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Commentaire de easy

sur L'hyperprécaution : le syndrome pandémique de H1N1


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easy easy 2 août 2009 18:22




La science, qui se veut a-morale, s’est montrée mercenaire.
La science, comme la religion, ce n’est pas bien ou mal, c’est ce qu’on en fait qui est bien ou mal.
Et les scientifiques, en tous cas une bonne part d’entre eux, se sont rendus intéressants, se sont fait valoir auprès des pouvoirs. Ils ont livré la science au pouvoir qui l’a instrumentalisée.

La réussite de Spoutnick a donc été récupérée de A à Z par le Pouvoir Soviétique et la marche sur la Lune l’a été par le Pouvoir US.
Chaque réussite scientifique est, tant que possible, récupérée par le Pouvoir du pays d’où elle a surgi.
Le discours des scientifiques qui consiste à s’abriter derrière une soi-disante neutralité est plausible mais à l’examen des faits, il est mensonger ou hypocrite ou manipulateur.

Déjà Archimède, puis Léonard de Vinci, puis Edisson, puis IG Farben, tenaient à faire valoir leurs inventions aux rois, aux sultans, aux Napoléon. Tous les inventeurs se sont vendus aux pouvoirs (Sans cela il n’y aurait pas de dépôt de brevet, pas d’INPI)
La science a couché avec le pouvoir régalien, avec le pouvoir militaire, avec le pouvoir économique, avec le pouvoir financier, avec le pouvoir médiatique.
Il n’y a qu’aux pouvoirs religieux que la science ne s’est pas vendue.

La science serait même l’outil intellectuel grâce auquel tous ceux qui voulaient rompre avec l’animisme, les superstitions, le religieux, le métaphysique, le mysticisme, le sacré, y sont parvenus.

Dans nos livres scolaires, depuis un siècle, le fond est scientifique, nationaliste et élude le sacré (Encore que depuis 2007, il apparaît enfin que l’eau est précieuse en plus d’être H2O)
Depuis 100 ans, dans nos heures de sciences, nous avons éventré des grenouilles et cruicifié des souris ensuite jetées dans des poubelles, sans aucune prière ni merci, parce que nous portions une blouse blanche. Ca doit en faire des milliards de vies sacrifiées dans un esprit non-sacré.
Il me semblait encore en 1965, que Jeanne d’Arc parlait un peu à ses moutons, qu’ils lui répondaient aussi un peu. Mais depuis l’élevage, l’abattage, la distribution tous scientifiquement menés, les moutons de Nouvelle Zélande n’ont plus de petit nom et finissent sans une larme, une patte avant droite finissant dans un congélateur de San Diego, une patte arrière droite finissant dans mon congélateur, la peau finissant sur un canapé de Moscou...Ni merci, ni prières.



 
A roi égal, plus il lui est offert de science, plus il peut tout désacraliser. Dans les faits, la coalition d’un pouvoir et de la science ne conduit pas à désacraliser tout, loin de là, cette coalition doit se sacraliser. Ce qu’ils désacralisent, ce qu’ils déprécient, c’est uniquement la singularité, l’individualité, la personnalité, le non conforme, le non idéal, l’état d’âme, le quant-à-soi.
Devant la science, devant une blouse blanche, il n’y a pas de place pour les pudeurs individuelles « Déshabillez-vous, allongez-vous et écartez les cuisses » (Les bizutages de Médecine ou Véto visent à briser ce qui reste de sacré en chaque étudiant pour les amener à adopter l’esprit inox de la science)




L’esprit scientifique (peut-être parce qu’il est neutre à la base) est constamment récupéré, récupérable et vendu (Ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe jamais de scientifiques non vendus)
Pour autant, ce n’est pas parce qu’on est carrossier qu’on va faire tomber la grêle sur les voitures. Ce n’est pas parce qu’on est producteur de vaccin qu’on va implanter ou favoriser des pandémies.
Certes un carrossier en mal de clientèle peut parfois penser à casser des voitures pendant la nuit mais il ne passera pas à l’acte (Je ne connais aucun cas dans le genre. hormais celui des pompiers incendiaires ou des mères souffrant du syndrome de Munchausen)
Certes un fabricant de vaccins peut rêver de provoquer une demande affolée. Mais jusqu’à preuve du contraire, aucun n’est encore passé à l’acte (Surtout que les microbes se jouant des frontières et des barrières sociales, la famille même d’un empoisonneur volontaire pourrait morfler)


Je ne crois donc nullement à un quelconque complot d’un quelconque machin Pouvoir + Science dans l’affaire de cette grippe ( Même si je pense qu’il s’est tenu des milliers de réunions en tous genres sur ce thème, chacune visant à cerner les tenants les aboutissants de la chose, ses risques et ce qu’il peut en tirer

