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Commentaire de bluebeer

sur Blocage idéologique au sein de l'équipe Obama


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bluebeer bluebeer 8 mars 2009 11:49

Bonjour,

Tout à fait d’accord avec la notion de blocage idéologique. Ou psychologique (voir par exemple http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2562#nb1).

Le drame est que ce soit précisément aux états-unis que se mène le jeu de l’économie mondiale. Et que les intérêts financiers qui s’y retranchent sont au fond indifférents au bien être de la nation américaine. Et bien plus indifférents encore au bien-être du reste de l’humanité.

Le capitalisme en tant que philosophie n’a aucune vocation au bonheur des peuples, pas plus qu’il n’a d’état d’âme. Il n’est que la théorisation en constante évolution du monde de la finance et des marchés dans une perspective de libre échange et de libre entreprise. Il obéit au moins de règles possibles – cf. l’ultralibéralisme – et compte sur ses vertus intrinsèques pour solutionner les problèmes qui viennent entraver son parcours. Le capitalisme implémente et entérine la loi de la jungle. Au bout du compte, au bout de l’évolution et de la compétition, il ne devrait rester logiquement qu’un seul consortium mondial, le vainqueur ultime, celui qui aura absorbé tous les autres organisations.

Les nations ne représentent pour le monde de la finance que des territoires de production et de consommation, qu’il convient de gérer à bon escient pour optimaliser les gains et progresser dans la partie. On doit composer avec les gouvernements, d’où la nécessité du lobbying, mais les intérêts du monde de la finance divergent fondamentalement de l’intérêt des citoyens lambda. L’évolution technologique supprime les postes et minimise les coûts, les délocalisations déplacent cyniquement les détresses humaines, mais rien n’y fait. Une entreprise qui dégraisse son personnel hausse sa cote en bourse. Et attire la convoitise des actionnaires. Nothing personal, just business.

Les états-unis d’amérique mènent la danse et adhèrent corps et âme à ce modèle. Pour des raisons culturelles, historiques, sociologiques, émotionnelles, psychologiques.

La nation entière est bâtie sur le mythe de la libre entreprise, du self made man, de l’immigrant qui renverse son sort et gravit à la force du poignet l’échelle de la réussite sociale. La société américaine est vécue par ses membres comme une arène pleine d’opportunités, ou chacun est libre d’exprimer son potentiel et de récolter les fruits de son mérite. La compétition est rude, brutale, mais de leur point de vue, juste. Une perception qui, soit dit en passant, colle à l’idéologie calviniste dominante qui enseigne à ses adeptes de faire fructifier leurs biens, de s’enrichir, dans l’esprit de la parabole du talent. C’est cette conviction qui anime la plupart des américains et explique leur attitude face à l’argent et la réussite. Décomplexée. S’enrichir est juste et sain. Les salaires monstrueux des stars, les profits pharamineux des businessmen, la realpolitik économique qui pousse les entreprises à dégraisser les effectifs et à délocaliser ne choquent pas là-bas. Ce sont autant de modèles de réussite, d’adaptation, où les moyens sont justifiés par la fin. Al Capone reste un héros national, un chef d’entreprise talentueux.

L’initiative individuelle, l’esprit d’entreprise, la capacité d’innovation, le goût du risque font la société américaine, ils en sont le sel, le moteur, la dynamique. Par contre, les régulations, les interventions du gouvernement, la solidarité obligatoire, l’assistanat en sont les antithèses.

En conséquence, une amérique évoluant, même modérément, vers une étatisation ou une planification de l’économie est tout simplement impensable, contre-nature. Autant suggérer au vatican d’évoluer vers une république laïque ou à Israël de se doter d’une constitution islamique.

Si l’europe veut des solutions originales pour gérer la crise, elle a intérêt à les trouver seule, ou avec d’autres partenaires. Les américains restent et resteront indécrotablement libéraux dans l’âme.


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