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Commentaire de Aurelien Veron

sur Purge de la bulle des subprime mortgages : un mécanisme naturel de correction


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Aurelien Veron 23 août 2007 17:12

Effectivement, beaucoup de questions à la fois. Vous quelques réponses possibles pour alimenter le débat :

Georges W Bush a bien plombé les comptes de l’Amérique. Alors que Clinton a réduit la dette publique de plus de 90 à moins de 40 % du PIB en deux mandats, Bush fait tout le contraire, notamment pour financer la guerre en Irak. Que dire sinon que les générations futures devront éponger cette dette. Bon, au moins savons-nous qu’un président courageux (une femme démocrate par exemple) pourrait faire le chemin inverse en quelques années, soutenu par une bonne croissance (donc pas dans l’immédiat compte tenu de la conjoncture maussade aux US).

Le déficit commercial inquiète plus de monde. Les Américains consomment beaucoup des produits pas chers. leur qualité de vie s’améliore donc vite, surtout avec un revenu annuel moyen bien plus élevé que dans nos contrées. En contrepartie, les pays qui exportent aux USA disposent de dollars qu’ils doivent placer aux USA : d’où l’excédent de la balance des capitaux. Entreprises exportatrices, réserves de change grossissent et viennent inonder les différents marchés (monétaire, obligataire, actions, fonds). Bref, la boucle permet aux une de vivre à crédit des autres. Mais la force qui prime, c’est la consommation des Américains, c’est donc elle qui plombe le dollar.

Le ralentissement constaté depuis plusieurs mois et la crise du crédit pourraient ralentir cet engouement. Mais nous savons que les US ont une forte capacité de rebond. Et le public américain, lorsqu’il n’a pas le moral... consomme pour oublier. Bref, difficile de prévoir comment cette boucle (balance commerciale - balance des capitaux) va évoluer. Si je le savais, je ne serai pas là à tenter de répondre, mais collé à mon portefeuille pour profiter de ma science infuse.

L’affaiblissement du yen japonais est plutôt dû au dénouement des « carry trade », qui consistent à emprunter du yen à des taux ridiculement bas (encore une politique de la banque centrale étrange, aussi étrange que le fonctionnement de l’économie japonaise), à vendre les yen ainsi empruntés contre...des dollars australiens qu’il est alors possible de placer à des taux élevés. L’effet de masse aidant, le yen a constamment baissé, entraînant de nouvelles prises de position dans ce sens de hedge funds. Avec la crise des subprime, tous les fonds ont commencé à vendre leurs actifs les plus liquides et à déboucler leurs positions de ce type. Résultat, le yen a retrouvé son niveau de fin 2006 en quelques semaines.

La question du yuan est plus compliquée. La réaction la plus commune consiste à se plaindre de son niveau prétendument artificiellement bas. Si certains économistes contestent le fondement d’une réévaluation qui serait aussi arbitraire, il est clair qu’en soi, un yuan peu cher avantage les exportateurs chinois à moyen terme... si c’est vraiment le cas. En se réévaluant, il est probable que la balance commerciale des pays occidentaux s’améliorerait (mais au détriment de la balance des capitaux). A long terme, cette politique pourrait bien miner l’économie chinoise. Et en attendant, les Chinois vivent bien plus mal qu’ils le devraient...et nous mieux. Je m’explique.

Si nous pouvons importer des biens à prix bradés qui améliorent notre quotidien d’occidental (je ne parle pas des jouets dangereux, de la nourriture avariée ou d’autres incidents factuels), les Chinois trouvent en revanche nos services et nos biens extrêmement chers. Effet pervers, les entreprises chinoises payent très cher, du fait même du yuan trop faible, ce qui leur permet d’améliorer leur productivité (conseil, hautes technologies...). Elles sont cantonnées à des niches à faible productivité, sans amélioration suffisamment rapide de leur productivité pour affronter la concurrence de pays émergents à devises flexibles. Par ailleurs, la Chine accumule des réserves de change en devises étrangères, notamment des dollars, qu’elle doit placer. Pour commencer, la République Populaire a largement financé la dette publique US, donc la guerre en Irak, et un tout petit peu les subprime. Elle a aussi acheté une multitude d’autres titres pour diversifier son portefeuille (une part du fond KKR récemment). Les Etats-Unis profitent de ces capitaux très bienvenus pour alimenter la croissance domestique, via la consommation mais aussi l’investissement.

Un jour, la Chine sera contrainte de laisser le cours de sa devise fluctuer si elle souhaite laisser son économie se moderniser librement. La devise devrait alors se trouver poussée au renchérissement dans un premier temps. Les entreprises chinoises se trouveront alors contraintes d’innover pour continuer à exporter. Comme tout le monde. Mais d’ici-là, les entrepreneurs chinois ont beaucoup à apprendre : le respect du contrat, de la propriété privée, du Droit. Et je ne parle pas des Droits de l’Homme ou du respect minimal de l’environnement. Bref, la route est encore longue...


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