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Commentaire de lagabe

sur La course apparemment irréversible à l'effondrement de la biosphère


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lagabe 30 juin 2012 15:47

un trés bel article sur le canard enchainé il y a 2 semaines

ALLEZ, avouons-le : l’ef­fondrement de la biodi­versité ne nous em­pêche pas de dormir. Au Pérou, des milliers de pélicans meu­rent du réchauffement des eaux côtières. En France, le nombre d’hirondelles de fe­nêtre a chuté de 40 % en vingt ans. L’hécatombe des abeilles se poursuit (mais le nouveau gouvernement devrait enfin interdire l’insecticide Cruiser). Les nouvelles du même ton­neau, c’est tous les jours. Sur le moment, certes, ça nous im­pressionne...

Car on le sait bien, que plus de 16 000 espèces sont en dan­ger, un oiseau sur dix, deux mammifères sur dix, trois am­phibiens sur dix, quatre tor­tues sur dix, que nous vivons actuellement la 6’ grande ex­tinction, la dernière (celle des dinosaures) remontant à 65 millions d’années. On le sait, que la biosphère mondiale est à la veille d’une crise « abrupte et irréversible » (« Le Monde », 8/6)... Mais qu’est-ce qu’on y peut ? Relançons d’abord la croissance, on s’intéressera aux grenouilles après !En 1965, Jean Dorst, qui fut directeur du Muséum national d’histoire naturelle, publiait «  Avant que nature meure » (1), où il faisait déjà le constat des dégâts et mettait en garde contre ceux à venir. Depuis, on s’est beaucoup agité : en 1971, création par l’Unesco des pre­mières « réserves de bio­sphère » (plus de 580 aujour­d’hui) ; en 1992, sommet de Rio qui lance dans le grand public le mot « biodiversité » et ac­couche d’une grande conven­tion internationale ; en 2010, grande « année internationale de la biodiversité » et accord de Nagoya qui définit cinq «  grands objectifs stratégi­ques ». Mais tout cela n’em­pêche pas l’effondrement d’al­ler s’accélérant...

Et voilà que, ce 20 juin, l’ONU remet ça à Rio, avec un nouveau grand sommet où l’on on va nous vanter les vertus de l’« économie verte » et nous expliquer qu’il faudrait créer un grand machin internatio­nal pour protéger l’environne­ment. Même Nicolas Hulot est consterné d’avance : « Il vaut mieux un crash diplomatique à Rio que des engagements mous » (« lepoint.fr  », 8/6). Or c’est ce qui nous pend au nez, puisque les Etats refusent tout engagement contraignant qui risquerait de nuire à leur sacro-sainte compétitivité et que le capitalisme triomphant a répandu partout l’idée que seules les lois du marché réus­siront à préserver la biodiver­sité (rires dans la salle).

Rappelons-le : si les espèces (animales mais aussi végé­tales) disparaissent, c’est pour cette simple raison que nous saccageons pour notre seul pro­fit leurs habitats naturels, fo­rêts, prairies, savanes, océans. Les espèces ont besoin d’es­paces. Pourquoi la disparition de leur apparente surabon­dance devrait-elle nous in­quiéter  ? Entre autres parce que l’économie mondiale re­pose à 40 % sur les services qu’elles nous rendent, et qu’« une propriété majeure de la biodiversité est la résilience, c’est-à-dire la capacité à ab­sorber les chocs, à retrouver un fonctionnement normal après une catastrophe ». Or, avec le réchauffement climatique, nous allons être servis... (à suivre).

Jean-Luc Parquet

(1) 540 p., 29,90 €.Ouvrage op­portunément réédité par Dela­chaux et Niestlé, postface de Ro­bert Barbault  

 


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