Pour
chacune de ces opérations [émissions de crédit, paiements à des tiers, etc...], la banque crée de la monnaie
« ex nihilo »,
en inscrivant simultanément à l’actif et au passif de son bilan un
crédit et une dette.
Cette création de dette et de crédit simultanés est en réalité
l’équivalent de l’opération qui, dans un Système d’Échange Local
(un SEL), permet aux deux membres d’un échange de créer les deux
montants qui vont mesurer leur transaction.
Dans
un SEL, les unités de compte sont créées à chaque transaction en
fonction de la valeur transmise entre un « vendeur » qui
offre quelque chose (une marchandise, un service...), et un
« acheteur » qui reçoit cette chose. Le vendeur augmente son
solde (il enregistre des chiffres positifs), et l’acheteur diminue
son solde (il enregistre des chiffres négatifs).
Dans
le système monétaire actuel, la banque crée d’abord les deux
montants pour elle-même, puis elle met en circulation la partie
positive. Il y a en réalité deux opérations successives :
création, et mise en circulation.
-
Opération 1 : La banque crée les deux parties de la transaction.
-
Opération 2 : Elle en conserve une partie pour elle, et met l’autre
en circulation.
-
Résultat : Les chiffres positifs deviennent de la monnaie ; les
chiffres négatifs restent au bilan de la banque, et lui rapportent
un intérêt. C’est l’accumulation de ces chiffres que tout le monde
appelle « La Dette ».
Explication
: Ce que l’on appelle « La Dette » n’est que la partie
négative de la création monétaire. Par le double jeu du crédit
bancaire centralisé et des multiples créateurs/emprunteurs, le
secteur bancaire s’approprie les engagements individuels des
utilisateurs et en tire profit.
Si
nous tenions encore nos comptabilités réciproques avec des systèmes
de crédit mutuel décentralisés (comme c’était le cas avant
l’apparition des monnaies d’État monopolistiques, autour de -700 av.
JC), nous n’aurions pas oublié que la « monnaie » est
seulement un cas particulier de crédit mutuel où la masse négative
est occultée et accaparée par un pouvoir central d’émission.
Dans
un système de crédit mutuel libre et volontaire, vendre c’est
comptabiliser des chiffres positifs, acheter c’est comptabiliser des
chiffres négatifs. Les deux changements de solde sont égaux et de
signe opposé à chaque transaction.
Ce
système d’enregistrement et de mesure des déséquilibres
réciproques permet de connaître en continu sa position personnelle
par rapport à la moyenne des autres soldes, qui reste en permanence
égale à zéro. Chacun connaît ainsi sa position par rapport à
l’équilibre, chacun sait s’il est en positif ou en négatif et de
combien. Chaque membre d’un système monétaire équilibré sait
ainsi en permanence s’il a beaucoup donné ou beaucoup reçu, et peut
en tirer les conséquences.
En
outre, la somme algébrique des soldes de tous les comptes étant
également par définition égale à zéro, tout enrichissement sans
contrepartie commerciale se voit immédiatement. Il est donc
impossible de « créer » de l’argent en l’absence de
transaction réelle.
Dans
un système centralisé où la création de crédit est devenue un
monopole détenu par le cartel État - Banques, et où la partie
négative des échanges n’apparaît pas sur les comptes des
utilisateurs mais reste au passif des émetteurs, la création de
crédit d’une part se confond avec les gains dus à l’échange,
faisant passer la création de crédit pour un enrichissement
commercial, et d’autre part, permet aux émetteurs de créditer leurs
propres comptes et ceux de leurs complices sans que les usagers ne
puissent identifier cette fraude en tant que telle.
Ce
que l’on appelle « la dette » n’est donc que la partie
négative et mathématiquement indispensable d’un système de crédit
mutuel qui a été accaparée, redéfinie, et rendue payante par un
système centralisé, privateur et monopolistique.