson est sorti en juin 2006. Pas de promotion, un éditeur qui y croit, le fait lire aux libraires, qui se transforment en autant de relais d’information : bouche à oreille, les lecteurs prennent le relais : résultat, en 3 ans, plus de deux millions d’exemplaires vendus d’un des meilleurs polars jamais édités.

            Le téléchargement n’existe que si l’on sait ce que l’on cherche. J’ai exercé les métiers de libraire et de disquaire, et dans les deux cas, j’ai fait partager à mes clients des découvertes qui m’ont été révélées par des éditeurs, qui les ont trouvées, aidées, produites, mises en forme. Rayer d’un trait de plume ce rôle pour le réduire à celui d’un simple intermédiaire facultatif, remplaçable par le seul buzz me semble bien angélique.

            Pour ce qui est de la musique, les artistes n’ont jamais autant joué en live : c’est vrai, mais qu’en est il du classique et du jazz : dans ces domaines, on est loin du compte : avec la disparition du disque, les artistes n’ont plus les moyens de se faire connaitre. C’est dans le domlaine des cultures minoritaires que les dégats se font déjà sentir : les artistes déjà installés n’ont pas de problèmes, qu’en sera-t-il des nouveaux, sans éditeurs ,ni disquaires, ni disquaires.

            Pour ce qui est d’Universal, je n’ai aucun souci, vous verrez, ils s’en sortiront ; mais les autres ?
             


          • Halman Halman 25 février 2009 10:33

            Le problème des utilisateurs de tablettes est aussi la prétendue fragilité.

            Les tablettes pc utilisées dans les services hospitaliers, même les plus solides, même les blindées et les renforcées, sont fracassées régulièrement parce que les gens n’en prennent pas soins.

            Ca les jette sur la table, ça dépasse du placard et hop un grand coup de pied dans la porte et ça pleure que c’est fragile, que ce n’est pas adapté et qu’il faut trouver une autre solution technologique.

            Ca les pose bancalement sur le chariot de soins, tout le poids reposant sur la prise d’alimentation et on vient pleurer que ça casse tout le temps. Et comme a chaque fois il faut renvoyer chez le constructeur, grosse colère de la direction qui coupe les crédit de ce genre de nouvelles technologies.

            Grand classique, ça nous appelle en urgence parce qu’elles ne s’allument plus. On arrive, à tout hasard on rebranche la prise, et ça refonctionne.

            L’utilisateur, même pour rebrancher la prise pour recharger la batterie a besoin d’aide et appelle au secours.

            Malgré les réunions et les démonstrations, le j’en foutisme des utilisateurs est tel que les tablettes s’empilent au service technique avec des écrans éclatés, des stylets détruits en miettes, des cables d’alimentations arrachés, coupés parce que ça traine entre les chariots et ça s’enroule dans les roues, et autres destructions massives par pure maladresse et refus de toute manière de ces nouvelles techniques par le lambda.

            Alors chaque occasion est bonne pour nous prouver que ce n’est pas la bonne solution et qu’ils n’en veulent pas.

            Ils sont mécontents du débit du réseaux wi fi, mais quand on regarde ce qu’ils font par vnc ça passe plus de temps à faire mumuse sur le net qu’à utiliser le logiciel professionnel. Et ça pleure que le réseau n’assure pas et est "lent". Et quand on leur explique que le débit du réseau n’est pas infini mais est limité à l’usage professionnel, on a des regards embarassés et étonnés.

            Encore des bons pretextes, au lieu d’en prendre un tout petit peu soin.

            L’utilisateur râle contre les soi disant défauts, mais celui qui détruit bien les tablette c’est l’utilisateur lui même.

            Peut être que d’ici une génération ou deux les gens s’y seront faits et cela fera partie de leur culture.

            Comment voulez vous qu’on continue à confier au gens du matériel technologique dans ces conditions ?

