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Commentaire de Marsupilami

sur L'hypothèse du libre arbitre (2/3)


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Marsupilami Marsupilami 13 février 2009 16:43

 @ Quentin

Je trouve vraiment très intéressante ta tentative de fonder scientifiquement le libre-arbitre, et en même temps j’ai l’impression qu’il s’agit là d’une impasse. 

Je re-poste ce que j’avais écrit dans la première partie de ton article : le libre-arbitre, au fond, peut résoudre par une formule paradoxale : si tout est écrit par avance dans le grand livre du destin, alors même le fait de se révolter contre le destin y est aussi écrit, donc il ne faut jamais hésiter à se révolter. C’est à la fois une métaphore et une aporie, qui fait du libre-arbitre une sorte d’illusion réaliste… ou de réalité illusoire.

Ce n’est pas du tout par hasard que j’ai fait ce commentaire hors-champ de tes recherches : c’est parce qu’il me semble que ce que l’on appelle le libre-arbitre relève davantage d’une poétique, d’une ontologie ou d’une noologie. Comment pouvoir postuler l’existence d’un libre-arbitre, alors que nous sommes constamment au carrefour de multiples déterminismes que nous ignorons, dont nous sommes pour la plupart et le plus souvent totalement inconscients ?

Si nous connaissions avec exactitude l’ensemble des déterminismes, tous en interaction, qui nous conditionnent en permanence (y compris tout ceux que la science n’a pas encore découverts ou ne pourra jamais découvrir parce qu’ils lui échappent), nous en arriverions probablement à constater que le libre-arbitre n’a aucune existence matérielle, physique, concrète, qu’il n’est qu’une construction mentale nous permettant de nous dire, ce qui est rassurant et donc nécessaire à notre économie psychique, que quand même, on a une prise sur les événements que, quand même, on a la liberté de choisir.

Mais après tout de nombreuses illusions ont de propriétés physiques parfaitement démontrables d’un point de vue expérimental.

Ce que je viens d’écrire n’est en aucun cas une critique de tes recherches, que je trouve encore une fois très intéressantes. La solution se trouve peut-être dans un approfondissement de nos connaissances en neurologie, puisqu’après tout c’est notre cerveau qui construit notre perception du monde. Mais j’en doute. D’un point de vue purement philosophique et psychologique, il n’y aura toujours au fond que deux attitudes possibles : l’acceptation pleine et entière des surdéterminations, qui conduit au fatalisme, et la révolte, qui n’est peut-être qu’une illusion subjective et l’expression de déterminismes. Cf. l’opposition entre un Cioran qui grosso modo dit "tant pis" et un Camus qui lui rétorque "quand même !" absurde mais efficace pour maintenir le sentiment d’une liberté dont nous avons besoin.


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