//C:%5CDOCUME%7E1%5CGABAIX%7E1%5CLOCALS%7E1%5CTemp%5Cmsohtml1%5C01%5Cclip_image001.gif" height="3" width="287">
N
OUS a-t-on assez bassinés,
dans les années 70, avec l’inoxydable modèle suédois,
synthèse miraculeuse d’Etat-Providence bienveillant et de dynamique économie de marché !
On se souvient de la fameuse formule de Mitterrand
sur la France de ses rêves, « comme la Suède, mais avec le soleil en plus ».
Aujourd’hui, c’est Raffarin et son gouvernement tout entier que fascine le modèle suédois. Fillon est allé y piquer des idées en janvier dernier, Nicole Ameline,
ministre déléguée à la Parité, y était la semaine dernière, et Raffarin, comme
le raconte Magnus Falkehed dans un ouvrage très instructif (1), a récemment bluffé
le Premier ministre suédois par sa connaissance pointue des réformes
entreprises ces dix dernières années en Suède. Car ces dix
années ont tout changé, les sociaux-démocrates
étant devenus presque aussi libéraux que Madelin.
• Télécommunications,
électricité, transports publics : entièrement libéralisés. Du coup, tout le monde passe sa vie calculette à la main pour comparer les tarifs.
• Ecole. Voilà
douze ans, l’État suédois s’est
débarrassé des maternelles, collèges
et lycées ce sont les pouvoirs locaux
qui les gèrent (grand rêve de
Raffarin ! ). Il a aussi licencié 10
% des profs, tout en promettant aux
restants de gagner 20 % en plus...
Tenus d’être rentables, les directeurs
d’école se sont transformés en chefs
d’entreprise : ils recrutent les professeurs, peuvent les virer et les payer au mérite, accueillent des soirées dansantes pour optimiser leur budget, et rendent des comptes aux élus locaux, qui viennent
vérifier que l’argent public n’est pas gaspillé. Évidemment, les inégalités financières entre communes ont, malgré un système
compensatoire, des répercussions sur
l’égalité des chances scolaires : pour recevoir la meilleure éducation, mieux vaut
habiter un quartier chic qu’une
banlieue pauvre (comme chez nous !).
• Hôpitaux. Voilà un quart de siècle, la Suède comptait 136 000 lits d’hôpitaux. Aujourd’hui,
il n’en reste plus que 29 000 ! L’obsession
de la réduction des coûts a entraîné
la surpopulation des hôpitaux.
Nombre de patients atterrissent dans d’autres services que ceux où ils auraient dû être hébergés. Il arrive aux
médecins d’en réveiller certains en pleine
nuit pour leur demander de rentrer
chez eux. Les malades sont encouragés
à rester à la maison (en contrepartie, les communes prennent en charge l’installation d’équipements sanitaires à domicile). Les Suédois
n’avaient pas le droit de choisir
leur médecin, ils ne peuvent plus désormais choisir leur hôpital
(ceux-ci fonctionnent en réseaux
d’établissements spécialisés). Dans
les centres pour soins primaires, les
files d’attente s’allongent. Pour
être opéré, idem les listes d’attente sont interminables. Lors des dernières législatives, deux leaders politiques que tout oppose, celui des chrétiens-démocrates et celui des excommunistes, ont lorgné avec envie sur la France, dont ils ont décrété le système de santé « excellent »... et ça, juste au moment où la
France veut imiter le leur !
• Postes.
Plus un seul bureau de poste en Suède : tous ont
été fermés (un rêve pour Raffarin, qui aimerait faire de même avec les
17 000 bureaux de poste français). Maintenant c’est dans les supérettes et les stations d’essence qu’on
achète les timbres, envoie les recommandés
et va chercher les colis.
Évidemment, ça fait des économies, et
c’est plutôt efficace (96 % du
courrier sont distribués en moins de
24 heures). Mais les facteurs, désormais en concurrence avec le privé, prennent
des cours de musculation pour
distribuer un maximum de plis
publicitaires.
*Accidents de la route. L’un des « grands chantiers de
Chirac, directement inspiré de la Suède,
où la route est deux fois moins meurtrière
qu’en France. Les Suédois ont des
idées un peu plus évoluées que le
radar automatique : depuis trente ans, les feux de croisement restent allumés de jour
; l’habitude
est ancrée de désigner un
conducteur qui reste sobre pendant
que ses copains s’arsouillent ; les
sièges
pour bébé
sont tous installés sur le siège du passager avant et montés dans le sens inverse de la route.
Plus paradoxal : on n’y enseigne
plus les règles de circulation aux enfants. « Déjà qu’on a du mal avec les
comportements imprévisibles des adultes, alors pensez, avec un
enfant. » Et ça marche !