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Commentaire de Céline Ertalif

sur Nationaliser Windows ?


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Céline Ertalif Céline Ertalif 25 novembre 2008 22:15

Bonjour,

Vu de mon côté, celui où l’on connait bien mieux l’urbanisme, le territoire et la politique que la science, l’ingénierie et l’informatique, je trouve aussi cet article très intéressant. Il nous change un peu des technobaratins habituels.

Je voudrais rappeler que le régime féodal pas n’est vraiment un régime politique au sens moderne du terme. Dans la société féodale, la distinction entre le patrimoine privé et le droit public n’y est pas encore bien établie. Avec l’absolutisme, les concessions municipales ou l’émergence parlementaire, la distinction s’affirme. Mais l’affirmation radicale de la souveraineté publique contre les droits privés de la Couronne se déroule en 3 événements : la Révolution américaine, la Révolution française et la bataille de Valmy. De ce point de vue, il y a une correspondance avec l’impérialisme des grandes entreprises (IBM, Microsoft, Google) qui, d’étape en étape, trangressent les limites entre le privé et le public. Le point commun est au principe même de la conquête : entrer toujours plus profondément dans l’espace public.

L’image du réseau viaire est très pertinente. Je dois avouer que, néanmoins, je ne sais pas bien que penser de cet article. Il ne faut pas sous-estimer que Google est reconnue aujourd’hui autant par le tas de dollars qu’elle représente que par son pouvoir dans la sphère numérique. La reconnaissance vient encore de valeurs non-numériques. Et, pourtant, le pouvoir ne s’affirme que par des symboles et des signes, aussi fragiles que toute représentation humaine, avec cette particularité qu’ils représentent les deux faces de la menace et de la sécurité.

La politique repose absolument toujours sur l’échange suivant : si tu me protéges, je t’obéis ; si tu ne me protèges plus, je ne t’obéis plus ; si tu m’obéis, je te protège ; si tu ne m’obéis plus, je t’exclus. L’Etat-nation, et singulièrement l’état français, est en situation de régression, je ne crois pas du tout à sa capacité de faire face à ces nouveaux enjeux.

Ce qui fait la nature même d’un territoire, c’est qu’il est l’antithèse d’une appropriation privée. Le territoire est partagé et il nécessite une gestion collective. Il est souvent vernaculaire, par exemple un paysage est un bien collectif qui appartient une série d’usagers non délimitée, mais il n’est pas choisi par le grand nombre de ses usagers qui habitent, travaillent ou passent par là. Mon sentiment, je ne peux guère dire plus, est que la convergence des techniques soulignée par Cauvin est encore en chemin, ce sont d’ailleurs les industriels qui freinent cette convergence pour des intérêts privés de rentabilisation de capitaux et d’investissements, et que par conséquent les territoires numériques sont encore balbutiants. Mais nous sommes nombreux à sentir, même si c’est souvent exprimé sous d’autres mots, qu’ils émergent et qu’ils vont s’affirmer.

Merci de cet article qui conduit sur un chemin de pensée. Quelques repères bien posés amènent plein de questions pertinentes, et si l’on n’espère pas les réponses sous forme de certitudes pour tout de suite, nous encore le plaisir de bien des découvertes.


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