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Commentaire de reinette

sur Aider ces 6,9 millions de Français pauvres


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reinette (---.---.5.161) 8 décembre 2006 16:57

S’il existe un « marché » où l’Etat à un rôle prépondérant c’est celui du logement et de la construction. Il construit véritablement le marché.

A partir des années 60 s’impose peu à peu une politique néo-libérale qui déteint sur la politique du logement.

...Dès 1966 est mis en place le marché hypothécaire, qui ouvre aux BANQUES la faculté d’offrir des crédits à long terme et réduit la part de l’apport initial. A ceci vient s’ajouter la création de comptes épargnes logements, favorisant un financement bancaire massif de la construction.

...En 1962, les banques assuraient 21,7% des crédits au logement, en 1972 leur part est passé à 65,1%. A l’inverse la part du secteur public tombe lui de 59,7% à 29,7%.

A qui cela profite le plus ?

Aux constructeurs de maisons individuelles, dont la plupart apparaissent dans les années 70. Ils s’organisent pour convaincre les pouvoirs publics de favoriser la politique pour l’habitat individuel.

...En 1968, ces professionnels trouvent un appui auprès du ministre de l’équipement Albin CHALANDON, qui veut accélérer le désengagement de l’Etat. Il produit une circulaire en 1972, limitant la production d’immeubles verticaux (grandes barres) de plus en plus critiqués et encourage la production de maisons individuelles. Les entreprises de construction de maisons sur catalogue se développent alors rapidement.

Parallèlement, l’allocation logement à caractère social est créée, ainsi que le prêt immobilier conventionné.

Toutefois l’aide à la pierre persiste et interfère dans le marché de la construction. Cela limite certains potentiels de construction de l’habitat individuel.

Une réforme s’impose ! Le président en place Valérie GISCARD D’Estaing décide d’engager une politique de « libéralisme avancé ». Il refuse le maintien du système mixte : aide à la pierre / aide à la personne. Il est soucieux de désengager l’Etat, pour réduire les dépenses publiques.

On étend à toutes les catégories de ménages des aides personnelles qui sont sensés compenser la fin de l’aide à la pierre (maintenu pour les plus démunis). Les dernières résistances sautent avec la mise en avant de l’APL (aide personnel au logement) qui doit permettre aux ménages modestes d’accéder à la propriété.

Cette politique du logement se révèle être une arme redoutable contre le collectif et le social.

...Ainsi l’accès à la propriété grâce à des crédits à long terme et le MYTHE DU PAVILLON INDIVIDUEL, permet d’attacher le bénéficiaire à un ordre économique et social, par l’endettement contracté auprès des banques.

...En outre les banques accumulent une masse d’argent de plus en plus importante qu’elles font fructifier sur les marchés financiers qui alimentent la spéculation notamment immobilière.

...La politique du logement est donc orientée par des agents indirectement liés au monde du logement (en tous cas du logement social), guidés par des choix inscrits dans un projet libéral global, servant à alimenter l’économie.

...La politique d’extension et d’accession à la propriété privé a été élaboré dans ce but et en plus elle a permis de rallier à sa cause d’abord les cadres dans les années 80, puis les ouvriers et les petits employés...et bientôt les ménages les plus précaire puisqu’on leur propose de devenir propriétaires de leur logement HLM. Cela marque l’ultime désengagement de l’Etat.

Cette conception pose un problème spécifique. Les HLM ne remplissent plus leur rôle d’habitat économique sans devenir des logements regroupant les « cas sociaux ».

On observe en effet une paupérisation croissante de la population du parc HLM. Il abrite actuellement 22 % de chômeurs, 2 fois plus que dans l’ensemble de la population, et 13 % de personnes qui vivent de minima sociaux.

Le « logement très social » est de plus en plus fourni par le parc privé dégradé, dans des conditions souvent désastreuses. Les plus démunis et les personnes en situation irrégulière se réfugient en effet dans des logements privés de très mauvaise qualité, de toute petite taille ou sans équipement de confort (salle d’eau, WC, etc.), insalubres ou encore gérés par des propriétaires indélicats (marchands de sommeil...).

L’offre pour de tels logements demeure considérable et leur coût (au moins apparent) est plus faible que celui du logement social. Pour ne rien arranger, l’Etat a fortement réduit ces dernières années son effort en faveur de la réhabilitation des logements anciens. En particulier, les financements par l’Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat (Anah) sont en diminution depuis 10 ans.

L’Etat pense répondre par le seul effet de la mixité sociale : en filtrant les attributions, en « restructurant » les quartiers où il y a une trop forte concentration de logements sociaux avec une population pauvre importante et en incitant l’installation de classes moyennes dans ces mêmes quartiers pour assurer un bon équilibre social.

Cette politique qui consiste seulement à déplacer les populations de façon mieux répartir les pauvres en évitant tout risque de concentration est des doubles aveux :

1) On ne cherche plus à lutter contre la pauvreté qui est en définitif le moyen vraiment efficace et radical pour faire disparaître les problèmes sociaux

2) On suppose que le fait de sous-poudrer quelques ménages de classes « moyenne » dans des quartiers populaires ou de mettre quelques pauvres au milieu de riches est bénéfique au pauvres...ce qui donne une idée de l’image que se font les politiques et les institutions des catégories les plus pauvres.


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