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Commentaire de Nicolas Cadène

sur Lettre piègée dans l'univers de la tauromachie


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Nicolas Cadène Nicolas Cadène 30 mars 2006 16:36

Que d’argumentations ici ! Honnêtement, bien que je ne sois pas du tout d’accord avec « Icks Pey » (comme XP !) qui est contre la corrida, je trouve que ses propos sont plutôt bien expliqués. Ceux de « machinchose » également d’ailleurs. Donc nous avons là un débat assez intéressant.

Cependant, je constate en vous lisant « Icks Pey » qu’effectivement, vous ne connaissez pas le monde taurin et ne saisissez pas ce qu’il y a à saisir.

Je vous crois volontiers lorsque vous dites être allé assister à 2 corridas à Nîmes (dont je suis citoyen), mais il est certain que vous n’étiez pas accompagné comme il le fallait.

Pour une première, il est toujours opportun qu’une personne vous explique de quoi il s’agit. Lorsque vous écrivez ne pas comprendre pourquoi les gens applaudissaient le taureau qui mourrait... en effet vous n’avez pas compris : ces applaudissements félicitaient le torero mais également le manadier et son taureau qui s’est avéré « bravo », courageux.

J’ai déjà laissé des argumentaires en faveur de la corrida sur d’autres messages. Mais je tiens à en rédiger de nouveaux, en réponse à vous « Icks Pey ».

Tout à bord, affirmer que le torero « ridiculise et torture » le taureau démontre une certaine mauvaise foi ou du moins une grande ignorance.

En effet, il est bon de rappeler que c’est un combat à mort qui a lieu entre le torero et le taureau. Ce n’est pas un simple « spectacle » comme vous le répétez pourtant.

Ce n’est pas un « jeu du cirque » et cela n’a rien à voir avec les combats de coqs, de chiens et avec les combats de gladiateurs ! Honnêtement, la comparaison ainsi faite est d’un ridicule incroyable.

Mais puisque cette comparaison aberrante est ainsi posée, allons jusqu’au bout ! Je ne pense pas que le gladiateur disposait de 3 hectares (en moyenne ; ça peut être 4) pour lui tout seul, ni qu’il vivait les 4/5 de sa vie naturel en totale liberté, sans qu’il ne soit importuné.

Mais les « antis-corrida » comme Claire Starozinski (votre association madame, n’est d’ailleurs pas connue pour sa « douceur » bien que vous avanciez le contraire...) considèrent peut-être que c’est du « gâchis » de donner tant d’espace à un animal, alors que tant d’humains vivent à l’étroit !

Ensuite « Icks Pey », je voudrais quand même souligner votre ignorance sur « l’amour porté au taureau ». Lorsque vous déclarez très sûr de vous qu’il ne peut y avoir d’amour porté à l’animal de la part du monde taurin, vous êtes tout à fait « à côté de la plaque ».

Je vous invite donc, un jour, à discuter avec des éleveurs, mayorales, toreros, ou simples aficionados.

Alors, c’est vrai, le taureau n’est pas un animal que l’on dresse, habille, à qui l’on fait faire n’importe quoi, comme on le ferait avec un chien, un chat ! La différence entre un taureau bravo et une vache laitière.. c’est un chat et un léopard. Le taureau bravo (donc de corrida normalement) n’est pas domptable, il est lui et l’homme ne fait que maintenir la survie de son espèce.

La corrida est une passion pour le « Toro », pour sa noblesse, sa caste, sa bravoure, son « trapio », etc. Il y a mythe qui l’entoure. Lorsque l’on est un réel aficionado, on ne s’intéresse pas forcément qu’à la corrida en elle même, mais à la tauromachie tout entière.

Egalement vous avancez que le bœuf est tué pour « alimenter l’homme ». Et alors ? Le taureau de combat, après sa mort en arènes, est également dégusté ! Pour « pousser » votre raisonnement tel que vous le faites, vous devriez donc ne manger que du « toro » ! Car son « élevage » est des plus enthousiasmant pour un « ami des animaux » : 3 hectares pour lui tout seul, et pas une seule contrainte ... Quant à son « abattage », je crois que la mort dans l’arène est la meilleure qui soit : il meurt en pouvant exprimer sa nature de combattant, contrairement aux bêtes destinées à l’abattoir qui ne sont pas « tranquilles » avant de mourir, d’après ce que disent les associations de défense des animaux... En plus, en entrant dans le ruedo, le toro a toujours sa chance (bien qu’elle soit évidemment extrêmement mince) de ressortir vivant, contrairement à l’abattoir le plus « respectueux »... Evidemment, ce raisonnement peut sembler absurde, mais finalement, c’est le votre.

Aussi, vous nous dites que l’argument de la survie de l’espèce n’a aucune valeur. Bien. Etrange réaction tout de même pour un défenseur de la cause animale. Vous préférez que l’on parque ces animaux dans des réserves avec quelques mètres chacun ? Qui s’en occupera ? Qui est autant passionné et connaisseur des taureaux sinon ceux du « mundillo » taurin ?

Les espaces dévolus au « toro » de combat sont actuellement détenus et entretenus pas des propriétaires privés aficionados, et sachez que cela n’est pas compensé par la vente des « toros » pour les corridas (il serait bon que vous vous renseignez avant d’affirmer...) Si vous obtenez un jour, avec Claire Starozinski par exemple, l’abolition des corridas, comptez sur les politiques pour ne pas « classer », mais casser les territoires préservés et en faire des sites rentables économiquement...

Ou peut-être préférez-vous voir disparaître cette espèce d’une beauté, d’une noblesse et d’une caste unique.

Peut-être en fait, que vous ne voulez pas accepter que le combat entre ce taureaux « bravo » et l’homme, fait naître de la beauté, de l’émotion et de la passion.

Chacun de vos arguments semble apporter la preuve de votre ignorance d’un monde animal que vous prétendez défendre alors que vous le mettez en danger.

Faites attention, car l’on peut alors se demander si vous avez vraiment de l’estime pour ces bêtes. Votre prétendue défense de l’humanité ne devrait-elle pas s’intéressait à d’autres sujets, autrement plus grave ?

Quoiqu’il en soit, il est et sera toujours très difficile d’expliquer l’intérêt de la tauromachie et d’apprécier la qualité et la profondeur des passions qu’elle inspire. Des écrivains, des essayistes, des poètes y ont consacré des centaines d’ouvrages sans épuiser le sujet.

Le mieux est encore d’entrer dans le bain, aussi le conseil que je puis vous donner est d’aller assister à une corrida en compagnie, cette fois-ci, d’un bon aficionado.

Si ce que vous découvrirez ne vous plaît pas, vous saurez expliquer pourquoi ça ne vous a pas plu et vous ne manquerez jamais de respect envers un manadier, un torero ou autres (sauf s’il déshonore la profession en ne respectant pas le taureau par exemple).

En revanche, si ça vous plait, si vous y revenez, si vous y prenez goût, il vous sera de plus en plus difficile d’expliquer pourquoi ça vous plaît et pourquoi vous vous passionnez de plus en plus. Vous éprouverez très vite, que cet évènement unique, fondamental, vous donne à vivre une expérience intellectuelle et esthétique incomparable.

La tauromachie est quelque chose d’irrationnel. Et dans ce monde de plus en plus « aseptisé », où s’imposent la pensée unique et l’uniformisation ; dans ce monde où la logique est de plus en plus la norme ; la corrida paraît être une chose complètement insensée. « Folle » pour les profanes.

Et c’est justement pour cela que la tauromachie (dont la corrida fait partie) est belle.


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