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eilime22

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  • eilime22 6 février 2013 20:58

    ça fait longtemps que je ressens un profond malaise quant à la communication et au consensus qui s’est répandu sur l’affaire dite d’Outreau.

    Le filme de Serge Garde, produit par Bernard de Lavillardière, « Outreau, l’autre vérité », vient enfin apporter des éléments de réponse concrète à ce malaise.
    merci à eux. profondément.

    mais, revenons deux minutes au malaise que je ressentais jusqu’alors.
    Un malaise face à la façon dont les média « servaient la soupe » aux avocats de la défense, sans que jamais la parole ne puisse être donnée à l’accusation.
    Un malaise face à la façon dont ces mêmes médias fustigeaient « l’aveuglement émotionnel » dont aurait été victime le juge Burgaud et tous ceux qui ont suivi l’accusation. Et ceci, alors même que les débordements émotionnels, pour ma part, me semblaient bien être du côté de la défense et des médias : Florence Aubenas devenue la passionaria de la cause des accusés en faisant un parallèle plus que boiteux avec sa propre détention arbitraire, comme les vociférations tonitruantes de Dupont-Moretti et d’autres, comme enfin les larmes et le désespoir des accusés filmés en gros plan... Comment nous montrer cela, et en même temps nous expliquer que ceux qui ont « cru » les accusations se sont laissés manipuler, berner par leurs émotions ? Il y a toujours eu comme un hic...
    La commission parlementaire - sensée permettre l’analyse sereine du dossier - n’a été que la prolongation de ce « spectacle » malsain, avec un terrible jeu de complaisance autour des accusés, et un acharnement totalement partial et fort peu argumenté de faits contre le juge Burgaud... Quelque chose pas loin de rappeler les jeux du cirque chers à nos lointains ancêtres.

    Bref. un moment que je ressentais un terrible malaise. un sentiment de passion et de désinformation, où chacun cherchait plus « le bon papier », « la bonne histoire », « la bonne image »... plutôt que la vérité dans sa complexité, justement.

    Pour connaître de près de nombreuses affaires de pédophilie, je sais à quel point ces dossiers sont complexes et délicats. Pour une raison très simple : ils ne reposent la plupart du temps sur aucune preuve tangible. les examens médicaux, à moins d’être faits dans les quelques heures qui suivent l’acte criminel, ne sont pas probants ; quant aux images et aux films, il sont rares et souvent détruits avant que la justice ne puisse s’en saisir. Bref, comme disent souvent le professionnels de la justice, dans ces affaires, « c’est souvent la parole de l’un contre la parole de l’autre »... Bien délicat, en effet.
    Est-ce pour autant qu’il faudrait renoncer à instruire, à enquêter sur les plaintes d’abus sexuels sur mineurs ? ce qui reviendrait à tout bonnement dépénaliser la pédophilie ? j’ose espérer qu’on reste une immense majorité à penser que non. la difficulté de la tâche ne doit pas faire renoncer à la nécessité de la mener. Et de s’attaquer donc, à ces fameuses « paroles ».
    Travail de titan, travail d’orfèvre.
    Est-ce que c’est ce travail qui n’a pas été fait, ou qui a été mal fait par le juge Burgaud, suivi par la chambre de l’instruction, le parquet, le juge des libertés ?
    C’est la question centrale.
    A laquelle la presse hurlait un « Oui » unanime qui ne m’a jamais vraiment convaincu.
    Travail mal fait. D’accord, admettons. 
    Mais en quoi ? 

    A ça, les avocats de la défense - suivis d’une seule voix par les journalistes à qui ils servaient visiblement une histoire vendeuse - ont fait une réponse simple : Cette affaire repose sur un juge aveuglé et fanatique, qui a cru sans réserve les propos d’une femme mythomane et manipulatrice, et d’enfants carencés et menteurs.
    Wahou... en effet, c’est énorme.

    C’est « la vérité » assénée en boucle depuis des années. C’est fort, c’est vendeur... mais est-ce que c’est vrai ?

