@Arunah :
Vous écrivez : « Ce qui
désolant, c’est que les belles âmes prônant la liberté ne comprennent pas que
l’islamisme est une réelle menace pour nos sociétés et nos libertés. »
Je vous rejoins sur ce point, mais il me
semblerait judicieux d’établir une hiérarchie des « menaces » à nos
libertés et pour nos sociétés : au vu des sur-réactions à propos de l’objet
« burka », je pense qu’on peut définitivement considérer que l’islamisme
n’est sans doute pas la première menace.
La première menace est le contrôle par
conditionnement interposé, où on arrive à cette situation aberrante où 3 à 4% (voir
5% pour les islamophobes hystériques) de la population occidentale (selon ce qu’on
entend communément par « Occident ») se voient dotés d’une influence
et capacité de nuisance « surnaturelle » par la grâce de la
construction médiatique de l’islamophobie. Nous sommes là dans la « croyance »,
la « pensée magique » et non plus dans le Réel : accorder à une
minorité le pouvoir de menacer les fondements même de la société occidentale relève
selon moi d’une pathologie mentale aggravée : on assiste au même processus
moyen-âgeux qui donnait aux Juifs des pouvoirs fantasmés en vertu de supposés
rituels diaboliques, ou un processus plus récent débutant au XIXème siècle et théorisant
l’antisémitisme en donnant aux Juifs un pouvoir absolu et occulte qui leur
permettaient d’influer sur l’ensemble de la société, de créer des guerres, etc…bref
vous devez connaître.
Si j’ajoute qu’au fil des commentaires, j’arrive
à lire de plus en plus de commentaire décrivant l’islam comme une religion
diabolique, le fondateur de cette religion comme inspiré du Diable, etc..tout cela
écrit par des individus supposés rationnels, libérés de toute religiosité
exarcerbée, etc..bref des occidentaux moyens généralement déchristianisés :
je ne peux que confirmer ma lecture du processus actuel : une mécanique
fondé sur le fantasme d’une sur-puissance musulmane capable d’ébranler l’Occident,
un occident qui domine le Monde, depuis plusieurs siècles me semble-t-il…
Si ensuite, je m’intéresse à ce qui se passe
en dehors de l’Occident et observe plus particulièrement ce qui se passe dans l’espace
musulman, un seul constat : le bloc musulman homogène, menaçant, puissant,
etc…est une superbe illusion : je ne vois que des sociétés en décrépitude,
incapables d’évoluer ou de changer, gouvernées
par des régimes dictatoriaux, autoritaires, théocratiques, etc…aucune unité
entre musulmans, des guerres civiles larvées ou ouvertes, une fascination-répulsion
pour l’Occident etc..bref si cela est une menace, je me demande dés lors
comment considérer d’autres espaces civilisationels qui me semblent en bien meilleure
santé et offensifs.
Donc il me semble, à un moment, si le propos
est la défense de nos sociétés et de nos libertés, de recadrer le débat, et d’établir
une hiérarchie des menaces et des priorités :
L’islamisme n’est menaçant que dés lors qu’on
le renforce, les pays soutenant ouvertement une vision rigoriste,
fondamentaliste voir sectaire de l’islam sont connus, ils sont d’ailleurs assez
bien souvent nos « alliés » et là nous arrivons au constat suivant :
l’ultra-libéralisme et l’islamisme radical s’entendent très bien, un wahhabite
et un « ultra-libéral » n’ont aucun problème pour s’entendre du
moment que s’applique cette règle nouvellement universelle par la grâce de la
globalisation : la dépolitisation de l’Economie. Voilà la menace première !
pourquoi ? parce que ce processus de dépolitisation de l’Economie a pour
conséquence la neutralisation de la Politique, or le seul levier de contrôle
que les citoyens ont sur la société passe par la Politique soit la « gestion
de la Cité » : donner les clés de la Cité aux Marchands et vous en
faites ce à quoi l’Occident ressemble de plus en plus un vaste parc d’attraction
sécurisé et climatisé tout dévoué au culte de l’Individu, à la Loi du Marché et
au credo de la Consommation illimitée.
Voilà la menace, car cette neutralisation de
la Politique ira croissante, les champs pouvant tomber sous la coupe d’un
contrôle économique donc privé sont infinis, l’Economie ne connaît pas de
limite : la Politique est donc vouée non pas uniquement à être neutralisée
mais éliminée, la Démocratie et donc le « pouvoir citoyen » avec..et
je ne parle pas de la Culture qui elle est déjà en voie d’extinction, captée et
organisée par l’Economie elle devient cette anti-culture de contrôle et
conditionnement, qui ne fait plus de l’individu un citoyen membre d’une
communauté mais un consommateur client à perpétuité.
Et j’éviterai de m’étendre sur la dite « démocratie
libérale » qui restaure d’une manière « démocratique », le Parti
Unique, l’exemple de l’hybride UMPS en est la démonstration flagrante, et cette
absence de clivage droite/gauche n’est pas limité à la France, il tend à
devenir la règle en Occident : le « bipartisme » mute en « monopartisme »
et l’opposition politique défunte persiste sous la forme « alternance
rituelle » afin de faire tenir l’illusion
un peu plus de temps.
Donc, si la « burka » est si
menaçante, qu’on me dise, quel attribut conférer à cette mécanique inéluctable
qui elle ne se traitera pas à coup de commission parlementaire ni de loi « opportuniste ».
Cordialement,