Cher Monsieur Dupagne,
Je me réjouis de constater que nous avons probablement initié la première discussion sereine autour de l’affaire du Mediator.
J’ai bien compris que vous ne portiez pas Servier dans votre cœur entre autre du fait d’expériences personnelles décevantes. Je me mets à votre place, lors de cette présentation du Survector, compte-tenu de ce que vous expliquez sur le produit (il a été arrêté bien avant que j’arrive chez Servier), j’aurais également passé un savon au visiteur et à sa DR. Peut-on juger une entreprise toute entière sur ce genre d’anecdote ? Probablement. Les visiteurs médicaux représentent la face visite de la société. Ils doivent être irréprochables et un tel comportement est inacceptable. L’approbation par son chef est encore plus inacceptable. Vous avez eu le sentiment d’être pris pour un imbécile, peut-être auriez-vous du rendre les coups directement sur ces deux personnes en contactant la direction de l’entreprise. J’ose espérer qu’ils eussent réagi.
Concernant les témoignages de « certaines personnes de l’agence », j’avoue me sentir plus à l’aise à discuter de vos propres ressentis. Si ces personnes souhaitent intervenir dans notre discussion, qu’elles le fassent, elles seront les bienvenues.
Je trouve votre exemple sur les serbes excellent. Autant le préciser, je ne suis pas serbe et encore moins historien.
Néanmoins, l’Histoire a retenu qu’ils étaient les « méchants », mais elle a également reconnu que ce côté « méchant » avait été largement amplifié par des agences de communication, dans un conflit dans lequel l’opinion était complètement perdue. Une opinion publique qui avait besoin d’un gentil et d’un méchant. L’Histoire, celle qui est massivement enseignée aux écoliers, a oublié ces détails, et a retenu que les serbes étaient les méchants, rendant leur défense inexcusable. Je ne détaillerai pas outre mesure cet exemple car cela sort de mes compétences.
Je ne peux néanmoins pas m’empêcher d’établir un parallèle avec l’affaire du Mediator. La position simpliste et unidirectionnelle des médias est probablement celle que l’Histoire retiendra. Quel intérêt y aurait-il à essayer de comprendre les arguments de celui qui a déjà été déclaré coupable ?
Je suis convaincu que vous ne faites pas partie des « moutons » qui s’abreuvent aveuglément des dires de journalistes si peu professionnels qu’un jour ils vous bannissent le Mediator et que le lendemain ils vous font l’éloge d’une association à base de phentermine pour perdre du poids. (http://www.lexpress.fr/actualites/1/actualite/une-nouvelle-combinaison-de-deux-medicaments-efficace-contre-l-obesite_981414.html)
Malheur aux vaincus, c’est vrai ! Nous avons perdu la guerre de la communication, mais pas le débat scientifique. Malheureusement pour nous, tout le monde se moque de ce débat.
En écrivant cette réponse, je réalise que notre direction de la com s’est enfin décidée à rendre public le document auquel je faisais allusion. Je ne comprends pas pourquoi ils ne l’ont pas annoncé avec un peu plus de panache. Ce n’est toujours pas demain qu’on refera notre image auprès du grand public !
Le doc est dispo ici : http://www.servier.fr/download/MEDIATOR_les_faits.pdf
Je vous invite à le lire, s’il vous plait en toute neutralité intellectuelle. Vous seriez bien la première personne « anti-Servier » à vous livrer à un tel exercice et votre analyse de notre vision des faits m’intéresse beaucoup.
Je n’ai malheureusement rien à ajouter à votre dernière phrase qui reflète également plus ou moins ce que je pense.
Jeannot