    Le film de Serge Garde questionne précisément ces points. Et y apporte des éléments de réponse, concrets, factuels. 
    regardons d’un peu plus près, ces quelques point incontestables :

    1er fait : 12 enfants d’Outreau ont été reconnus victimes par la justice. Victimes des viols qu’ils dénonçaient. Et indemnisés en tant que tels.
    Une première vérité incontestable qui contraste violemment avec l’idée « des enfants dérangés, menteurs et manipulateurs »... qui a été la seule retenue par les médias, et donc par l’essentiel de la population.

    2ème fait. En dehors de tout interrogatoire, donc de toute pression, Thierry Delay, un des condamnés de cette affaire révèle dans une conversation privée (enregistrée grâce aux écoutes du parloir), avoir vendu les services sexuels des enfants.
    Donc... il y avait des clients... donc, il y a bien des coupables quelques part, autre que juste la famille des enfants... donc, ça corrobore les propos des enfants... 

    3ème fait. La défense a brandi comme argument « choc » pour discréditer l’accusation que 1) une des supposées victimes était vierge ; 2) elle clame partout qu’elle n’a pas été victime de viol ; 3) un des supposés coupables était handicapé et incapable d’actes sexuels. Preuves absolues que les accusations seraient abracadabrantes...
    Le problème, c’est : 1) que les viols anaux laissent l’hymen intact.2) que la jeune fille vierge en question fait partie des victimes reconnues par la justice et indemnisée comme telle - elle a donc de facto reconnu son statut de victime, et ce quels que soient ensuite les motifs de ses dénégations, et ils peuvent être multiples ; 3) une personne handicapée, même impuissante, est parfaitement apte à commettre un viol, sachant que celui-ci s’entend également comme la pénétration d’objet et pas seulement comme une pénétration sexuelle.

    Donc... phrases chocs de la défense font peut être vendre, mais elles recouvrent une telle part d’ombre, qu’elles peuvent s’apparenter à de véritables mensonges.

    4ème fait. Le juge Burgaud a eu, dans cette affaire, connaissance de plus de 50 personnes dénoncées par les enfants ou par les autres adultes. Au cours de son instruction, il ne décide finalement d’en poursuivre que 17. Soit le tiers... C’est un ratio qui me paraît fort modéré pour un « fanatique aveuglé » qui se serait contenté de prendre pour argent comptant toutes les accusations.

    Peut-être qu’au lieu de « tout gober », il aurait donc fait un tri, par des recoupements des différents témoignages, des vérifications de la crédibilité des uns et des autres, la recherche de détails difficilement explicables autrement que par la véracité des témoignages...
     Bref, peut-être que ce tri a été fait justement, par un travail de fourmi, rigoureux, encadré d’experts compétents, d’autres magistrats expérimentés ? allez savoir... et si c’était également une option ? Gênante, certes, pour la défense qui a jusqu’à présent monopolisé la parole, mais pas forcément absurde non plus...
    Peut-être est-ce aussi ce qui explique la difficulté qu’au eu le CSM à trouver quelque chose à reprocher à Burgaud, et ce malgré les pressions médiatiques et politiques, qui voulaient absolument « faire un exemple » ?

    ... Bref, ces 4 « faits », à eux seuls, strictement objectifs, vérifiables, bruts de toute interprétation, permettent à eux seuls de remettre en perspective « la vérité unique et univoque » qu’on nous a serinée depuis des années.

    D’autres éléments, plus techniques (les fausses accusations portées contre les experts pour les discréditer ; la manière des avocats de la défense d’interroger les enfants pour induire une rétractation ; la disposition de la salle inversant les rôles symboliques...) apportent également, par touche, un éclairage tout à fait différent de celui qu’on a eu jusqu’à présent.

    Un éclairage dérangeant pour les amateurs de simplicité, certes.
    Un éclairage peu glorieux pour les avocats de la défense.
    Et encore moins glorieux pour les journalistes, et notamment les chroniqueurs judiciaires, qui se sont contentés de rapporter un point de vue partial, au lieu de questionner et de creuser une histoire complexe.
    Un éclairage salvateur, en tout cas, pour ceux qui, comme moi, attendaient depuis des années qu’un autre son de cloche sorte de cette écrasante unanimité médiatique, de ce nuage de fumée dans lequel on nous demandait d’avaler sans même voir ce que - précisément - on nous servait.


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