            Le budget pour remplacer les tablettes est faramineux et donc sans cesse revu à la baisse non pas à cause du manque d’ergonomie et de qualité des tablettes mais à cause de l’usage catastrophique des agents qui les détruisent ou refusent de les utiliser parce qu’il n’y a pas de souris.

            Autre argument qui tue : "y’a pas la souris alors j’arrive pas à m’en servir".

            Bien sur une tablette pc avec une souris au pieds du patients...

            Alors à quoi ça sert que la tablette elle se décarcasse ?

             smiley



            • Marc Bruxman 25 février 2009 13:38

              Malheureusement l’utilisateur ne prend soin que de ce qu’il a payé. C’est extrémement triste, mais il suffit de voir l’état du métro parisien pour se rendre compte à quel point les gens se comportent comme des porcs quand ce n’est pas leur bien. Je ne penses pas que leur voiture ait droit à des jets de détritus hors poubelle comme l’on peut voir dans les rames. 



            • finael finael 25 février 2009 15:04

              Le livre électronique n’est rien d’autre que la volatilité du savoir.


              -  Les écrits sur la pierre ou l’argile peuvent durer des milliers d’années.


              -  Les ecrits sur le parchemin peuvent encore durer un miller d’années


              -  Les écrits sur papier quelques siècles dans de bonnes conditions de conservation (si vous voulez consulter des archives datant de plusieurs siècles, il est en général interdit de les numériser ou de les photocopier : cela les abime et les rend illisibles).


              -  Les données conservées sur support électronique ne durent - au mieux - que quelques années.

              Malheureusement il y en a de plus en plus et l’on peut dire qu’une grande partie de la mémoire de la civilisation actuelle aura disparu d’ici un siècle !

              Qu’on me traite de conservateur ou de fossile, peu me chault, je suis informaticien depuis 30 ans, je conçois des sites internet, et j’y stocke des quantités d’informations. Mais je suis bien placé pour dire que la lecture sur écran est infiniment plus fatiguante et moins aisée que sur papier.
               
              C’est pourquoi d’ailleurs j’imprime ce qu’il me semble important de conserver, ou les documents relativement longs : pour les lire plus à l’aise.

              Alors cette publicité pour les derniers gadgets à la mode me paraît dangereuse pour la survie de la culture.

              Au fait, comment ferez vous quand il n’y aura plus d’écrits papier à numériser ?


              • Halman Halman 25 février 2009 16:57

                " Les données conservées sur support électronique ne durent - au mieux - que quelques années"

                Non Finael.

                Les bandes magnétiques, les disquettes, les disques durs, c’est mieux que le papier, quand on en prend soin ils se conservent vraiment longtemps.

                J’ai des disques durs et des disquettes des années 1980 qui sont en parfait état.

                J’ai des floppys de 30 ans qui fonctionnent encore.

                J’ai des cd rom de 20 ans qui fonctionnent parfaitement.

                Mais vous connaissez les gens, ça laisse trainer cd rom et dvd n’importe ou dans la poussière, au soleil, dans la voiture, dans un tiroir au milieu de leur merdier favori.

                Et ils nous disent que ce n’est pas fiable que cela ne dure pas longtemps.

                Le papier pourrit inexorablement. Malgré les soins des bibiothécaires.

                Moi je fais comme les bibliothèques, je scanne les livres les plus importants, je les grave sur cd roms conservés précieusement.

                Ainsi par exemple c’est avec plaisir que je redécouvre les premiers programmes que j’ai écris en 1977 sur Commodore CBM lorsque Apple nous annonçait le premier ordinateur personnel.


              • Traroth Traroth 25 février 2009 18:01

                "Les données conservées sur support électronique ne durent - au mieux - que quelques années" : Oui et non. Les supports numériques ont une durée de vie de quelques années ou décennies, c’est vrai, mais la grosse difféerence, c’est que les données sont duplicables sans perte de qualité, ce qui veut dire qu’on peut conserver les données de manière distribuée, dans le monde entier, pour être extrêmiste. Ce qui permet d’être à l’abri de choses comme l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie. La numérisation du savoir, c’est la certitude que les données ne se perdront jamais tant que notre civilisation existera.


