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Commentaire de Pierre-Marie Tricaud

sur Où sont nos origines ?


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Pierre-Marie Tricaud Pierre-Marie Tricaud 13 février 2012 23:30

J’insère un commentaire reçu d’une amie en dehors du site :
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Ce qui est extraordinaire c’est que l’on a pu dater, avec certitude, les représentations de la grotte à -36000, ce qui est soit beaucoup plus ancien que Lascaux et Altamira, soit peut les faire remonter à une date antérieure (?), quoiqu’il en soit cela fait de Chauvet la plus ancienne grotte ornée connue au monde...
Mais tu as raison, on est au début du processus d’accélération de l’histoire, -10000 le néolithique,-4000 les grandes civilisations urbaines (Egypte, Mésopotamie, -1800 en Chine), + 1400 La Renaissance, les grandes découvertes, l’imprimerie (étape essentielle que tu as sautée !), +1850 La révolution industrielle et capitalistique, +1950 l’atome et l’électronique...
L’homme est peu à peu descendu de la transcendance, du dialogue avec les forces de la nature, à la maîtrise de celles-ci, au matérialisme et au virtuel, y a-t-on gagné ?

Et ma réponse :
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Merci pour ton commentaire. Je n’ai pas sauté la Renaissance, les grandes découvertes ni l’imprimerie, mais avec la taille de pixel de 5000 ans que j’ai adoptée, c’est le début de la révolution industrielle. Même si l’histoire accélère, nous devons nous défaire d’une vision de l’histoire qui déforme la perspective, avec des périodes anciennes qui durent des millénaires et des périodes récentes qui ne durent que des siècles, voire des décennies.
Quant à ta question « y a-t-on gagné ? », tu as peut-être ta réponse ; voici la mienne, qui bien sûr n’engage que moi : je ne dirais pas pour ma part qu’on est passé de la transcendance et du dialogue avec les forces de la nature à la maîtrise de celles-ci, au matérialisme et au virtuel, mais plutôt de l’écrasement par les forces de la nature à la maîtrise de celles-ci, et de l’animisme à l’humanisme, et ce en passant par la transcendance - laissant place aujourd’hui au choix entre le matérialisme et la transcendance. C’est ce que montre Marcel Gauchet dans Le Désenchantement du monde : en partant d’un monde peuplé de divinités imprévisibles et potentiellement menaçantes, l’introduction de la transcendance, d’une divinité extérieure à l’univers, réduit ce dernier à l’état d’objet connaissable et maîtrisable. Après, on peut maintenir cette transcendance non interventionniste ou bien évacuer toute divinité du ciel après l’avoir évacuée de la terre : dans les deux cas, l’homme se retrouve « comme maître et possesseur de la nature ».
Je suis peut-être un optimiste béat, mais personnellement, je crois qu’on y a gagné en liberté, en espérance et en responsabilité. En liberté car l’homme n’est plus dominé. En espérance car son action n’est plus vaine, il peut changer le monde. En responsabilité car tout dépend bien sûr de ce qu’on fait de ce pouvoir. Il peut être destructeur ; il peut aussi être gestionnaire, selon la philosophie du développement durable ou selon le joli détournement par Alain Roger de la formule de Descartes : « maîtres et protecteurs de la nature ».


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