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davai-lama

Né à Toulouse, a grandi en région parisienne.

Ingénieur de formation (spécialité en traitement d’images)

Expérience de 5 ans dans l’enseignement supérieur.

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  • davai-lama 3 décembre 2007 17:09

    Un article intéressant, notamment sur la question des « castes » basées sur le prestige des différentes matières.

    Je tiens ici à aller plus loin dans les faits pouvant expliquer un certain malaise.

    Même si de grands efforts ont été faits depuis quelques années, la forme des cours reste trop « académique », au sens où on est resté, dans une grande proportion, au format « cours magistral - TD (exercices types plus ou moins complexes) - Test d’évaluation ».

    Or, de plus en plus, y compris dans les emplois publics, d’ailleurs, on demande « autonomie, organisation, initiative voire créativité ». Comment attendre ce genre de qualités de la part d’étudiants auxquels on demande encore trop souvent de se limiter à comprendre et à reproduire ce que montre le prof, sans plus ?

    Pour avoir été enseignant à niveau bac+1 - bac+2 dans un établissement scientifique, je peux en témoigner : la grande majorité des élèves a un comportement très scolaire. Les étudiants sont là pour réussir le(s) contrôle(s) de fin d’année et, pour ce faire, il faut répondre ce que le prof attend. Que certains voient l’utilité des enseignements en fonction de ce qu’ils ont envie de faire, je n’en disconviens pas, mais la majorité d’entre eux ont une vision très floue de ce qu’ils ont envie de faire professionnellement, et un très grand nombre sont là « par défaut ». Quand on leur pose la question « pourquoi as-tu choisi des études scientifiques ? », la réponse est « ben j’étais bon en sciences et j’avais de très bonnes notes au lycée ».

    Ce qui veut dire un projet professionnel à l’état d’embryon.

    Or, entre « être bon en sciences » et « faire des sciences son métier, tous les jours », il y a une marge qui laisse à beaucoup de diplômés l’impression d’être très cultivés, mais sans trop savoir quoi faire de leur bagage.

    Je ne parle pas pour les autres disciplines, mais pour les sciences, c’est criant.

    Trop d’élèves sont conditionnés par une attitude « apprendre pour l’école », assez passive, où on suit le mouvement et où on fait ce qu’on nous demande de faire. Le jour où on sort de l’école, la claque fait très mal.

    Par ailleurs, mettez des étudiants dans le cadre de projets collectifs dont ils sont les pilotes, donnez-leur des responsabilités, et là, tout change. Ils comprennent bien qu’il ne s’agit pas de faire du mimétisme, mais de s’organiser pour arriver à un résultat et, par là-même, tester leurs compétences.

    Bien sûr, certaines matières s’y prêtent mieux que d’autres, je n’ai pas de solution miracle à proposer.

    Deuxième point : la formation des enseignants du supérieur. Je laisse de côté les agrégés, qui ont un minimum de formation sur l’élaboration d’un cours. En ce qui concerne les enseignants-chercheurs, c’est bien simple, la formation est une formation sur le tas, avec tous les aléas que cela représente : qualités naturelles du prof, implication et qualités pédagogiques naturelles des responsables de cours, et cela se perpétue depuis des années.

    Le prof est bon naturellement, tant mieux sinon, on tâche de le mettre là où il fera le moins de dégâts.

    Personne n’est jamais venu me dire quoi que ce soit sur le contenu de mes interventions. J’aurais pu raconter n’importe quoi en toute impunité. J’ajoute que l’on m’a également confié une semaine avant le début des cours des TD sur des matières que je ne connaissais pas...

    Pire, dans les statuts de l’enseignant-chercheur, le volet enseignement se limite à une obligation en nombre d’heures de cours dispensés. Aucune procédure claire et nette n’existe sur le contrôle du contenu et la manière dont il est dispensé puis évalué. Pire, peu de gens osent vous dire « là, ça va pas, il faut faire autrement ». D’autre part, la condition si ne qua non de l’avancement se situe au niveau de l’activité de recherche, même si une implication dans l’enseignement sera bien sûr « appréciée », sur des critères opaques et variables suivant les établissements.

    En gros : l’enseignement est dispensé par des gens passionnés, c’est indéniable, mais non formés à enseigner, non formés à encadrer des étudiants, et qui doivent concilier cette activité avec des activités de recherche et, souvent, des activités administratives. Nous avons un gros potentiel et des gens de talent, en France, mais tant qu’on continuera à les employer dans un cadre sinon amateur, du moins dilettante, nous ne sommes pas près de former des élites compétentes, bien dans leur tête et pouvant vanter des méthodes d’enseignement professionnelles et efficaces.

    Nous ferons comme depuis des années : les gens naturellement autonomes, organisés, qui savent où ils veulent aller tireront leur épingle du jeu, les autres garniront le contingent des désœuvrés, avec un sentiment d’échec et d’inutilité.

    Quel gâchis !


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