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Commentaire de easy

sur Dépendance : l'onde de choc qui fait peur aux Français


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easy easy 19 mai 2011 11:16


D’un point de vue plus psychologique.

L’angoisse de mort, donc de vieillir est le propre de l’Homme, à cause de sa conscience. 
Cette angoisse a toujours poussé les uns et les autres à rechercher des solutions dont la plus évidente consiste à faire en sorte que les jeunes soutiennent les vieux qui les avaient soutenus.

Sans aucun doute, dans toutes les cultures, on retrouve un fonds éthique qui tend à ce que ce principe existe et soit respecté. Lorsqu’il est fermement respecté les angoisses fondamentales se réduisent et la société est calme. Lorsque pour mille et une raison ce principe s’étiole, les angoisses montent.

Concernant la première étape, celle où les parents soutiennent les jeunes, elle est très fortement réalisée et même de plus en plus si l’on se fie à deux points : Le premier est le fait que les études se sont considérablement allongées depuis 150 ans et qu’un enfant qui travaillait autrefois dès ses 10 ans ne commence à travailler aujourd’hui qu’à partir de 30 ans. Le second est le point de l’héritage qui nulle part au Monde, ne va à reculer (je ne parle pas du volume, je parle du principe).

Depuis 150 ans, les adultes soutiennent donc largement plus que jamais la jeunesse. Ce qui immanquablement augmente leurs charges, leurs devoirs, leurs responsabilités parentales (de plus en plus judiciarisées)

Dans le même temps, la durée de vie des gens tend à s’allonger. Ce qui crée automatiquement une plus grande inquiétude chez les jeunes qui ont l’impression qu’ils ne pourront jamais soutenir leurs vieux pendant tant d’années.

Et là dessus, l’emploi vient souvent à manquer tant aux séniors virés du travail dès leurs 45 ans qu’aux juniors qui ambitionnent de beaux jobs.

Enfin, comme pour essayer de résoudre cet effet de ciseaux, on a collectivisé les efforts, on a constitué des coopératives, des pots communs, des caisses, des dispositifs collectifs.

Alors qu’avant 1850 ces angoisses et problèmes devaient se résoudre au sein d’une famille, il est proposé depuis de les résoudre par le biais collectif.
Or ce biais collectif souffre exactement des mêmes limites que les individus. Ce n’est pas en collectivisant 1000 finitudes pour suppléer à 1000 autres finitudes, qu’on invente l’infinitude.

En revanche, ce que la collectivisation des finitudes a réussi, c’est à dépersonnaliser, à défocaliser. Grâce à la collectivisation chacun peut très aisément se défausser de ses responsabilités affectives et se planquer dans la masse. Tous les biais permettant aux jeunes de dénoncer leurs devoirs envers leurs vieux se développent et font florès. Le biais judiciaire étant l’un d’eux, les procès de jeunes contre leurs vieux deviennent légions. Ce n’est pas Françoise Bettancourt qui dira le contraire.
« Parents toxiques » est là pour soutenir les jeunes dans cette dénonciation des liens affectifs.

Les jeunes se libèrent donc de leurs obligations en reconnaissance ou gratitude envers leurs parents mais se retrouvent alors mis à mal par leurs propres enfants quand à leur tour ils en ont. En effet l’observance d’une culture de soutien aux parents est quelque chose qui se réalise au fil des générations et sous le plein regard des plus jeunes.

Les jeunes parents qui aujourd’hui font toutes sortes de procès contre leurs vieux pour se décharger du devoir de soutien et les envoyer à la fosse commune, vont se retrouver avec dix fois plus de procès sur le dos de la part de leurs enfants dans les années à venir.

« Parents toxiques » est un tire de livre qui ne donne pas dans la dentelle ni la nuance. On pouvait difficilement faire plus stigmatisant. Des titres de ce genre, nous en faisons des dizaines chaque jour, sur ce forum. Mais comme chacun de nous est ici auteur, puisqu’on est entre nous, nos titres excessifs sont de peu de portée ou conséquences.

Alors qu’un livre vendu dans tous les supermarchés et titrant « parents toxiques » a un impact schismatique considérable au sein des familles. 
Autant écrire un livre « Lait maternel toxique » ou « Mère mortelle » pendant qu’on y est. 

Les psys qui écrivent des choses aussi renversantes, aussi destructrices de valeurs sont irresponsables et ne visent que la gloire, le buzz, le fric.

Lorsqu’Hervé Bazin écrivait tout le mal qu’il pensait de sa mère, tout était personnalisé. Chacun pouvait découvrir son histoire, ses souffrances et considérer que c’était son cas à lui Hervé Bazin. Nul n’était invité à considérer que sa propre mère était une telle peste.

Alors que Suzan Forward invite au contraire chacun de ses lecteurs à regarder ses propres parents à travers le prisme du rejet.

Autrefois, il existait, quasiment dans chaque famille, un enfant qui se sacrifiait ou qui était sacrifié pour s’occuper des parents (un autre enfant se dévouant à l’église, un autre à la guerre). Ces personnes dévouées sont mortes dans le dévouement et n’avaient pas songé à s’en plaindre. Destin. Résignation.
Mais depuis Freud, les psys se font de l’or en vendant le rêve selon lequel il est anormal de se dévouer, de se sacrifier pour ses vieux ou pour les orphelins de la famille. Les maisons de retraite, la DASS, l’ASE, y pourvoiront. L’individu doit s’éclater, profiter de l’existence sans se charger de la moindre croix, de la moindre charge.
Comme si c’était vraiment possible.
Comme si c’était vraiment viable.



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