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Commentaire de claude

sur Parlez-vous français ?


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claude (---.---.109.231) 20 juillet 2006 15:17

« Un polyglotte pourrait répondre par un avis impartial et tellement juste : plus on connaît de langues moins on sera désorienté et plus on sera dans le coup. »

Si seulement c’était vrai ! Mais ce n’est pas si simple. Je suis assez polyglotte (j’ai été traducteur à l’ONU dans ma jeunesse pour toutes les langues officielles de l’époque) et je suis très content de savoir pas mal de langues, c’est une incontestable richesse. Mais tant que la société refusera de regarder en face le problème de la communication internationale et de faire ce que préconisait le Secrétariat de la Société des Nations dès 1922, au terme d’une étude fouillée et objective, à savoir : organiser l’enseignement coordonné de l’espéranto dans les écoles primaires du monde entier, il y aura des situations où l’on sera totalement désorienté.

Il y a une dizaine d’années, j’ai travaillé en tant que psychologue dans un centre pour réfugiés et autres demandeurs d’asile. Pour pouvoir avoir l’impact humain qu’on attendait de moi, j’aurais dû savoir l’albanais, le tamoul, le patchoun et d’autres langues. Comme je ne les sais pas, mon polyglottisme ne me servait à rien.

J’ai été profondément marqué par la crise d’hystérie d’une vieille dame kosovare enfermée dans son albanais natal. J’aurais pu l’aider, la calmer — j’ai été formé aux techniques nécessaires — si j’avais eu un moyen de communiquer. Je n’en avais pas. Cela m’a d’autant plus frappé que quelque temps plus tard, un jeune ouvrier kosovar est arrivé et m’a beaucoup facilité la tâche avec ses compatriotes : six mois avant de quitter le pays, il avait acheté un manuel d’espéranto et s’y était mis. Un ami lui avait dit que c’était le moyen le plus pratique d’avoir des contacts à l’étranger, où qu’il aille, et cela s’est révélé exact.

La plupart des personnes originaires d’ex-Yougoslavie qui étaient hébergées dans ce centre avaient fait des années d’allemand, d’anglais et de russe, langues dont j’ai une bonne connaissance pratique. Mais la moindre conversation, même sur des sujets bêtement terre-à-terre, était une torture. Tous simplement parce qu’ils avaient oublié tout ce qu’ils avaient appris au cours de leur scolarité. Il fallait cinq minutes pour faire passer une phrase comme « Une bénévole viendra chercher votre fils à 15 h 30 pour le conduire en voiture à la consultation de dermatologie ; vous n’avez à vous occuper de rien ». Cela aurait été très différent avec l’espéranto. Je l’ai souvent parlé avec des gens qui étaient restés sans l’utiliser pendant une dizaine d’années. Au bout d’une demi-heure la langue leur revenait très bien. Les raisons de ce phénomène sont connues, mais cela rallongerait trop ce commentaire de les exposer ici. (Cette expérience avec les réfugiés m’a à l’époque inspiré un article qu’on peut lire à l’adresse http://claudepiron.free.fr/articlesenfrancais/linguistique.htm).

Si l’on veut que le français retrouve sa place dans le monde, il faut commencer par déconditionner la société de l’idée que l’anglais-langue-mondiale est un bien. Mais on n’y arrivera que si l’on propose une alternative supérieure à tous égards, comme l’espéranto. Si celui-ci est enseigné dans les écoles, le problème de la communication internationale sera bientôt résolu, et. vu la rapidité de son apprentissage, les élèves auront toutes les études secondaires pour étudier les langues qui les intéressent en raison de leur valeur culturelle. Beaucoup, je n’en doute pas, porteront leur choix sur le français, et ce dans le monde entier.


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