              • finael finael 25 février 2009 19:04

                Désolé de vous contredire mais dans le cadre de mon travail j’ai eu à chercher des moyens de conserver - vraiment - des données. Les unes étaient sur bandes magnétiques, les autres sur disquettes ou disques durs, le tout conservé dans les meilleures conditions possibles étant donné le haut degré de "sensibilité" de ces données.

                Plus de la moitié des données sur bandes magnétiques étaient perdues (quand les bandes n’avaient pas elles même vieilli et n’étaient pas devenues cassantes). Les 2/3 de celles sur disquettes aussi.

                De plus il n’existe quasiment plus de matériel pour les lire.

                Bien sûr il y a des exceptions, j’ai bien un Apple II en état de marche, mais combien de mes CD ais-je du jeter !

                Alors vous pouvez être convaincu de ce que vous voulez, me citer quelques exemples, mais dans l’ensemble vous perdrez tout en quelques dizaines d’années (c’est bien ce que j’écrivais) à moins de le recopier sans cesse.

                Et je connais bien des grandes sociétés comme des organismes d’état qui en ont fait l’amère expérience !


              • Marc Bruxman 26 février 2009 01:59

                Je confirmes ce que dit Finael, il est très difficile de conserver du contenu numérique sur une longue période ou alors il faut effectivement constamment redupliquer.

                Et au plan personnel cela peut être un problème. 


              • mclerc 11 juillet 2009 15:40

                Il ne faut pas exagérer : tout peut être conservé : il suffit de le mettre hors des attaques ! À l’abri du sultan Omar qui a détruit la bibliothèque d’Alexandrie... Il suffit donc de le confier à Google... Oh ! l’horreur ! Mais non. C’est le plus sur moyen de mettre un ou des documents à l’abri. Amicalement votre.


              • LaMoukat 25 février 2009 15:16

                Je me pose plusieur question sur ces e-book.
                Moi qui suis un petit lecteur (une vingtaine de livre par an), a partir de combien d’année l’investissement est-il rentable financièrement (et même ecologiquement) par rapport au format papier ?
                De même faut-il racheter toute sa bibliotheque quand on change de gamme ou de marque de lecteur ?
                Mis a part l’ergonomie qui n’arrive pas encore à me convaincre, j’ai l’impresion que ces e-book n’apportent pas de progrès vraiment intéressant par rapport au papier.


                • Halman Halman 25 février 2009 17:10

                  Un pda environ 300 €
                  Une carde sd 2 giga octets environ 20 €
                  Un chargeur d’accus solaire environ 50 €

                  Vous divisez par le prix moyen de vos livres et vous verrez qu’en une vingtaine de livres gratuits téléchargés vous êtes largement gagnant.

                  Et qu’est ce qui vous rebute dans l’ergonomie ?

                  Comme pour votre ordinateur, un clic sur ereader ou acrobat ou word, un clic sur la liste de livre, un clic sur le livre choisi, et un bouton pour faire défiler les pages.

                  Vraiment rien de rebutant si vous utilisez un ordinateur.


                • Halman Halman 25 février 2009 17:11

                  Lamoukat, vous ne savez pas mais vous avez déjà jugé.


                • LaMoukat 25 février 2009 17:41

                  Je parle de l’erogonomie en lecture : la prise en paume de l’appareil, la manipulation des pages (revenir 3 pages en arrière pour vérifier quelquechose ou glisser un coup d’oeil au nom du prochain chapitre pour assouvir sa curiosité, etc...)
                  De simple boutons poussoirs ne me satisfont pas.

                  Pour l’interêt économique j’ai des doutes.
                  Je ne crois pas que livres soient gratuits sur ce support (et les livres qui m’intéressent sont-ils disponibles ?) J’achète principalement des livres "pocket", et en supposant que je ne payent pas les livre numériques, il me faudrait 3 ans pour rentabiliser l’achat (date à laquelle je suis a peu près sur de devoir changer d’appareil).

