rappel concernant ’différence unique’ :
« Du contrat social » de Jean-Jacques Rousseau
Livre II Chapitre 2.3 Si la volonté générale peut errer
- [...] la volonté générale est toujours droite et tend
toujours à l’utilité publique : mais il ne s’ensuit pas que les
délibérations du peuple aient toujours la même rectitude. On veut
toujours son bien, mais on ne le voit pas toujours :
jamais on ne corrompt le peuple, mais souvent on le trompe,
et c’est alors seulement qu’il paraît vouloir ce qui est mal.
[...]
- Si, quand le peuple suffisamment informé délibère, les citoyens n’avaient aucune communication entre eux, du grand nombre de petites différences résulterait toujours la volonté générale, et la délibération serait toujours bonne.
Mais quand il se fait des brigues,
des associations partielles aux dépens de la grande, la volonté de
chacune de ces associations devient générale par rapport à ses membres,
et particulière par rapport à l’État : on peut dire alors qu’il n’y a
plus autant de votants que d’hommes, mais seulement autant que
d’associations. Les différences deviennent moins nombreuses et donnent
un résultat moins général.
Enfin quand une de ces associations est si
grande qu’elle l’emporte sur toutes les autres, vous n’avez plus pour
résultat une somme de petites différences, mais une différence unique ; alors il n’y a plus de volonté générale, et l’avis qui l’emporte n’est qu’un avis particulier.
!!!
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à rapprocher du théorème du jury, découvert à la même époque dites ’des Lumières’, par un certain Condorcet, et qui dit en gros que :
plus on a de jurés qui votent par oui ou non dans un scrutin,
en ayant chacun au moins ( 0,5 / 1) chance de ne pas se tromper,
et sans se soucier de ce que vont voter les autres,
alors, plus le résultat du scrutin a, statistiquement (mathématiquement), des chances d’être juste .
Nota Bene :
pour espérer une telle probabilité vertueuse, encore faut-il que la (unique et bien précise) question posée ait une réponse, et une réponse juste !
Qu’en est-il lorsque la question envisagée est le ’choix’ (?) d’une oligarchie, voire d’un individu capital (en devenir, dont il est impossible, y compris pour lui-même de deviner s’il peut se connaître lui-même, et qui ose la prétention non pas du ’sapere aude’ mais d’incarner 66 millions d’âmes ? !