Peut être que pour comprendre la
« pathologie » dont souffre, pas seulement la France, mais
l’ensemble du monde Occidental, Durkheim apporte une réponse, qui
malheureusement sonne à la perfection.
Dans son traité sur le
suicide, celui ci, propose comme causes sociales (le livre I étant
concentré aux causes psychopathiques) :
le suicide égoïste
le
suicide altruiste
le suicide anomique
Et c’est dans le
dernier et dont la dynamique est la plus difficile à saisir que se
trouve la réponse :
L’Occident connaît ce que connurent, en
leur temps, tous les grands empires : Egypte, Perse, Romains...et les
grands systèmes : Grecs, communisme (même s’il perdure en Chine
sous forme hybride) et désormais capitalisme (qui va finir par tout
engloutir et finir par s’engloutir lui même, ce n’est, d’ailleurs,
plus l’affaire que de quelques mois tout au plus).
Tous les
historiens qui ont étudié ces périodes, sont unanimes et
confirment la thèse de Durkheim : les grands systèmes ne se sont
pas tant écroulés à cause des invasions qu’à cause d’une perte
d’élan vital.
En clair, les invasions ne sont que l’achèvement
visible d’une destruction déjà, largement entamée (l’édifice
était déjà branlant).
Dans le suicide anomique, Durkheim a
remarqué, qu’une singularité en ressort :
Alors que dans un
premier temps, il semble que les crises économiques,
sociales...soient à l’origine de ce taux fort élevé de
suicides.
Il a remarqué que lors des périodes fastes, où plus
aucun obstacle ne paraît, les cartes du système sont rebattues, les
valeurs s’évanouissent, il y en a tout autant.
Les éléments du
système n’étant plus contenus par aucun cadre, aucune règle, se
retrouvent face à l’infini et l’angoisse de dilution (morcellement).
Vous savez à quelle pathologie cela finit par aboutir, pas tant de
se voir dilué, mais la réaction d’angoisse face à ce risque, en
provoque les symptômes.
Les êtres, en tout cas, en Occident,
errent dans une simili réalité teintée de délire, les « commandes
ne répondent plus ». Ils ne réagissent plus, et, je le vois
dans la rue, ce sont des morts vivants (le fameux regard du
schizophrène : aucune expression). Et il y en a vraiment
beaucoup qui adoptent ce comportement.
Et d’autres qui tentent de surnager dans une vaine gesticulation, en dénonçant ceci ou cela, mais tout aussi déconnectés que les autres. Ils ne réalisent tout simplement pas (ne le peuvent pas ? ne le veulent pas ?) l’ampleur de ce qui est en train de se passer (depuis quelques années quand même).
Mais dans un même temps, les éléments
du système, arrivés à un niveau de confort, voient leur appétit
toujours insatisfait et poursuivent une courses aussi effrénée que
désespérée.
Cette « tension » n’étant
jamais assouvie, il s’en suit, à plus ou moins longue échéance,
une perte d’élan vital, une sorte d’apathie et un reflux culturel et
social vers des plaisirs de plus en plus facilement
« satisfaisables » (consommation excessive de..à peu
près tout ce qui se consomme et plus encore), illustrée par une
dégénérescence culturelle (et accessoirement intellectuelle).
Voici le traité sur le suicide de
Durkheim en lien (la partie dont je parle est le livre II et le
suicide anomique commence à la page 93).
Ce traité, on ne peut plus d’actualité, date de 1897 !
Le livre entier :
http://classiques.uqac.ca/classiques/Durkheim_emile/suicide/suicide.html
La partie II (causes sociales et types
sociaux) :
http://classiques.uqac.ca/classiques/Durkheim_emile/suicide/suicide_Livre_2 .pdf