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Commentaire de easy

sur Le syndrome de Babel


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easy easy 16 décembre 2011 20:04

On part d’un concept babélien qu’aucun être vivant, à part les ultra-utopistes, n’a jamais eu en tête et on mouline dessus.

A part à très petite échelle, de village, de paroisse, de cité, à part aussi en temps de guerre et surtout pour se défendre, pour se protéger, les hommes n’ont jamais eu envie de construire UN machin. Jamais
Les quelques Machins qui ont vu le jour, telles les pyramides et autres grandes murailles, n’ont vu le jour que sous l’effet d’une volonté centrale disons dictatoriale d’un individu ou d’un concile.

Dans 7 milliards de cerveaux, il y a très souvent des visions en « Moi, si j’étais le maître du monde, je ferais construire un Machin ». Mais comme ces fantasmes restent isolés, comme rarement deux se ressemblent suffisamment pour s’assembler, on voit rarement plus de 2 architectes autour d’une même construction.

Ce ne veut pas dire que chacun préfère le chaos car beaucoup fantasment d’un ordre, Mais ca veut dire que les milliards d’individus n’ont jamais envie du même édifice et qu’il en résulte le chaos.

A part deux ou trois directives qu’avaient prises le maire et JJ Astor, directives qui consistaient essentiellement à déssiner d’avance les blocs-quartiers de New York, ce qui aura obligé tous les gens à s’y aligner, a part ce détail qui donne à la ville une allure unitaire, c’est le chaos qui prévaut tant dans New York que partout dans le Monde (a part quelques rares cas d’Auroville et de Brasilia nées d’une poignée d’ultra-utopistes)

Broder sur la tour de Babel qu’aucun homme n’a jamais voulue de la même manière, c’est broder sur du vent.


Même la démocratie, à part quelques ultra-utopistes, n’a jamais été voulue telle quelle par 60% d’’une population.
Elle existe vaguement mais elle ne résulte que du fait que des millions de gens ont tenu à faire valoir leur vision et comme ça conduisait à des affrontements sanglants, chacun s’est finalement résolu à une voie médiane vaguement démocratique.

Aujourd’hui que cette formule existe vaguement, nous sommes peut-être 10% à vouloir la parfaire en renonçant d’emblée à imposer nos points de vue personnels en étant sourds aux autres. Actant et partant de ce qui existe comme démocratie pour viser à la parfaire, nous sommes peut-être 10% à être vraiment démocrates au seul sens où nous ne voulons pas moins de démocartie qu’actuellement. Mais autant nous sommes d’accord sur cette base minimale, autant nous voulons la parfaire, autant nous ne sommes d’accord sur rien pour y parvenir.

Ce qui existe de démocratie n’est sorti d’aucun esprit ni d’aucun groupuscule d’esprits. Ce qui existe d’à peu près ordonné et pacifique ne résulte que des poussées chaotiques de millions d’individualistes à tendance non violente.

C’est essentiellement sur la non violence, donc sur une forme de gouvernance non violente que nous sommes assez largement d’accord.
A part ça, nous ne sommes d’accord sur rien et ne voulons l’être sur rien. Ce qui n’empêche pas pour autant -c’est ce qui peut sembler paradoxal- que surgissent des modus vivendi, que nous roulions tous à droite et que nous nous arrêtons tous aux feux rouges.

Rouler à droite ce n’est pas quelque chose qui est surgi du fait que 90% des Français voulaient rouler à droite puisque nous roulions jusque là n’importe comment. Rouler à droite est résulté du fait que devant la densification de la circulation, nous avions convenu qu’il fallait un code. C’est sur le principe qu’il fallait un code de la route -à définir- que nous avons été peut-être 30% ou 60% d’accord. Et la définition, gauche ou droite, feu rouge feu vert, n’a plus été qu’une question de coups de dés.
Nous ne pouvions rouler que de manière chaotique ou alors tous à droite ou alors tous à gauche. Le choix étant restreint et binaire, nous ne nous sommes pas trop battus.

Mais pour le reste, pour tout ce qui n’est pas binaire, nous ne sommes jamais d’accord ;

A part donc quelques canaux et murailles, les Machins qui existent résultent bien plus de résultantes de poussées chaotiques (car les poussées chaotiques ont toujours une résultante dans une direction donnée) que de l’émergence de milliers de volontés semblables
.

Les hommes refusent de parler tous la même langue, ils refusent d’avoir tous les mêmes moeurs et tabous alors que tous fantasment d’imposer leur langue et leur moeurs aux autres.

Dans un monde hyper démocratique, il ne surgirait strictement aucun gros édifice. Il faut qu’il y ait une faiblesse démocratique, il faut qu’il y ait une certaine pyramide de pouvoirs pour que surgisse un pont, une halle, un boulevard et une défense nationale susceptible de combattre contre une meute organisée et conduite par un Attila.



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