Proudhon et la plus-value :
« A commence une entreprise avec 10000 francs, paie cette somme
d’avance aux ouvriers qui, en échange, doivent fabriquer des produits ;
après
avoir converti ainsi son argent en marchandises, A doit une fois la production
finie, au bout d’un an par exemple, convertir de nouveau les marchandises
en argent. A qui vendra-t-il sa marchandise ? Aux ouvriers naturellement, puisqu’il
n’y a que deux classes dans la société : les entrepreneurs
d’un côté et les ouvriers de l’autre. Ces ouvriers, qui ont
reçu
10 000 francs pour le produit de leur travail à titre de salaire,
subvenant à leurs
stricts besoins vitaux, doivent toutefois payer maintenant plus de 10 000
francs pour le surplus perçu par A, à titre d’intérêt
et autres profits qu’il escomptait au début de l’année
: ces 10 000 francs, l’ouvrier ne peut les couvrir qu’en empruntant, ce
qui le plonge
dans des dettes sans cesse croissantes et dans la misère. De deux
choses l’une : ou bien l’ouvrier peut consommer 9 quand il a produit
10, ou bien il ne rembourse à l’entrepreneur que son salaire, mais
alors c’est l’entrepreneur qui fait faillite et tombe dans la misère,
car il ne touche pas les intérêts
du capital qu’il est tenu lui-même de payer."