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Commentaire de claude

sur Allumer le feu !


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claude claude 2 mars 2008 15:27

bonjour,

il y a tant de posts avec lesquels je suis d’accord, que je ne sais où me poser... donc ne m’en veuillez pas si je reprends quelques éléments qui ont été débattus, plus haut ou plus bas.

d’abord, merci fanfan pour cette approche humaniste des banlieues à laquelle j’adhère.

je suis née dans la banlieue nord de paris, à aubervilliers, fief communiste à l’époque. je me souviens de l’immeuble noirci par la suie et aux escaliers dont la peinture était écaillée ou percée de multiples gnons, qui laissaient apparître un plâtre qui tombait en poussière... mais passée la porte de l’appartement, l’odeur de la cire d’abeille vous chatouillait les narines... le parquet brillait comme un sous neuf et les plaques de la cuisinière à bois luisaient doucement dans la prénombre de la cuisine... nous étions 5 à vivre dans un 2 pièces cuisine.

mes grands parents maternels étaient des polonais arrivés en france dans les années 20, pour bosser comme ouvriers dans les forges du nord, puis les usines de la région parisienne.

je sens encore les effluves pestimentielles d’urine, qui régnaient dehors, dans la ruelle qui menait à l’appartement : on voyait sur le goudron, les rigoles tracées par les différentes mictions, lesquelles formaient une carte spatio-temporelle des envies de ces messieurs...

à force d’économies, ma malicieuse grand-mère réussi à acquérir un petit terrain dans le sud de paris, sur le ban de massy, et y construisit , aidée de toute la famille et des amis, notre "maison familliale". nous vivions alors dans un petit lotissemnt entouré de champs de blés. j’ai vu sortir de terre le "grand ensemble" de massy, avec ses immeubles cages à lapins, ses trottoirs boueux, défoncés qu’on mettait 5 ans à goudronner... et surtout la méfiance qui s’installait entre les gens résidant en "pavillon" et ceux du "grand ensemble"... déjà à l’époque, dans les années 60 les préjugés s’installaient. nos parents nous serinaient de nous méfier des "jeunes voyous" alors appelés "blouson noirs" des cités.

je vis maintenant en alsace, dans un village de 1200 habitants à 10mn de colmar. comme à strasbourg, certains jeunes colmariens ont fait de la "voiture brûlée" un sport pratiqué surtout au moment des fêtes de fin d’années.

mes enfants ont cotoyé durant leur scolarité, des jeunes venant de la "zup", parmi les lesquels se trouvaient de voyous, mais aussi des gamins bien éduqués, dont les parents prennaient soin et respectueux des autres. il y avait aussi parmi leur condisciples, issus de "bonnes familles", des dealers, des alcooliques et des voleurs...

depuis la nuit des temps, on trouve normal que les enfants des différentes classes sociales suivent les voies de leurs ainés : un notable enfantera un notable, un commerçant fera un boutiquier ... et à l’autre bout de la chaine, l’ouvrier manoeuvre ne pourra donner vie qu’à des enfants dont l’ambition ultime serait d’être "aide comptable" pour ceux qui réussiraient leur "études"... (soit dit en passsant, je n’ai rien contre la comptabilité...). a-t-on déjà vu un fils pinault, muliez, devenir plombier ou ouvrier fraiseur parce qu’il est incapable de suivre une "scolarité dite "normale"...

ça a longtemps marché, puis au fil du XX° siècle, l’horizon s’est ouvert pour les enfants de beaucoup de classes sociales, mais on a longtemps oublié que les enfants issus de l’’émmigration avaient eux aussi les mêmes espoirs. le sentiment de frustration n’est pas éloigné de celui de la colère et de son lot de violences...

je n’en excuse pas pour autant les gamins qui se livrent à la délinquance, car chacun est responsable de ses actes devant la société et la justice, mais cette même socité n’a pas fait grand chose pour les aider à aquérir une instruction aussi solide que celle des gamins des beaux quartiers...

d’ailleurs, à ce sujet, il est rare que ceux-ci brûlent les 4X4 familiaux , doivent braquer une vieille dame pour avoir un MP3 dernière génération, car leur train de vie leur permet d’en changer quand ils le désirent (et tant mieux)... en revanche, comme les jeunes des cités, ils se livrent au deal de hasch, d’extasy, ils piratent sur le net, se défoncent en 1/2 heure à la vodka ou à la tequila... simplement, quand ils se font attraper, on les vire avec discrétion de leur lycée et les policiers ne l’annoncent pas à la une des journaux...

il serait peut-être temps de (ré)apprendre aux enfants et aux adultes la fierté d’être ce qu’ils sont , et du travail qu’ils réalisent :

j’ai vu un reportage sur FR 5, appelé les "nettoyeurs". ce sont des habitants d’une cité de marseille, qui ont été embauchés par une société de nettoyage, pour l’entretenir. ces personnes sont fières d’accomplir leur travail, parce qu’elles ont été respectées, ainsi que la tâche qu’elles accomplissent. l’homme qui s’occupe du terrain de foot, est fier d’apparâitre dans l’organigramme de l’association, comme étant "responsable du site". www.programme-tv.com/television/16557543/Les-nettoyeurs.html

il n’y a pas que les gens des cités qui doivent changer leur mentalité et leurs regards, nous aussi : quand le travail d’une femme de ménage aussi respecté, que celui du directeur de département, les gamins les plus défavorisés auront peut-être moins envie de faire cramer le reste du monde.

 l’histoire à montré que les révolutions partaient toujours du fin fond de la société, là où se trouvent les gens les plus désespérés.


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