Il me semble que la charge de la preuve revient à celui qui énonce des
propositions audacieuses, surtout lorsqu’il ne peut les formuler qu’en
employant une suite d’oxymores. Si je vous dis « eau sèche », c’est à
moi de vous démontrer que ça existe. Jusqu’à preuve du contraire, ce qui est
vivant n’est pas artificiel, ce qui est conscient n’est pas mécanique et ce qui
est mouillé n’est pas sec. Il y a une différence entre avoir l’esprit ouvert et
accepter de gober toutes les contradictions.
Vous écrivez donc que si vous disiez « eau sèche » ce serait à vous
de démontrer que cela existe : ok, je saisis la logique : mais d’un : il me semble que pour « eau » nous ayons une idée et définition bien précise (sott donc stricte et définitive) de ce qu’est l’eau (H20) : est-ce le cas pour « vie » ou « conscience » : avez-vous découvert les formules en question ou possèdez-vous leurs définitions ultimes, irréductibles ?
De deux, ai-je écris
que conscience(s) ou vie(s) artificielles existaient ? Il ne me semble pas avoir
écrit cela : j’ai simplement évoqué la possibilité d’aboutir à la création de
formes de vie artificielle ou de voir l’émergence de conscience artificielle : le
terme « possibilité » sous-entend clairement le caractère spéculatif,
et d’autre mon propos s’inscrivait dans le futur ayant pris acte de la nature
des recherches en cours, et des tendances qu’elles laissent apparaître.
Ensuite, vous écrivez que « jusqu’à preuve du contraire » : ce qui
est vivant ne serait pas artificiel, ce ce qui est conscient ne serait pas
mécanique : de ce que j’en sais aucune définition stricte et définitive ni de la
vie, ni de la conscience n’existe et encore moins de leur pourquoi : donc
puisque vous affirmez donc que la vie ne serait pas artificielle, que la
conscience ne serait pas mécanique : j’imagine que par exemple vous pouvez me
démontrer que l’Univers (ou notre réalité) ne relève pas d’une simulation (ce
qui ferait de nous, de la vie, de la conscience bel et bien des créations
artificielles) : vous m’avez en effet expliqué que la charge de la preuve
revient à celui qui énonce telle proposition : donc quelle preuve avez-vous ici
à me fournir pour me démontrer que vie, conscience ne sont ni mécanique, ni
artificiel, etc… ? Avez-vous une
définition absolue et vérifiable de ce qu’est la conscience ? De ce qu’est la
vie ? De ce qu’est la réalité ? A partir de là, vos propos sont de nature aussi
spéculatives que les miens : à la différence, qu’à l’évidence que lorsque je
demeure dans le registre du « possible », vous optez pour le
spéculatif.
Mais bon, que pensez-vous des avancées en biologie synthétique et la
création de molécules et bactérie(s) synthétique(s), ou d’acide nucléique
artificiel : molécule, bactérie et ADN appartiennent-ils au domaine du Vivant
selon vous ? Ou appartiennent-ils au registre « oxymorique » ? Et si
selon vous, ces formes synthétiques appartiennent au registre du Vivant, quel
statut leur accordez-vous : relèvent-elles de l’artificiel ou non ? Quant à "ce
qui est conscient n’est pas mécanique" : en avez-vous la preuve ? Pour
l’instant, il n’y aucune explication définitive de la nature même de la
conscience et peut-être n’en trouverons-nous jamais : mais en attendant, à
l’évidence, la perspective qui analyse les entités biologiques d’un point de
vue mécaniste fonctionne, a-t-elle des limites ? Se verra-t-elle invalidée ? Je
n’en sais rien, mais peutêtre possédez-vous les preuves définitives du
contraire. Sinon, et bien, jusqu’à preuve
du contraire, elle continue de fonctionner : on répare les corps, remplace des
organes, pose des prothèses, etc… de la même manière qu’on le ferait pour une
machine, quant aux développements dans le domaine des interfaces machine/ordinateur-homme
nous permettent de considérer qu’effectivement la connexion est possible entre
la « machine » et l’ « homme » : partant de là, postulez que
l’homme est une machine, ou que la conscience est un sous-produit de cette
« mécanique » ne me semble ni audacieux, ni oxymorique puisque (pour
vous reprendre) pour l’instant la preuve du contraire n’a pas été fournie.
Pour autant, je me répète, je demeure agnostique, et ne privilégie aucune
thèse que ce soit (et dans les faits, je constate les limites voir contradictions
des thèses matérialistes ou « mécanistes »), par contre je considère qu’on
ne peut rejeter dans le registre de l’Impossible, ou dans le registre
« gober toutes les contradictions » d’un simple revers de la main, ou à
coup de rhétorique tel que vous le faites : vous êtes ici le seul qui émettre
des propositions sans les démontrer : je ne fais qu’envisager des possibilités
en tenant compte de nos connaissances actuelles (et des tendances dans le
domaine de la Recherche) : et je me répète, nous n’avons toujours pas
d’explication définitive sur la vie (ses limites), conscience ou réalité (leur
nature) : à partir de là, votre accusation quant à la supposée nature « oxymorique »
de mes propos ne tient plus : à moins que vous ne possédiez de définition stricte
et définitive de « vie », « conscience », « réalité » :
quelque attribut que j’accolerai ou que vous accoleriez à ces termes est
recevable du moment qu’envisageable donc possible : « mort vivant »
relève certes de l’oxymore par contre jusqu’à preuve du contraire "vie
artificielle" : non.
Donc en matière d’ouverture d’esprit, je pense que vous devriez considérer
l’idée d’appliquer à votre personne la matière de votre mini-sermon.