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Commentaire de Monolecte

sur L'apocalypse des petits bourgeois


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Monolecte Monolecte 27 juin 2014 10:33

Il faut vraiment lire de bout en bout le manifeste des exploités de la restauration.


Il faut bien comprendre que c’est un aspect assez déplaisant d’une activité que nous trouvons, en tant que client, plutôt très agréable, de l’ordre de la récompense.


J’avais déjà eu l’idée que le monde de la restauration pouvait être d’une belle saloperie à travers l’expérience d’une de mes meilleures amies qui a commencé très tôt dans ce milieu. Les conditions de travail qu’elle décrivait étaient assez effroyables, pas seulement du point de vue physique qui est déjà très éprouvant pour les organismes - ce qui laisse penser que les serveurs ne doivent pas l’être jusqu’à la retraite, c’est incompatible avec l’état physique de la majorité des gens qui approchent de la soixantaine - mais surtout du point de vue humain.


J’ai pensé à cette époque que mon amie était très mal tombée chez de mauvais restaurateurs, mais j’ai appris avec le temps que les hurlements, le mépris, la mesquinerie, la surpression, le stress à haute dose sont le mode de fonctionnement plus au moins normalisé de la restauration, avec l’ultrahiérarchisation des tâches, l’exploitation sans vergogne de la main d’œuvre (est-ce par hasard que ce secteur d’activité est l’un des plus gros consommateurs de main-d’œuvre non déclarée, non protégée et corvéable à merci ?).


Le cuistot étant généralement au sommet de la pyramide alimentaire avec le gérant, il n’est pas étonnant que beaucoup s’y trouve fort bien. D’autant qu’ils ont passé le parcours du combattant avant d’y arriver, avec son lot d’humiliations et d’exploitations et qu’ils trouvent donc naturel ce mode de fonctionnement.


C’est en cela que je trouve ce manifeste vraiment intéressant, sur le regard critique qu’il porte sur un fonctionnement aberrant que nous avons tous pris l’habitude de considérer comme normal... enfin, surtout pour les autres


Je comprends le cuistot qui trouve de la réalisation personnelle dans son job, mais quelle réalisation personnelle peuvent trouver les serveurs, les nettoyeurs de nos manquements, les auxiliaires et toutes les petites mains qui triment pour peau de balle dans des conditions déplorables ?


Je me souviens encore du grand-père qui se réjouissait que sa nouvelle femme de ménage eût un bac + 5 : « au moins, elle avait de la conversation ».

Il n’avait aucune empathie pour cette femme, aucune appréhension du fait qu’avec son parcours, elle devait très loin d’être dans la réalisation personnelle en lui lessivant son carrelage, qu’elle ne pût être là que réduite par une extrême nécessité que ne devait avoir grand-chose à voir avec la vie qu’elle avait tenté de se construire en réussissant dans ses études.


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