                  A mes yeux, l’e-book manque cruellement d’intérêt.
                  Pour faire une comparaison avec le lecteur/balladeur mp3, celui-ci propose de vrai "killer-feature" :
                   - une relativement grande interportabilité
                   - la possibilité d’intégrer ses morceaux venant d’autres supports 
                   - réduction de l’encombrement et de la consommation.


                • Halman Halman 25 février 2009 18:10

                  Evidemment que tous ces outils pour chercher une page, etc existent sur les ereader.

                  La prise en main, mais où est le problème puisque cela tient dans la main ?

                  La couleur, le poids, si c’est froid, chaud, lisse, rugueux cela vous pose aussi un problème ?


                • Marc Bruxman 26 février 2009 02:02


                  Pour l’interêt économique j’ai des doutes.
                  Je ne crois pas que livres soient gratuits sur ce support (et les livres qui m’intéressent sont-ils disponibles ?) J’achète principalement des livres "pocket", et en supposant que je ne payent pas les livre numériques, il me faudrait 3 ans pour rentabiliser l’achat (date à laquelle je suis a peu près sur de devoir changer d’appareil).

                  Les livres électroniques sont moins chers que les livres papiers. Ils sont mêmes gratuits pour les classiques. Mais il faut effectivement un certain temps pour amortir l’achat.

                  A mes yeux, l’e-book manque cruellement d’intérêt.
                  Pour faire une comparaison avec le lecteur/balladeur mp3, celui-ci propose de vrai "killer-feature" :

                  - une relativement grande interportabilité

                  - la possibilité d’intégrer ses morceaux venant d’autres supports

                  - réduction de l’encombrement et de la consommation.


                  La réduction de l’encombrement est plutot vraie, une tablette est moins volumineuse qu’un gros livre et moins que plusieurs livres lorsque l’on part en vacances. Et la Killer-feature c’est justement ca : Ne pas perdre trop de place dans l’appartement pour archiver des livres de poches et/ou pouvoir garder/archiver une collection de magazines sans que cela ne pollue chez soi. 


                • Traroth Traroth 25 février 2009 17:35

                  Autant je trouve que c’est un très bon moyen de diffusion pour les livres, autant j’ai un malaise concernant les journaux. Le risque, c’est que ce nouveau circuit de diffusion soit encore mieux contrôlé par certains intérêts et que cela accélère encore la perte d’indépendance des journaux. C’est à surveiller...


                  • Marc Bruxman 26 février 2009 01:55

                    Au contraire, cela diminue les barrières à l’entrée par rapport à l’imprimerie et la diffusion. 

                    Et on ne peut pas faire pire qu’actuellement ou tous les quotidiens sont subventionnés par l’état et ne sont docn pas à proprement parler indépendents !


                  • Traroth Traroth 26 février 2009 11:29

                    Les barrières à l’entrée, oui, très certainement. Ensuite, tout dépend de la manière dont les périodiques sont diffusés. Je me rends compte que mon premier message n’est pas très clair et partait d’une information qui n’est peut-être pas très bien diffusée : Le Kindle d’Amazon est equipé d’un système qui lui permet de recevoir les périodiques via un réseau sans-fil EV-DO, celui de Sprint, en l’occurrence. Ce qui veut dire que celui qui contrôle le moyen de transférer ces journaux a un contrôle sur ces journaux eux-même. Et ça, ça n’est pas encore extrême : en combinant un protocole de communication propriétaire et un format de fichier propriétaire, on peut facilement exercer un contrôle très étroit sur ce qui est diffusé. Mettez ça en parallèle avec l’indépendance revendiquée du Canard enchainé pour comprendre ce que je veux dire.

                    A l’inverse, il est également possible de supprimer tout intermédiaire entre le journal et le lecteur, mais la diffusion sera alors moins pratique, un peu à la manière d’un podcast. Ca reste gérable, mais le dernier numéro de votre journal préféré ne vous attendra pas sur votre ebook le matin avec les croissants...


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