J’ai lu avec attention vos articles ainsi que les remarques et commentaires des nombreux agoravoxiens.
En envisageant un nouveau paradigme, toujours dans l’état d’esprit de la science, c’est aussi dire qu’il sera lui aussi remplacé par un autre. Ce qu’il faut dire, c’est que c’est la « science moderne », depuis qu’elle existe, qui doit être considérée comme un paradigme dont les limites (Cf. K.Popper entre autre) de sa propre définition doivent être remises en cause. Les limites physiques découvertes le siècle dernier suggèrent que les représentations mentales de l’homme ont été atteintes ainsi que celles de la matière (si tenté qu’on puisse faire encore un distinguo. Cf. extrapolation ontologique de la M.Q), cette barrière infranchissable pour l’esprit n’est autre que ce qu’appelaient jadis les scholastiques la « materia primare », c.a.d, le socle inintelligible sur lequel émerge la matière (materia secundare). Votre démarche, et ceux qui pensent comme vous, ne pourra pas, me semble-t-il, aboutir si vous gardez à l’esprit les limites et les modalités de notre monde, bref si vous essayez de changer la science en utilisant la science.
Tant que l’esprit humain cherchera le « pourquoi » des choses en utilisant le « comment » comme moyen d’y parvenir, il se heurtera à ce qu’il recherche en définitive, c’est-à-dire à ses propres limites. J’ai lu beaucoup de livres (pas toujours tout compris d’ailleurs !) concernant la matière, le temps, l’existence (B.D’Espagnat, Bitbol, D.Bohm, Heinsenberg, W.Pauli, ...) ils ont tous un trait commun : A aucun moment, ils ne remettent en cause (ou partiellement) l’édifice qui leur a servi à émettre justement des doutes sur ce que devrait être réellement la science.
C’est-à-dire une connaissance directe de l’existence non pas par la mesure et le raisonnement mais par une pure intuition intellectuelle. Cette connaissance était l’apanage des sociétés traditionnelles qui « savaient » que le monde dans lequel ils se trouvaient n’était qu’une apparence et ils comprenaient l’univers comme un ensemble de symboles représentant chacun un principe métaphysique qui était par là même la raison être de chaque chose et de chaque être. Au fil du temps, le mental à pris le dessus et le sens à fait place à l’explication au détriment de celui-ci. Nous sommes actuellement le nez contre l’écran de notre téléviseur, se qui nous permet certes de distinguer le pixel, mais nous n’avons plus aucune idée de l’histoire du film qui s’y déroule !
Votre démarche qui consiste à rechercher des « causes intelligentes » dans « l’évolution » correspond à une intuition qui cache une réalité plus profonde. L’existence ou l’univers ne se cherche qu’en apparence et les bifurcations qu’il empreinte (nommé « hasard » par les néo-darwiniens et consorts) ne sont pas les traces laissés sur le chemin de la finalité mais correspondent à un déploiement, à la révélation d’un monde possible avec les limites de modalités qu’on lui connaît. Cette vision permet de concilier le point de vue mécanique néo-darwinien (manifestation ou expression d’un potentiel) et le point de vu du Dessein (ce déploiement à un début et une fin) et il est forcément intelligent puisque nous le comprenons.
Vous avez eu le courage de soutenir ou de proposer une autre vision de l’évolution, il vous en faudra encore plus pour vous rendre compte que, comme le disait un sage Hindou :
« L’homme est bien moins que ce qu’il ne pense mais bien plus que ce qu’il ne croit ».
P.S. : Je recommande à ceux ou celles qui se sentiraient vaguement en accord avec mes propos, de lire l’œuvre de René Guénon.