• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Surya

sur Qui veut la peau des bisounours ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Surya Surya 4 février 2014 14:28

Dans nos sociétés, la gentillesse est assimilée à de la bêtise, et la méchanceté, c’est supposé être drôle selon certains. Je crois que les gens qui rient aux blagues méchantes ou devant une action méchante envers autrui  sont des personnes insatisfaites de leur vie, qu’ils en aient conscience ou pas, et qui se délectent de voir les autres rabaissés, humiliés.  C’est pour eux une forme d’exutoire, car ils trouvent là une compensation, une forme de vengence, à leur frustration. C’est triste comme attitude mais ce n’est pas irréversible.

 

« Le naturel, la sincérité n’ont plus leurs places. L’individu doit devenir un fin calculateur, sans quoi il se fera dévorer par les plus forts. »

Nos sociétés valorisent de plus en plus l’hypocrisie. La sincérité est désormais considérée comme une faiblesse car elle traduit soit un manque d’éducation et de politesse (où est la frontière entre la politesse et l’hypocrise ? Elle est parfois bien mince) soit une incapacité chronique à manipuler son environnement et son entourage pour obtenir ce que l’on veut. Et notamment, ce que les hypocrites veulent, c’est préserver une bonne réputation. Ils sont près à tous les mensonges, tous les léchages de bottes, pour mettre les gens dans leur poche afin de soigner leur popularité, afin que leur image rayonne, car elle doit leur servir à l’avenir.

 

 

« De plus, pour résister soi-même aux coups, il est nécessaire de se forger une « carapace », cuire épais qui ne laisse plus passer une once de sensibilité. »

« être encore en capacité d’être choqué par des violences (physiques ou verbales) qui sont devenus banalités, »

Et c’est à quoi, il me semble, la société tout entière s’emploie. On désensibilise progressivement la population (y compris les jeunes, de plus en plus jeunes) à la violence, la guerre, la violence dans les rapports de couple… par des doses homopathiques mais quotidiennes de violence, de guerre… montrés à la télé de façon de plus en plus crue, de plus en plus brutale. Ca me fait penser au procédés mis en œuvre pour désensibiliser des gens aux allergènes comme les arachides, les acariens, le pollen… On le fait par petites doses, car une dose massive injectée trop brutalement provoquerait l’effet contraire.

Certaines images de la guerre du Vietnam, par exemple, montrées à des gens du 19ème siècle auraient été jugées totalement insoutenables. Nous avons été doucement, patiemment désensibilisés au fil du temps, et de nos jours, nous sommes en mesure de les regarder sans ciller, ou presque. On en est au point où l’on commence à nous montrer des corps déchiquetés. En nous avertissant, bien sûr. Ames sensibles, attention. Il ne faut pas comprendre cet avertissement par « gens normaux, évitez de regarder car c’est immonde ce qu’on va vous montrer » mais par « personnes faibles de caractère, même pas capable de regarder en face la réalité, d’accepter et assumer l’existence de cette réalité, barrez vous, car notre société veut ça, c’est normal, et vous êtes des inadaptés. C’est vous qui êtes anormal, vous êtes des chochotes. » D’ici quelques années, on ne nous avertira même plus. Ce sera un festival quotidien d’hémoglobine et tout le monde s’en foutra royalement.

J’espère que votre excellent article contribuera à faire enfin inverser la tendance, et à redonner leur place à ceux que l’on appelle avec mépris, voire moquerie, les Bisounours, car, comme vous le dites si justement : « celui-là qui est étiqueté de bisounours n’est rien d’autre qu’un « être humain », ni plus ni moins »


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès