Bonjour aobc
Je vous répondrai en deux temps (et en essayant de faire plus court, cette fois-ci).
D’abord une question : qu’est-ce qui vous dit que je ne suis pas informaticien ? À aucun moment — sauf erreur de ma part — je n’ai évoqué ma propre vie professionnelle. Je ne suis pas écrivain. Je ne suis pas artiste. Je ne suis pas boulanger. Et je n’ai pas l’intention d’en dire davantage —
Ensuite... une question 
Partant de l’hypothèse selon laquelle je serais effectivement boulanger, pourquoi faudrait-il nécessairement, pour gagner ma vie, que je me convertisse à ce domaine de l’informatique qui me serait (hypothétiquement) étranger ? Est-ce l’individu qui doit s’adapter aux besoins de l’économie, ou à l’économie de s’adapter à ceux de l’individu ? En d’autres termes : l’économie doit-elle être un outil contribuant au bonheur des hommes, ou à l’inverse, sont-ce les hommes qui doivent être les outils de cette chose non-organique — et créée par eux-mêmes — qu’est l’économie (un peu à la manière de la créature du Dr Frankenstein) ?
Vous allez me dire qu’on peut retourner la chose, encore, et dire que l’économie tourne effectivement autour de nos besoins (puisqu’elle est régulée selon la demande en matière de consommation). Sauf que dans le secteur de la banque, par exemple — ou du commerce, plus largement —, on parle de « créer le besoin » pour nourrir la bête, pour faire tourner ladite économie. Et ces besoins qu’on « crée » ne sont pas ceux, naturels, de l’homme ou de la femme ; ils sont ceux qu’éprouve la machine économique afin de s’auto-alimenter.
Les besoins réels des hommes et des femmes sont beaucoup plus simples que ceux qu’on nous vend. Il est plus important, plus fondamental pour l’épanouissement de l’individu, de permettre à ses talents réels de s’exprimer. S’il aime pétrir, qu’il puisse devenir boulanger. S’il aime écrire, qu’il puisse le faire ; ou divertir par la musique, le théâtre ou le cinéma. Et s’il aime coder, qu’il puisse coder tout son saoûl... mais qu’il ait le choix de faire quelque chose qui lui plaît, une activité dans laquelle il puisse s’épanouir.
Ce choix, de nos jours, est extrêmement limité.
La seule contrainte qui me semble légitime pour imposer à l’individu l’exercice d’un métier, c’est la pénurie de nourriture. Parce que se nourrir soi-même est un réel besoin, contrairement à celui qui consiste à nourrir la bête. Mettre l’individu au service de l’économie, et non l’inverse, me semble une négation très inquiétante de l’être — et c’est précisément à cela que conduit le libéralisme économique (cf. les suicides, « tout simplement »).