Coluche est pas censuré aujourd’hui, on peut écouter ou voir tous ses sketches à la radio à la télé et en DVD. En clair, il continue à dire la même chose qu’à l’époque.

Honnêtement, Dieudonné me fait pas autant marrer que Coluche. On lui a mis des bâtons dans les roues, c’est clair, mais on ne l’a pas embastillé pour autant. Il peut continuer à vendre ses DVD. Dans un premier temps, ça lui a même fait de la pub. Et si il le souhaite, il peut aller faire valoir ses droits à la cour européenne des droits de l’homme.

J’imagine mal ce qui me serait arrivé si je m’étais moqué de Pompidou de la même façon qu’on se moque de François Hollande aujourd’hui. Je pense qu’à l’époque, donner le sobriquet de Flamby au président de la république, c’était se mettre et l’état, et l’opinion publique à dos (toute occupée qu’elle était à défendre les valeurs de la nation française)
Aujourd’hui, tu peux faire ce que tu veux avec son image, des montages débiles qui circulent partout sur internet. Vous trouvez ça politiquement correct « le nain » ou « flamby », voire « gros mou » ?

Baiser sans capote, y’a aucune loi qui te l’interdit aujourd’hui, faut ptetre pas pousser mémé dans les orties. Sauf si t’es adepte de la théorie du SIDA comme virus bricolé de toutes pièces par l’armée américaine (sacrée performance pour l’époque, sans même connaître le génome de l’être humain)

Et pour ce qui est des « nègres » et des « youpins », il faut juste comprendre que l’histoire n’est pas linéaire. Ces peuples ont souffert, et ils se taisaient, et ils commencent tout juste à cicatriser. La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ; si ils trouvent ça blessant, alors tu te retiens (ou pas), c’est aussi ça la liberté.

Tu me dis « Je crois bien que tu crois être »libre » car tu as internet et un iphone« moi je te réponds »tu te croyais libre parce que tu pouvais entendre youpin ou nègre à la télé« 

Par exemple, supposons une personne que tu connais bien, handicapée de naissance ou de longue date, qui a fait son deuil de cet état de fait ; il est possible que tu le surnommes »l’estropié« , ça le fera marrer, parce que ça lui glisse dessus, qu’il a appris à vivre avec ça. Par contre, il te viendrait pas à l’idée de l’appeler »l’estropié« le lendemain de son accident, ou même un an après si il est toujours en dépression. La liberté, c’est de pouvoir se fixer ses propres limites. Décider de ne pas respecter la limite que l’autre te fixe, c’est l’état sauvage.
On peut espérer que d’ici une ou deux (ou plus s’il le faut) générations, on pourra à nouveau dire »nègre« ou »bougnoul" à la télé (si la télé existe encore).

Vous, la génération 60-70, vous avez réussi à casser la barrière, conquis un grand espace de liberté. Comme des mômes avec leur nouveau jouet, vous avez peut-être été un peu trop vite, trop loin. C’est rien que de très humain ; on a un nouveau jouet, on teste ses limites, et ce serait inquiétant de ne jamais les dépasser, comme un enfant trop sage qu’on entend jamais. Nous on a fait un ou deux pas en arrière, et bientôt on pourra avancer de nouveau.

Ce que je trouve être une vraie privation de liberté, c’est de ne pas pouvoir acheter les confitures de Mme Michu parce qu’elle a pas passé les tests bactériologiques à 50 millions. Même si je la connais, que c’est une affaire de confiance entre elle et moi, elle peut pas le faire. Sous prétexte de protection, on règle chaque aspect de la vie des gens, mais ce sont ces mêmes gens qui réclament cette protection, et qui empêchent ceux qui en ont marre d’en sortir sous prétexte de solidarité et d’union (alors qu’il n’y a pas d’union, puisque chacun défend son petit carré d’herbe)