@Nick Corey
« Les anarcap’, pour
leurs parts, considèrent qu’il est possible de transférer la maintien de
l’ordre à des sociétés privées, système judiciaire compris, comme cela s’est
fait aux US dans le courant du dix-neuvième siècle (à l’époque du Far West...) »
C’était
le Far West…
« D’une façon générale, la plupart
des libertariens revendiquent le droit de se faire justice soi-même. »
Et
ce sera le Far West. Celui qui obtiendra justice, sera celui qui dégainera le
plus vite..
« Je ne suis pas sûr de bien saisir si vous
faîtes une objection au texte. »
Le fond de ma
réponse, c’est que je ne crois tout simplement pas au libertarianisme et pas
davantage à l’anarchisme. L’homme doit être encadré, et qu’il ne le soit plus
par la religion, a débouché sur l’individualisme et le consumérisme compulsif.
Cet homme est, aujourd’hui, nu et seul.
Quand Tariq Ramadan
– peu importe ses déboires actuels -, écrit : « La résistance à
cet Occident sécularisé, marchand, inculte, la seule résistance organisée
provient de l’Islam, qui est d’une certaine façon inassimilable. Cette
résistance constitue peut-être une chance pour l’humanité face au polythéisme
d’aujourd’hui qui est l’argent, le pouvoir, la technique, le sexe, la violence,
le bruit, la négation astucieuse ou brutale de toute spiritualité." »,
cet homme nu et seul ne peut qu’opposer des valeurs mantriques que le musulman
retourne contre lui, réclamant sa part de droits de l’homme, que les sociétés
islamiques ne respectent pas
« Aux US, une large partie de la population (…).
L’électricité, le gaz, la poste est en partie privatisée en France, et aux US,
ça a toujours plus ou moins été le cas. »
Outre que la
mentalité américaine est bien différente de la mentalité française et
européenne - en cela que la notion de services publics a été remplacée par la
recherche du bénéfice -, les privatisations ont été faites, en France, sur la
base de cahiers des charges imposés par l’Etat, qui en contrôle le respect.
L’Etat, s’il n’est
pas corrompu ou aux services de lobbies, et la seule « puissance »
qui puisse édicter des règles contre les abus. Imaginez la privatisation de l’assurance-maladie :
qui d’autre que l’Etat peut, par exemple, interdire de refuser les nouveaux
assurés de plus de 50 ans ?
« Sur la question de la liberté des moeurs
favorisant la créativité, il faut le voir au sens large. »
Pour ma part, je
pense que les individus aptes à la créativité, créant de la richesse et faisant
progresser l’humanité ne sont qu’une petite minorité de qui arrive déjà à s’extraire
du tout-venant. Et, je vous rassure, je n’appartiens pas à cette minorité, et
ce n’est pas une souffrance.
« Pour ce qui est de la drogue (…) Tant qu’ils
ne font de mal à personne, on n’a pas de raison de les emmerder. » »
J’ai seulement dit
que sa consommation libre était envisageable à la condition que le toxicomane
ne coûte rien à la collectivité, en quelque circonstance que ce soit. Crûment
dit « Laisser crever les overdoses, s’ils n’ont pas les moyens de payer
les soins que leur état exige. »
« Enfin, les
pédophiles... Aaaah les pédophiles. En général ils sont agressifs, donc. Il y a
des débats chez les libertariens sur la question du consentement, m’enfin, en
général, les libertariens sont les premiers à demander le droit de se venger
eux-mêmes des pédophiles. »
Il s’agit moins de
se venger que de les mettre hors d’état de nuire. Mais peut-on être libertarien
et favorable à la prescription, à un délinquant sexuel, d’un inhibiteur de la
libido ?
« Les libertariens sont accusés souvent de
croire l’homme raisonnable. »
Par la force des
choses. Là où l’on se propose de réduire les interdits et les obligations à un
strict minimum, il revient à l’homme de respecter les limites qu’il s’est
fixée. Et là, Ca craint un max’, si j’ose dire.
Vous parlez
beaucoup de concurrence, c’est-à-dire de compétition. Je n’ai rien contre, à la
différence des bisounours, mais enfin qui dit « compétition » dit « vainqueurs »
et vaincus ». Et là je me souviens de l’axiome de Douglas McArthur : « Il
n’y a pas de substitut à la victoire », en d’autres termes, tous les coups
sont permis et je ne vois, encore une fois, que la puissance publique pour éviter
les excès du déraisonnable. Et cela peut concerner d’autres domaines que la
guerre commerciale.
« Sinon, les communistes ne pensaient pas non
plus l’homme raisonnable. »
On ne peut pas
concevoir le communisme, c’est-à-dire la société sans classes et sans Etat,
sans miser à fond sur la raison des individus. La dictature du prolétariat est
vue comme une phase transitoire, celle du passage du capitalisme au communisme,
qui ne pouvait évidemment pas se faire du jour au lendemain, et c’est parce que
la raison n’était pas de la partie qu’aucun régime communiste n’a pas s’extraire
de la « phase transitoire ».