On peut aussi être juif sans être politicien, juif sans être dans les médias, juif sans être artiste ou producteur d’artiste, juif sans être au dessus, au devant et « plus beau » que les autres.
Oui, j’en suis persuadé moi-aussi. Mais il faut comprendre que lorsque dans certaines branches ou professions « au devant de la scène », quand la proportion de juifs, ou de supposés tels, ou de mariés avec (comme Valls d’ailleurs), est largement supérieure au 1% de la population globale, et que dans un bel élan, ils clament sans argument les mêmes « slogans » à tour de rôle, il y ait des soupçons de connivence et donc de complots par extension.
S’il n’y avait pas la crise, on pourrait remercier notre élite, ou pseudo élite, quand bien même cette proportion de 1% serait largement dépassée. Mais avec la crise, l’arrogance de certains qui manifestement ne savent pas ce que sait que de vivre et travailler avec un smic, encore moins survivre avec un rsa, (Cyril Hanouna dernièrement, fort sympathique au demerant),, cette arrogance donc ne passe pas dans les milieux défavorisés.
On rajoute ce que vous avez détaillé avec beaucoup de courage, et cela fait beaucoup de blé à moudre pour les antisémites, comme beaucoup de questions pour les gens normaux.
L’action de Valls pour mâter un simple pion peut effrayer plein d’autres artistes, journalistes ou essayistes sur le Net comme moi, qui ne peuvent pas dénoncer certains abus sans tomber, par moment, sur des juifs, ou « sympathisants », sans compter les politiciens qui eux aussi ne sont pas à l’abri de harcèlement pour la moindre parole jugée « de trop », et peuvent ne plus être sponsorisés par leurs « financiers » pour cause de « grillés » dans l’opinion publique.
Bon, d’un autre côté, quel intérêt de jouer avec, et de contester la Shoa, si ce n’est chercher le baton pour se faire battre. Ce qui est « épidermique » pour certains qui veulent garder ce souvenir intact est aujourd’hui tout à fait secondaire pour le lambda moyen, saturé entre autre par les massacres au Rwanda, le génocide de Pol Pot, l’épuration ethnique des Serbes, la famine comme arme de guerre au Soudan, la guerre de l’eau, l’asservissement au profit du capitalisme dans les pays émergents, le chômage de masse dans les pays industrialisés, les morts irakiens depuis 1991, les morts afghans depuis les années 70, la guerre civile au Libéria... les chiffres explosent.
6 millions de morts (« facture » de l’holocauste pour le peuple juif de l’époque, ce qui représentait 40% de la population totale, dans un monde de trois milliards d’habitants, ça n’a pas la même signification dans le monde d’aujourd’hui, 7 milliards d’habitants, avec des guerres en permanence, des millions de réfugiés chaque année, des morts encore des morts toujours des morts, pour de l’argent, dans l’égoïsme, l’oubli, l’horreur, la manipulation...
Combien de morts dans toutes les guerres depuis 1945, guerres civiles, guerres de décolonisations, guerres du pétrole, guerres économiques, guerres religieuses ? L’horreur de la Shoa ne sert de leçon à personne. De là à considérer que le souvenir est inutile, comme certains ne veulent plus commémorer pour les guerres de 14-18 et 39-45 ? Surtout qu’en France, si on en croit Wikipedia, le nombre de raflés et victimes françaises « tombe » à moins de 25000 ( 75000 si on compte les juifs étrangers arrêtés en France). Un chiffre bien inférieur au 500 000 victimes de la guerre, hors épuration. L’impact sur la société française n’a pas été si flagrant, même si l’horreur de la SHOA a supplanté sans conteste celle des représailles sauvages type Oradour sur glane, et d’autres massacres qui curieusement, restent méconnus mais dont le total avoisine 6000 pour les massacres, 27000 pour les fusillés, 27000 résistants morts en déportation, c’est à dire en camp « de travail » comme leurs homologues juifs masculins adultes considérés comme « exploitables » à la différence de leur malheureuse famille. Mais là encore, si le nombre de victimes semble le même, la perception en pourcentage n’est pas du tout la même. Pauvres morts, que d’être ignorés d’une part, pas laissés en paix de l’autre.
Et puis, beurk, l’horreur, encore l’horreur, qu’il nous faut oublier pour aujourd’hui vivre en paix, qu’il nous faudrait « imaginer » pour ne pas qu’elle se reproduise, mais qui se reproduit quand même par ailleurs, encore et encore, avec d’autres couleurs de peau, jusqu’à écoeurement.
Finalement, ce qui banalise cette Shoa dans l’esprit des gens, ce n’est pas les idées d’extrême droite, c’est l’actualité, tout simplement. Ce qui facilite les manipulations.
Mais putain, y’a des fois, je me demande ce que foutent les gens de bonne volonté.
J’espère que l’auteur de cet article est de ceux-là.