Utilisateur 2.0 : découvrez votre écosystème individuel
Dans mon récent article intitulé Productivité 2.0 (publié ici-même sur Agoravox), je notais que le web, qui avait été le rêve prémonitoire de Vannevar Bush, n’avait pas encore répondu aux voeux de ses créateurs, à savoir libérer l’homme de ses tâches quotidiennes les plus accaparantes afin de lui donner du temps pour explorer la plus haute forme de loisirs qui soit, la pensée créative. A la suite de la parution de cet article, certains commentaires laissés par les internautes m’ont permis de prendre pleinement conscience que nous étions tous, à des degrés divers, en train de nous construire un véritable écosystème, à la fois sur les plans individuels et collectifs.
Le concept d’écosystème informationnel est largement décrit par Joël de Rosnay, dans son excellent ouvrage intitulé L’Homme symbiotique. L’auteur y décrit comment l’être humain moderne est en phase de développer une seconde couche de société - dite informationnelle -, parallèle à la société “réelle”, toutes deux entremêlées et interopérantes, l’ensemble formant un écosystème, c’est-à-dire un système complexe vivant et évolutif.
Si nous calculions la quantité de temps collectif passé dans la journée à la collecte de données, au partage d’informations, au "réseautage" social, au travail collaboratif, et à la production de contenu, il serait sans doute supérieur au temps passé à gérer les affaires de la couche “réelle” de nos affaires quotidiennes. L’utilisateur avancé de la couche informationnelle est équipé d’outils qui lui permettent d’interagir dans son écosystème, au même titre que tout un chacun a besoin d’outils pour se mouvoir dans la couche dite “réelle”. Ses activités paraissent donc avoir un sens, une logique, ce qui n’est pas nécessairement évident au premier abord. L’ensemble de ses activités et de ses interactions forme un écosystème individuel.
Organisation de l’écosystème individuel
Voir le schéma d’organisation de l’écosystème individuel
Ce schéma est une tentative de représentation de cet écosystème individuel. Mon analyse (temporaire) est la suivante : nos activités au sein de l’écosystème informationnel s’organisent selon 4 ensembles non disjoints, voire poreux (note : j’ai volontairement laissé les intitulés en anglais, car ils font référence à l’excellent blog Read-Write-Web, qui propose une analyse toujours pertinente des innovations technologiques.)
Ces 4 domaines sont :
- “Read” : la collecte et la consultation de données,
- “Share” : le partage et le "réseautage" social,
- “Collaborate” : le travail collaboratif,
- “Write” : la production d’information.
Il est important de comprendre que ces 4 espaces sont en communication les uns avec les autres et que les applications “frontières” communiquent étroitement entre elles.
“Read” est l’espace de la recherche, de tri et de consultation d’informations. C’est un endroit dont la maîtrise est stratégique. Dans la société informationnelle, le pouvoir (personnel) est à celui qui sait saisir les informations lorsqu’elles se présentent.
“Share” est l’espace de la relation sociale, qu’elle soit amicale ou professionnelle. C’est l’endroit où il faut savoir être vu.
“Collaborate” est l’espace dans lequel se situent les innovations les plus importantes. C’est l’endroit où se retrouvent entrepreneurs et scientifiques.
“Write” est l’espace de l’expression, de la production d’information, personnelle ou partagée. C’est un endroit plus traditionnel dans son expression, mais qui se constitue en tant que mémoire vivante des activités du web.
L’utilisateur 2.0 est en train de naître
L’utilisateur qui sait se mouvoir dans ce nouvel écosystème a très probablement muté par rapport à l’utilisateur traditionnel.
C’est un utilisateur prompte à partager et à échanger. Il recherche et compare l’information en permanence. Ses références et ses modèles ne sont pas les grands classiques encyclopédiques ou universitaires, mais la masse de données sans cesse en mouvement dont il fait lui-même partie.
Ses relations sociales connaissent davantage de degrés que l’humain de la société “réelle”. Il utilise des moyens de communication qui permettent des variations dans les interactions : SMS, emails, twitter, invitations, commentaires, participation à des groupes, etc. Cependant, le nombre de ses amis véritables ne sont pas plus nombreux que quiconque.
L’utilisateur 2.0 vit selon un paradigme sociétal différent de l’utilisateur traditionnel, notamment sur les questions de droits de propriété intellectuelle dont les codes historiques régissent fondamentalement l’économie réelle. Dans ce sens, il contribue à la production de connaissances sans forcément demander un droit d’auteur sur sa production. En retour, il agrège les données produites par d’autres pour alimenter son propre écosystème.
Enfin, ses recherches, ses interactions, ses échanges, génèrent naturellement de l’information, directement ou indirectement.
L’utilisateur 2.0 est né. Annonce-t-il l’arrivée du citoyen 2.0 ?
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