Communiqué de presse :
Réouverture des maisons closes, mise au point sur la position du STRASS.
Le 24 novembre 2009, Christine Boutin relance le débat en se déclarant “pas défavorable à la reouverture des maisons closes” mais se rétracte ensuite très rapidement sous la pression des lobbys anti prostitution dont le mouvement du Nid.
Le Syndicat du TRAvail Sexuel qui compte plus de 250 membres
travailleuses et travailleurs du sexe de toute la France aimerait que ce
débat important ne soit pas clos aussitôt qu’initié parce que des
professionnels de la lutte contre la prostitution font pression pour
maintenir le dogme abolitionniste qui leur garantit de nombreuses
subventions et la survie de leur organisation.
Le STRASS récuse le système abolitionniste actuel qui est en fait un
système répressif à l’égard des travailleuSes du sexe sous prétexte de
dignité humaine et de morale.
Nous sommes opposéEs au concept de maison close tel qu’elle existait aux
XIXème et XXème siècles car elle était un moyen de contrôle et une
entrave à nos libertés, et dénonçons l’hypocrisie des lois actuelles qui
nous interdisent de travailler en intérieur, en particulier quand nous
voulons travailler à plusieurs pour notre sécurité.
Nous sommes contre les maisons closes parce que :
Nous refusons de travailler au profit du tenancier d’une maison
close comme nous nous opposons à toute forme d’exploitation et parce que
100% des revenus issus du travail du sexe doivent revenir au
travailleur lui-même.
Nous refusons qu’une personne tierce nous impose ou influe dans le
choix de nos clients, de notre prévention, de nos pratiques et de nos
tarifs.
Nous considérons que le dépistage obligatoire aux IST souvent
préconisé avec la réouverture des maisons closes ne protège en rien les
travailleuSes du sexe et leurs clients puisqu’il ignore les fenêtres de
séroconversion lors des transmissions de ces maladies.
Seul le port du préservatif protège et le dépistage obligatoire
n’est en fait utilisé que pour inciter les travailleurs du sexe à
accepter des rapports non protégés et à appliquer des politiques
d’exclusion à l’égard des travailleurs séropositifs. Les scandales de
contaminations dans l’industrie du porno sont un exemple flagrant de la
contre productivité du dépistage obligatoire en matière de santé.
Nous refusons d’être mis à l’écart de l’espace public dans des
endroits fermés et espaces réservés ou cachés. Nous faisons partie de
cette société et nous voulons que nos lieux de travail soient des
espaces ouverts à tout public adulte et non des maisons closes.
Nous ne voulons pas qu’un système réglementariste divise les
travailleurs du sexe entre des réguliers qui travailleraient en maison
closes et d’autres qui continueraient d’être criminalisés pour refuser
de se plier au contrôle de l‘Etat. Nous voulons les mêmes droits pour
tous quelle que soit notre nationalité.
Ce que nous voulons :
Le droit de travailler où nous voulons.
Le droit de nous associer avec qui nous voulons.
Le droit de travailler avec qui nous voulons.
Le droit de travailler comme nous le voulons.
Cela inclut donc d’abroger les lois sur le racolage et le
proxénétisme qui nous empêchent d‘organiser notre travail et de nous
loger de manière indépendante. En voulant dissuader l’existence de la
prostitution, ces lois ne nous protègent pas, elles nous mettent en
danger.
Note : Ce sont aussi les conclusions de la Déclaration et du
Manifeste pour les Droits des Sexworkers en Europe, rédigés à l’issue de
la conférence européenne de 2005, par plus de 300 travailleuSes du sexe
de tout l’europe.
Il ne s’agit pas d’autre chose, en effet. Cela montre les limites
intellectuelles des partisans du réglementarisme qui pensent savoir
mieux que tout le monde ce qui est bon pour nous .. aussi violent et
étriqué que le « néo-abolitionisme »...C’est du populisme pur jus,
insultant pour les travailleu(r)ses du sexe qui n’ont rien demandé, et
SURTOUT pas des Maisons Closes.
Je vais donc apporter quelques précisions. Le réglementarisme est une politique qui impose une legislation et un cadre d’exercice spécifique au travail du sexe. C’était la politique appliquée en France avant la Loi de 1946. Pour être clair : le réglementarisme, c’est les maisons closes. Nous sommes opposées à toute forme d’exploitation, ce qui inclue de bosser pour un-e patron-ne de bordel. La reconnaissance du travail du sexe et la possibilité d’être inscrite et déclarée comme travailleuses indépendantes n’a absolument rien à voir avec le reglementarisme, il s’agit au contraire de nous permettre de jouir des mêmes Droits et protections auxquels les travailleurs de tous les autres secteurs ont accès. Une sorte de statut « d’auto-entrepreneur » par exemple, qui permette à la fois d’être dans la légalité (y compris fiscale) de travailler seule ou de s’associer dans une forme coopérative (qui permette de louer un appart à plusieurs, par exemple)et de cotiser comme tout travailleur. En tout état de cause et avant d’envisager (comme le font certain-es élues) des lieux organisés pour l’achat de services sexuels : il faut d’abord reconnaitre les travailleuses du sexe et bien entendu dépénaliser le racolage.
Pour infos : le STRASS est le Syndicat du Travail Sexuel (et non des travailleu(r)ses du sexe) et n’a jamais milité pour la « réglementation » de la prostitution, au contraire : nous réclamons l’application du droit commun et non une législation spécifique (et notamment, l’abrogation des ordonnances de 1960 qui déclarent les prostitué-e-s comme étant des inadaptées sociales) . Nous sommes absolument et fermement opposé-e-s au réglementarisme, mais militons pour la reconnaissance du travail du sexe et l’égalité des droits, en particulier sociaux.
Vous devriez vraiment vous inscrire à cet atelier, en plus du plaisir féminin, vous apprendrez sans doute beaucoup d’autres choses d’ordre politique, puisque le sexe est politique.