Retournons à des formes
traditionnelles et historiques : exemple l’Etat : traditionnellement,
l’Etat se définit comme l’entité qui a non seulement le monopole de la violence
légale mais aussi le monopole de la coercition
dans les autres domaines de la société : c’est sur cela que reposait
jusque maintenant l’identification du citoyen à la Nation : le citoyen
étant indissociablement lié à l’Etat, donc à la Nation où la citoyenneté comme
facteur de cohésion sociale et d’identification remplaça la Religion : la
Nation et la loyauté patriotique affective
remplaçant la transcendance religieuse et la fidélité spirituelle. Or cette identification du citoyen à la Nation
disparaît au fur et à mesure que le citoyen se voit remplacé par le client-consommateur-(clone),
au fur et à mesure que les frontières délimitant la Nation, le Sol, l’Etat, cet
espace national cohérent, reconnu et
reconnaissable, tendent à disparaître sous l’effet direct ou indirect de la
mondialisation économique et de ses avatars : libre-échange, liberté de
circulation des biens et personnes, mais aussi et surtout sa méfiance à l’égard
de tout protectionnisme ou exception culturelle : et avec usage de l’arme
de destruction massive la plus absolue celle de l’Anti-Culture : le
passage du Singulier vers le Particulier, de l’Universel vers le Particulier et
la dissolution/disparition du Collectif : du Nous : devenu
strictement à connotation péjorative et négative aujourd’hui.
Que deviennent lien social et
cohésion sociale ? Un constat, depuis notre entrée, dans l’âge global, le lien
social, sous-jacent à l’effort collectif, tend à se conformer aux nouvelles
exigences de la société mondialisée : la communauté nationale et/ou culturelle
disparaît derrière l’individu, Moi-souverain capricieux et exigeant, qui ne
joue le jeu du collectif que tant que ses intérêts personnels et ses désirs propres
lui sont garantis : la finalité (si il y en a une) reste et demeure
individuelle, le décor collectif ne sert que de support à cette quête effrénée
de satisfaction immédiate, de réussite éphémère. Nouvelle donne
socioéconomique : les finalités collectives ne sont montrées et assumées
que comme des moyens éphémères et nécessaires : nous sommes tous des
concurrents les uns pour les autres : une société où l’individu et ses
intérêts immédiats et personnels deviennent la nouvelle norme sociale (ou
plutôt antisociale), faisant peu à peu disparaître le citoyen et l’engagement
civique : une société de concurrents remplaçant une nation de citoyens.
Chacun joue pour soi, pense à
soi, indifférent aux autres, des individus dont les perspectives se limitent à
celles de l’Ego : à chacun sa serre : elle-même dans les grandes serres
des pays du Nord.
A l’échelle mondiale : Globalisation,
puis mondialisation ont bouleversé tout notre rapport au Monde : l’Extérieur
n’existe plus : le monde est fini mais aussi plein ou rempli : le système tend
de Global à Total : et pour assurer la protection des serres des castes dominantes :
deux stratégies : échelle locale : Contrôle des exclus toujours plus
nombreux et neutralisation de la Contestation ; échelle globale :
Guerre : fragmentation.
Et pour revenir à mon introduction
à la biblique inspiration : il semble que depuis la Renaissance puis la
Réforme protestante : se soit opéré peu à peu la prise de contrôle global
du pouvoir par les Marchands devenant guides en neutralisant voir anéantissant
peu à peu ceux qui furent jusque là les Guides de toute société humaine :
le Politique, le Religieux (spirituel), le Culturel : peu à peu en
quelques siècles le monde de l’Acte et de la Production (Marchands) a subjugué
puis digéré celui de l’Esprit de la Pensée (Guides : politique, religieux,
spirituel, culturel…) : jusqu’à assujettir Esprit et Pensée et
aboutir au système de conditionnement/contrôle actuel.
Fut un temps où les classes
moyennes d’une époque pouvaient aspirer généralement à rejoindre les classes
supérieures : par l’Effort, la Révolution, etc…supportée volontairement ou
involontairement par les classes en dessous d’elles : et ainsi de suite
peu à peu chaque classe montait (ou pouvait espérer) d’un étage :
aujourd’hui nous assistons à la
fin de la société pyramidale : non pas avec l’émergence d’une société égalitaire
mais avec celle de la société horizontale ou devrai-je dire d’une société à
deux horizontales parallèles et qui par définition sont condamnées à ne jamais se
rejoindre : mettant fin à l’éternelle lutte des classes ou émulation des
classes selon les périodes : une première société horizontale pour les
exclus de ce nouveau système et parallèle à elle une autre société horizontale
pour ceux qui forment les castes dominantes : le Contrôle aura-t-il
disparu ? non il deviendra vertical, total et global et renverra au statut
d’archaïsme ou de primitif tous les totalitarismes qui jusque là connaissaient
avant tout le contrôle social et horizontal : un nouvel olympe où le
Prince d’un coup d’œil , d’un simple clic aura une connaissance totale et
instantanée des limbes ou enfers…
la fin programmée des dites
classes moyennes ne fera que confirmer cette séparation sans nul doute
irréversible entre deux mondes : le progrès technologique ne fera que
renforcer le Contrôle : la Contestation ne naîtra sans doute pas dans nos
confortables et sécurisantes serres…