Qu’il y ait « d’autres articles à
écrire », je n’en doute pas, j’en ai d’ailleurs fait quelques
autres. Mais je commente comme je le sens.
« la nullité des cours de
langues dans nos écoles«
Absolument pas d’accord, c’est un
cliché dangereux, car largement utilisé par les pro-anglais pour
répéter que nous ne sommes pas au niveau des Norvégiens et des
Suédois. L’enseignement des langues à l’école n’est pas un
problème pédagogique mais politique : définir ce que l’on veut, le
tout-anglais dès la maternelle et le bilinguisme français-anglais ;
ou la diversité des langues et surtout le libre-choix des langues
étrangères – liberté que nous n’avons jamais eue à l’école....
« Il est plus facile de parler
trois langues que deux. »
Et 10 ? Non, mille fois non. La
connaissance d’une langue romane ou germanique aide évidemment
l’apprentissage d’une langue de même famille, mais c’est tout, cela
n’empêchera pas que ce nouvel apprentissage représentera un énorme
travail, pour atteindre un niveau moyen.
Là encore, je trouve que cette
présentation des langues étrangères comme faciles est aussi grave
que fausse. Nous apprenons « facilement » notre langue
maternelle parce que nous sommes immergés dedans pendant 20 ans,
toute la journée, mais l’apprentissage d’une langue seconde ou
troisième ne peut se faire de la même façon, sauf cas
exceptionnels qui ne concernent pas une discussion générale sur le
système scolaire ou la communication mondiale. Cette
pseudo-facilité est un mythe utilisé par l’Union européenne pour
masquer sa dérive anglophone croissante, sur le style « y a
qu’à ».
« Le monolinguisme à la
française est une catastrophe intellectuelle. «
Il n’y a pas de monolinguisme à la
française. Nous avons une langue nationale, et quand je vois les
problèmes des Suisses ou des Belges avec leurs langues officielles,
je ne vois pas en quoi nous devrions les envier. Les locuteurs d’une
langue de grande diffusion, anglais ou français, sont peu enclins à
l’apprentissage de langues étrangères, sauf exception
(profession, goût, famille, région) mais c’est bien naturel. Mais
chacun a des notions d’une langue régionale, de langues étudiées à
l’école, de langue familiale parfois (immigration), d’anglais
professionnel, de langues d’expatriation ,etc. Finalement, le
plurilinguisme n’a rien de nouveau, c’est un état qui existe depuis
toujours à des degrés divers. Là encore, l’UE utilise ce mot
transformé en concept pour masquer l’anglicisation de l’Union.
« J’y ai toujours vu une ouverture
sur le monde et les autres cultures, un désir de rencontre, et une
volonté d’accueil des étrangers. »
Dire que le régionalisme est une
ouverture sur le monde, je trouve ça un peu politiquement correct.
C’est une culture, un enracinement, de
la convivialité, certes, mais si un fonctionnaire (ou un employé du
privé) débarque dans une région et que ses gosses se voient
obligés d’apprendre la langue régionale, ou même se la voient
imposer dans certaines matières, ça devient effectivement quelque
part une frontière, un signe distinctif entre étrangers et locaux.
Faut-il dédoubler tout le système éducatif, de la maternelle à
l’université ?
Onfray dit d’une façon abrupte qu’une
langue nationale est bien pratique sur le plan politique, national.
Quant à sa phrase sur la nécessité
pour une langue d’avoir un vrai biotope pour ne pas devenir une
langue morte, ça ne me choque pas : les linguistes estiment au jugé
qu’une langue qui a moins de 30% de locuteurs locaux est menacée.
Finalement, les espérantistes aussi
connaissent une diversité d’opinions !