Ce qui se passe est la résultante de plusieurs choses parmi lesquelles la nécessité, pour chaque responsable politique ou scientifique et même producteur de vaccin ou de masques, de s’agiter pour montrer qu’il est sur le pont, qu’il n’est pas payé à glander.
En dehors de l’agitation théâtrale, il faut de toutes manières que les agents sus nommés s’agitent pour de bon (Et parfois même en toute discrétion) autour de ce problème
Que ne dirait-on pas si les choses tournaient au drame !
« Quoi, tu es fabricant de masques et tu n’as absolument pas réagi en fonction de cette menace possible, tu n’as pas étudié ce microbe, la meilleure barrière, la production, le stockage, le prix ? T’es un gros nul. T’es viré ! »
« Quoi, tu es responsable de la production de vaccin et tu n’as absolument pas bougé alors que se présentait peut-être une opportunité d’en vendre par milliards ? T’es viré ! »
Même discours évidemment concernant les stockeurs, les politiques et ....les journalistes, les photographes, les cinéastes, les maires, les présidents d’association de pétanque, les voyagistes, les poissonniers, les papas, les mamans et les grands-parents.
Quiconque ne s’agiterait pas (Visiblement ou discrètement mais avec preuves qu’il s’est agité) risque, si ça pète, de passer pour un irresponsable.

Ainsi, remontant la chaîne des responsabilités depuis la moindre, je dis que nos propres agitations ici sur le thème de cette grippe menaçante, procèdent de cette nécessité que nous avons tous de nous montrer (Avant, pendant ou après le drame) responsables.


Ce qui nous pousse à écrire sur ce sujet (comme sur celui de la crise immobilière ou de celle des subprimes) relève essentiellement et profondément à la fois de cette nécessité de nous couvrir d’un parapluie pour le cas où et de montrer notre capacité à maitriser notre peur « Même pas peur ! » 
Nos attitudes, surtout sur ce sujet dont les dimensions médicales et techniques nous dépassent, sont des moulinades déculpabilisatrices qui contiennent donc un pouvoir d’héroïsation. « Je l’avais bien dit (ou écrit) » est la phrase qu’on entendra dans tous les cas après la vague, qu’elle ait été tsunami ou vaguellette.
 
On ne peut pas être à ce point obsédé par la possibilité de lancer le trompettant « Je l’avais bien dit » et ne pas tout entreprendre pour y parvenir.

Qu’en haut de la pyramide des responsabilités il y ait des gens ne s’agitant que pour se couvrir ou se faire valoir est possible et probable. Mais ici nous faisons exactement la même chose, à proportion de nos moindres responsabiités.
 Et ici, c’est sûr, ce n’est plus une hypothèse ; ici, nous ne prenons le micro que pour nous faire remarquer. Nous ne menons aucune action concrète, utile, efficace en dehors du champs de l’agitation médiatique, agorabique..


De quoi auraient l’air les Dugué et Comenge, les activistes de ce site s’il n’y étaient allés de leur plume alors que se profile un éventuel cataclysme. Que le phénomène tourne à que dalle ou au drame, qu’ils aient dit blanc, noir ou vert peu importe, ils en auront parlé, en toute responsabilité.
Responsabilité fictive ou à géométrie variable en l’occurrence. responsabilité qu’on endosse s’il y a des lauriers à gagner, qu’on récuse s’il y a des coups à prendre.



Tout de même dans cet article, ce sont les journaleux les plus critiqués. Ils font pourtant exactement ce pour quoi ils sont payés, ils créent de l’agitation, et pour agiter, il faut d’abord focaliser et tant qu« à faire de focaliser, autant focaliser sur ce que la masse préfère focaliser, sur les dangers., les risques, la peur (Même certains comiques s’appuient sur le ressort de la peur pour faire leur spectacle. Pas De Funès ou Bourvil mais Bigard, Coluche, Dieudoné, les Inconnus. Idem pour le cirque où 90% du spectacle s’appuie sur le ressort de la peur)

Nous sommes complètement paradoxaux. Nous ne réagissons qu’à la peur, nous ne regardons que les journaux distillant la peur et nous leur en voulons de nous foutre la trouille. (Cf le canular d’Orson Welles)



Il n’y a que rarement complot mais il y a constamment des convergences parce que les principes qui nous animent sont identiques pour tous. La part due aux convergences naturelles dans les évènements du monde, guerre incluses, est en tous cas bien plus importante que la part due aux authentiques complots ben huilés.
Si la part des convergences est si importante c’est parce que -dans un système de pensée donné- nous avons tous les mêmes réflexes.
L’expression »Mouton de panurge" est trop désobligeante alors nous refusons d’en être. Les moutons sont toujours les autres.
En fait, qu’on se gave de Platon, de Nietzsche ou de moules frites...on fonctionne de la même manière que Toulemonde. Nous sommes bel et bien des moutons et nous ne devrions pas en avoir honte, c’est normal


Sans esprit mouton, pas de troupeau, pas de société

Au fait, combien d’entre nous sont solitaires, hors troupeau, anachorètes ?


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