L’intello du dessous
Je suis ce qu’on appelle une intello précaire... peut-être un peu parce que je le vaux bien.
Parce que ce en quoi je crois et ce pour quoi j’ai envie de m’investir, c’est la dignité humaine, l’environnement, le développement durable (et pas selon Carouf), et que j’ai peut-être eu du mal à me couler dans le moule au bon moment pour faire démarrer ma carrière d’ingénieur. D’ailleurs j’ai eu du mal dès le début de l’école. Les "t’es bonne" des gars des promos au dessus, le bizutage, la suffisance du dirlo qui nous expliquait que nous étions les dirigeants de demain, le manque de culture de mes condisciples, tout ça m’a vite dégoûtée ; mais j’ai continué, pour avoir un bon job plus tard, pour pas causer des soucis de plus à mes parents, parce qu’on m’avait mis dans le crâne qu’en dehors des filières d’excellence , nul salut n’existait.
Alors j’avoue, j’ai peut-être cherché à prouver le contraire en me plantant lamentablement à la sortie. J’ai pas eu envie de dire aux recruteurs "oh oui, j’adore le stress, oh oui, j’adore avoir des collègues machos et prétentieux, oh oui j’adore ne pas avoir de vie sociale, oh oui j’adore tout donner à une entreprise côtée en Bourse dont le seul but est de faire du fric, etc."
J’ai pas sauté sur l’occasion quand on m’a proposé d’être consultante en SSII ; j’aurais du. Au moins, aujourd’hui j’aurais peut-être du fric à mettre dans les assoc que je soutiens, là je ne peux le faire qu’avec mes petits textes et mes petites mains. Le principal c’est de survivre, hein, et peut-être que j’aurais pas survécu longtemps en SSII, allez savoir...
Donc aujourd’hui, je suis intérimaire post-stage , j’essaye de faire comprendre aux gens qui m’entourent que l’environnement c’est pas seulement des normes à la con qu’on s’impose mais que c’est important pour demain ; j’y arrive pas forcément, mais au moins j’essaie...