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Commentaire de Krokodilo

sur Michel Onfray a parlé de l'espéranto


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Krokodilo Krokodilo 17 juillet 2010 22:39

Qu’il y ait « d’autres articles à écrire », je n’en doute pas, j’en ai d’ailleurs fait quelques autres. Mais je commente comme je le sens.

« la nullité des cours de langues dans nos écoles« 

Absolument pas d’accord, c’est un cliché dangereux, car largement utilisé par les pro-anglais pour répéter que nous ne sommes pas au niveau des Norvégiens et des Suédois. L’enseignement des langues à l’école n’est pas un problème pédagogique mais politique : définir ce que l’on veut, le tout-anglais dès la maternelle et le bilinguisme français-anglais ; ou la diversité des langues et surtout le libre-choix des langues étrangères – liberté que nous n’avons jamais eue à l’école....

« Il est plus facile de parler trois langues que deux. »

Et 10 ? Non, mille fois non. La connaissance d’une langue romane ou germanique aide évidemment l’apprentissage d’une langue de même famille, mais c’est tout, cela n’empêchera pas que ce nouvel apprentissage représentera un énorme travail, pour atteindre un niveau moyen.

Là encore, je trouve que cette présentation des langues étrangères comme faciles est aussi grave que fausse. Nous apprenons « facilement » notre langue maternelle parce que nous sommes immergés dedans pendant 20 ans, toute la journée, mais l’apprentissage d’une langue seconde ou troisième ne peut se faire de la même façon, sauf cas exceptionnels qui ne concernent pas une discussion générale sur le système scolaire ou la communication mondiale. Cette pseudo-facilité est un mythe utilisé par l’Union européenne pour masquer sa dérive anglophone croissante, sur le style « y a qu’à ».

« Le monolinguisme à la française est une catastrophe intellectuelle. « 

Il n’y a pas de monolinguisme à la française. Nous avons une langue nationale, et quand je vois les problèmes des Suisses ou des Belges avec leurs langues officielles, je ne vois pas en quoi nous devrions les envier. Les locuteurs d’une langue de grande diffusion, anglais ou français, sont peu enclins à l’apprentissage de langues étrangères, sauf exception (profession, goût, famille, région) mais c’est bien naturel. Mais chacun a des notions d’une langue régionale, de langues étudiées à l’école, de langue familiale parfois (immigration), d’anglais professionnel, de langues d’expatriation ,etc. Finalement, le plurilinguisme n’a rien de nouveau, c’est un état qui existe depuis toujours à des degrés divers. Là encore, l’UE utilise ce mot transformé en concept pour masquer l’anglicisation de l’Union.

« J’y ai toujours vu une ouverture sur le monde et les autres cultures, un désir de rencontre, et une volonté d’accueil des étrangers. »

Dire que le régionalisme est une ouverture sur le monde, je trouve ça un peu politiquement correct.

C’est une culture, un enracinement, de la convivialité, certes, mais si un fonctionnaire (ou un employé du privé) débarque dans une région et que ses gosses se voient obligés d’apprendre la langue régionale, ou même se la voient imposer dans certaines matières, ça devient effectivement quelque part une frontière, un signe distinctif entre étrangers et locaux. Faut-il dédoubler tout le système éducatif, de la maternelle à l’université ?

Onfray dit d’une façon abrupte qu’une langue nationale est bien pratique sur le plan politique, national. 

Quant à sa phrase sur la nécessité pour une langue d’avoir un vrai biotope pour ne pas devenir une langue morte, ça ne me choque pas : les linguistes estiment au jugé qu’une langue qui a moins de 30% de locuteurs locaux est menacée.

Finalement, les espérantistes aussi connaissent une diversité d’opinions !


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