Je ne sais si ceux
qui ont donné l’ordre d’abattre l’avion russe répondaient à une
quelconque volonté de contrarier un rapprochement de la France avec
la Russie qui est surtout de façade et approprié à la situation
intérieure après les attentats de Paris.
Il était
inévitable que Hollande fît un geste en direction de son opinion publique pour démontrer sa volonté
d’en finir avec Daech et ce geste consistait logiquement à prendre
langue avec les Russes.
Les Russes mènent un combat méthodique qui
consiste à restaurer la souveraineté de la Syrie sur l’ensemble de son territoire et en priorité sur les zones littorales : Daech n’est
qu’une des menaces qui violent l’intégrité territoriale du régime
de Damas mais il n’est pas présent sur la côte.
Donc, jusqu’à ce
qu’on m’apporte la preuve du contraire, le rapprochement avec la
Russie consiste surtout, selon moi, à éviter que la fureur guerrière
des uns ne s’entrechoquent de manière fortuite avec celle des
autres, ce qui est en l’occurrence marqué au coin du bon sens .
On ne me fera pas
croire non plus à une bavure, un acte de guerre isolé : la Turquie qui passe son temps à violer les frontières de l’Irak voisin n’a guère de légitimité à jouer les vierges outragées ; elle est
membre de l’OTAN, c’en est même un des piliers et rien ne se fait
sans concertation avec l’état-major de cette organisation sous
commandement intégré, une appellation d’origine contrôlée pour
masquer la pesante tutelle US.
En tout cas, concrètement cela signifie surtout que, pour l’OTAN et donc les Américains, l’ennemi
principal reste Bachar El Assad et que l’état islamique les préoccupe d’autant moins qu’il se
comporte comme leur allié pour obtenir la chute du régime.
Maintenant la Russie
a les moyens de répliquer à l’outrage, ne serait-ce qu’en accroissant la capacité de nuisance de l’AKP - qui a repris les hostilités contre le pouvoir d’Ankara - par la livraison de moyens militaires plus sophistiqués que la panoplie dont cette organisation dispose à présent.