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Commentaire de Pascal GILBERT

sur Touche pas à ma prostate !


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Pascal GILBERT Pascal GILBERT 12 avril 2009 09:15

Bonjour, je vais essayer de préciser ma position.


La mortalité globale.

Dans l’un et l’autre groupe, durant les années de l’étude, des gens sont morts de multiples causes (cardiovasculaires, suicides, cancer -dont celui de la prostate-, autres...). Ce que l’on remarque est que cette mortalité globale est identique dans les deux groupes, alors que l’on pourrait s’attendre à ce que, du fait de la moindre mortalité par cancer de la prostate, (et les groupes étant statistiquement identiques) le groupe dépistés ait une mortalité globalement inférieure. Ce n’est pas le cas.
Ce type de fait a déjà été constaté dans d’autres études. Par exemple : les personnes traitées par certains anticholestérols mouraient moins de problèmes cardiovasculaires mais plus d’autres choses, ceci qui faisait que, au bout du compte, l’espérance de vie était identique que l’on traite ou pas son cholestérol.

La poudre aux yeux statistique
Il y a plusieurs façons de présenter les mêmes résultats, je vous donne un exemple, tiré des résultats d’une étude sur l’efficacité d’une statine : 

" les infarctus du myocarde non mortels prouvés, sont de 204 dans le groupe placebo, et de 143 dans le groupe traités, peut être énoncé de plusieurs manières :
  •  par rapport au patients traités les patients du groupe placebo font 43% d’infarctus en plus,
  •  par rapport au placebo les patient traités font 32 % d’infarctus en moins,
  • la diminution du risque de faire un infarctus pour un patient traité est de 0,38% par an,
  • on évite presque 4 infarctus par an en traitant mille patients
  • il faut 250 années de traitement pour éviter un infarctus
  • vu que je ne prends qu’une année de traitement à la fois, je devrai prendre mon traitement pendant 250 années pour, statistiquement, éviter l’infarctus« .
La »vérité« stastistique a de multiples visages... Curieusement, si l’on peut dire, la manière de l’énoncer varie en fonction de l’opinion de celui qui parle, et oublie de présenter les versions moins flatteuses.

Pour le sujet qui nous occupe je n’ai pas fait les calculs, Dominique Dupagne les ayant faits, il sont sur le lien que je donne, mais je vous les ai copiés ci- dessous : 

 »Si l’on décide de ne prendre en compte que l’étude européenne, l’incitation au dépistage par PSA chez un homme âgé de 55 à 69 ans permet de voir la probabilité qu’il meure dans les 10 ans d’un cancer de la prostate passer de 4/1000 à 3/1000. En revanche, il a 150 « chances » sur 1000 de subir des biopsies, 30 « chances » sur 1000 d’être opéré sans bénéfice, 20 « chances » sur 1000 de devenir impuissant et 15 « chances » sur 1000 d’être plus ou moins incontinent du fait de l’opération.

Ces résultats modestes ont conduit l’éditorialiste de la revue ayant publié les études à conclure que la controverse sur l’intérêt du dépistage était loin d’être tranchée."

Ce qui répond aussi à la remarque sur la qualité de la vie.


Qui peut prédire l’évolution des cancers de la prostate ?

Ce sont les rédacteurs de l’article, eux-mêmes, qui estiment à 50% le nombre de cancers, parmi ceux dépistés, qui n’auraient pas provoqué de symptômes durant la vie de leur propriétaire.


Au total :

  • un des problèmes de ce genre d’études est que la transposition d’études épidémiologiques qui donnent des résultats au niveau de la population vers l’individu n’est pas simple : je ne vis pas 0,71 décès en moins. Il n’y a pas de continuité mathématique au niveau de l’individu, mais plus la loi du tout ou rien : mort ou pas encore...
  • ce qui est bon pour la Santé publique n’est forcément pertinent rapporté à la santé individuelle ;
  • mon objectif n’est pas de convaincre mais de donner des éléments de réflexion ;
  • néanmoins à ce jour (57 ans) je ferai pas mes PSA, na.




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