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Commentaire de Neos

sur La rupture


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Neos 6 mars 2007 14:49

Bonjour, cet article est intéressant, je souhaite toutefois y apposer quelques commentaires.

« Non seulement l’Europe est en panne, mais elle demeure, en plus, divisée. »

Depuis le début de l’année, après une année de réflexion en 2006, les Etats membres se consultent, sous la responsabilité de la Présidence allemande du Conseil, pour tenter d’identifier une voie, issue d’un compromis à 27, afin de sortir de l’impasse causée par les ’non’ aux referenda français et néerlandais. Mme Merkel a reçu un mandat pour présenter lors du Conseil européen du mois de juin 2007 une feuille de route qui devrait, en principe, nous éclairer sur le chemin choisi par les 27 et relancer le processus. Parler de ’division’ me semble prématuré. Nous verrons au mois de juin si des Etats refusent de choisir la voie du compromis et si l’Allemagne réussira, ou non, à réunir les 27 autour d’une voie unique.

« En France, comme partout en Europe, les espérances du plus grand nombre se sont, au fil des décennies, considérablement réduites, et le quotidien de millions de personnes s’est lentement étriqué. »

Cette vision est assez commune en France actuellement. Cependant, il y a en Europe d’autres Etats où les conditions de vie sont bonnes (Etats scandinaves, Irlande, ou encore Belgique et Luxembourg, par exemple), voire même parfois des régions où le niveau de vie a considérablement augmenté ces dernières années (Estonie, Rép tchèque, Slovénie, Espagne, entre autres). Cette analyse sur la situation française est juste. Le niveau de vie de la République a chuté depuis quelques années, et les français qui vivent à l’étranger ont bien perçu la chute de la qualité de vie. Cela ne justifie point toutefois la généralisation de cette situation à l’ensemble de l’UE.

« La libre concurrence règne sur un royaume misérabiliste clinquant sous les ténèbres, où les sujets du marché s’affrontent pour un job sous-payé, quand il est payé. »

La concurrence existe dans l’UE peu ou prou depuis l’entrée en vigueur des Traités de Rome. C’était le 1er janvier 1958. Il me semble curieux d’entendre, ça et là (particulièrement depuis la campagne pour le referendum de 2005), des propos critiques sur la nature et les règles du marché intérieur, que la France respecte en tant que membre depuis presque 50 ans. Pourquoi ces reproches français sont-ils lancés maintenant à l’égard du marché intérieur ?

« Puisque le réalisme est à l’ordre du jour, sans doute devrions-nous comparer ce que nous avons en commun avec le modèle de vie dont l’UE est si fière. Ce que nous avons en commun avec l’ultra-ibéralisme incarné par la Commission européenne, avec le « renouveau moral » du président polonais Kaczynski. Il ne serait pas inutile de reconsidérer lucidement le futur qu’elle propose de partager avec nous et les valeurs qu’elle se propose de promouvoir et de défendre. »

Les valeurs de l’UE sont (étaient ?) inscrites dans le projet de Traité établissant une Constitution pour l’Europe. Ces valeurs n’incluent pas les notions de « libre concurrence » ou de « libéralisme ». Elles portent sur des concepts tels que « l’Etat de droit », « la démocratie », la « liberté et l’égalité », le respect des droits de l’Homme et des minorités« , mais aussi »l’humanisme« , le »respect des identités nationales des Etats membres" (..) Ce sont ces valeurs-là que les Etats membres souhaitent inscrire au nom de valeurs communes à l’ensemble des membres de la famille Europe.

« Il faudrait, alors, le faire avec force et conviction pour parvenir demain à construire une Europe qui vaille le coup de sacrifier une partie de notre souveraineté : l’Europe des peuples, pour la paix et la prospérité dans un capitalisme social et humain. »

C’est la question qu’il faut en effet poser aux peuples d’Europe pour réussir à définir une voie acceptable pour tous dans l’Union européenne de demain. A cette question s’ajoute d’autres interrogations : Faut-il choisir la voie intergouvernementale ou bien la voie communautaire ? Voire une autre voie ? Les peuples peuvent-ils exiger des Etats la soumission d’une consultation populaire sur l’avenir de l’UE ?

La Présidence allemande du Conseil de l’UE va devoir répondre à ces différentes questions en deux étapes. Attendons d’abord les 24 et 25 mars 2007 pour en savoir un peu + sur ses intentions et sur les résultats des consultations menées avec l’ensemble des 27 Etats membres. Un peu de patience. Nous aurons ensuite tout le loisir de débattre sur les suggestions concrètes présentées par Mme Merkel, particulièrement à l’issue du Conseil européen des 21 et 22 juin 2007.


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