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Commentaire de simazou

sur Le soldat franco-israélien Elor Azaria, reconnu coupable d'homicide, est la norme


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simazou 11 janvier 2017 18:18

@phan

La richesse du Judaïsme et ses réflexions

Voilà pourquoi je suis Juif

 

 

La réflexion sur le bien et le mal, même pour des illustres érudits s’est posée la question suivante : comment se fait-il que le juste puisse souffrir, et que le méchant puisse prospérer ? Je pense que le Judaïsme est l’école de la vie, où on apprend à se hisser au-delà de soi même, comme un frère vivant dont on attrape la main quand la corde se raidit, aucun peuple n’a passé autant d’épreuves pour avoir le droit de survivre comme le peuple Juif, et souvent avec beaucoup de philosophie et d’humour, mais au fait c’est peut-être ça notre force ?.

 

Un jour j’ai posé une question à ma mère, quel est le plus beau jour de ta vie ? Sa réponse fusa, sans ambiguïté, Aujourd’hui mon fils ! Cette réponse me poursuit, et je me rends bien compte oh combien elle avait raison, Dieu sait de quoi sera fait demain ? Combien de fois m’a t’elle répété des milliers de phrases, qui sur le moment même ne m’ont guère interpellées, et dont je me rends compte aujourd’hui quelles étaient gravées à jamais dans ma mémoire et font partie de mon patrimoine, et c’est une double raison pour me rappeler oh combien ma mère était exceptionnelle et unique à la veille de Kippour.

 

Il ne faudrait pas croire que l’inquiétude juive est métaphysique. On l’assimilerait à tort à l’angoisse que provoque en nous la considération de la condition humaine. Je dirais volontiers que l’inquiétude métaphysique est un luxe que le Juif, pas plus que l’ouvrier, ne peut aujourd’hui se permettre. Car les Juifs sont souvent inquiets. Un Israélite n’est jamais sûr de sa place ou de ses possessions ; il ne saurait même affirmer qu’il sera encore demain dans le pays qu’il habite aujourd’hui, sa situation, ses pouvoirs et jusqu’à son droit de vivre peuvent être mis en question d’une minute à l’autre ; en outre, il est, nous l’avons vu, hanté par cette image insaisissable et humiliante que les foules hostiles ont de lui. Son histoire est celle d’une errance de vingt siècles ; à chaque instant, il doit s’attendre à reprendre son bâton. Mal à l’aise jusque dans sa peau, ennemi irréconcilié de son corps, poursuivant le rêve impossible d’une assimilation qui se dérobe à mesure qu’il tente de s’en approcher, il n’a jamais la sécurité épaisse.

Le Juif est social parce que l’antisémite l’a fait tel. Tel est donc cet homme traqué, condamné à se choisir sur la base de faux problèmes et dans une situation fausse, privé du sens métaphysique par hostilité menaçante de la société qui l’entoure, acculé à un rationalisme de désespoir. Sa vie n’est qu’une longue fuite devant les autres et devant lui même.

L’inquiétude du Juif n’est pas métaphysicienne, elle est sociale. Ce qui fait l’objet ordinaire de son souci, ce n’est pas encore la place de l’homme dans le monde, mais sa place dans la société.

C’est la société, non le décret de Dieu, qui a fait de lui un Juif, c’est elle qui a fait naître le problème juif et, comme il est contraint de se choisir tout entier dans les perspectives que définit ce problème, c’est dans et par le social qu’il choisit son existence même.

 

En se proclamant Juif, il fait siennes certaines de ces valeurs et de ces divisions ; il choisit ses frères et ses pairs : ce sont les autres Juifs ; il parie pour la grandeur humaine puisqu’il accepte de vivre dans une condition qui se définit précisément comme invivable, puisqu’il tire son orgueil de son humiliation. Il ôte tout pouvoir et toute virulence à l’antisémitisme du moment même qu’il cesse d’être passif. Car le Juif inauthentique fuyait la réalité juive et c’était l’antisémitisme qui le faisait Juif malgré lui ; au lieu que le Juif authentique se fait juif lui même et de lui même, envers et contre tous ; il accepte tout jusqu’au martyre et l’antisémite désarmé doit se contenter d’aboyer sur son passage sans pouvoir le marquer.

 

La difficulté aujourd’hui est d’accepter avec exigence certes, la matérialité sans laquelle la spiritualité ne peut exister. Le judaïsme justement n’a jamais opposé ces deux termes, au contraire, les a toujours associés : nous ne sommes pas de purs esprits, le corps doit trouver où exister aussi. L’esprit n’est pas au-dessus du corps, ils fonctionnent ensemble, et faire attention à soi c’est d’abord commencer par préserver sa vie avant de penser à celle des autres (sinon moi, qui ?), et précisément pour pouvoir penser à celle des autres (si ce n’est que pour moi, qui suis-je ?). Ce n’est pas en étant mort que l’on peut aller vers l’autre. L’altruisme inclut soi-même, et soi avant tout. S’en remettre entièrement à l’autre pour veiller à sa survie matérielle a montré ses limites très nettes pour le Juif apatride tout comme pour celui citoyen des différents Etats. 

1ère partie


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