@cadoudal.
Pour votre information, car je sais que vous ne cherchez jamais, je vous la donne pour vous tenir informé.
Les échanges russo-africains dépassent désormais le cadre
diplomatique. Leurs interactions augmentent à tous les niveaux :
politique, économie, défense et sécurité, éducation et culture. Au-delà
de ces relations, la Russie peut-elle apporter des solutions aux
problèmes courants du continent africain ? Éléments de réponse.
Au moment du plein retour de la Russie en Afrique, des questions
demeurent en suspens. Plusieurs observateurs se posent, à juste titre,
la question de savoir ce que pourra apporter de nouveau et de positif la
relation russo-africaine, surtout en comparaison de celles qui lient le
continent à d’autres acteurs déjà activement, notamment l’Occident et
la Chine. Pour répondre à cette question, comparons l’approche de chacun
vis-à-vis de l’Afrique, et voyons en quoi diffère l’approche russe.
Commençons par les « partenaires traditionnels », en d’autres termes
les anciennes métropoles coloniales d’Europe de l’Ouest, France et
Royaume-Uni principalement, plus les États-Unis. Alors qu’une partie
significative de l’opinion publique africaine désavoue la politique
occidentale en Afrique, il est pertinent de se demander pourquoi. Car
au-delà des crimes de masse commis à l’époque de la colonisation et de
la traite esclavagiste, notamment par les acteurs occidentaux précités,
le fait est que globalement peu de choses ont changé dans la mentalité
des élites occidentales, pour ne pas dire rien. La seule différence est
qu’au lieu de parler du fameux « fardeau de l’homme blanc » —comprenez
l’homme occidental- aujourd’hui, l’Occident tente d’imposer ses intérêts
en les maquillant, certes avec de moins en moins de succès, par de
belles paroles liées à la « démocratie, aux droits de l’homme et aux
valeurs universelles ». Prétendument universelles.
Pire, l’Occident n’apprend rien de ses erreurs, bien souvent
catastrophiques pour les populations concernées. Car si cet Occident
politico-diplomatico-médiatique a souvent réussi à déstabiliser des
États souverains, il s’est très généralement, pour ne pas dire toujours,
mis aux abonnés absents quand il s’est agi de réparer le chaos créé.
Deux scénarios ressortent habituellement des interférences occidentales.
Le premier voit un pays autrefois prospère devenir une zone de
non-droit, d’instabilité et d’extrémisme : on pense évidemment à la
Libye. Dans le second, on essaie de donner l’impression d’une relative
stabilité, comme c’est le cas en Côte d’Ivoire, tout en fermant les yeux
sur les problèmes évidents de ce pays : une société divisée, beaucoup de
prisonniers politiques et d’exilés, un développement globalement
inexistant, dont la meilleure preuve n’est autre que l’immigration
massive des Ivoiriens vers d’autres cieux.
L’autre fait très caractéristique de l’Occident sur le sujet : c’est
l’hypocrisie pratiquement non voilée de ces élites occidentales
politiques et médiatiques, lorsque celles-ci abordent la question des
« régimes autoritaires » en Afrique. Par ce terme, comprenez ceci : si un
Président est docile aux intérêts occidentaux, alors il sera traité de
« démocrate ». Même s’il n’a pas été élu dans le cadre d’élections
démocratiques, même s’il est arrivé au pouvoir par les armes
occidentales, allant jusqu’à une interférence directe dans les affaires
souveraines dudit État, et même si sa légitimité est largement
contestée. Par contre, si un leader africain prend en main la
souveraineté de sa nation, mais aussi de ses ressources naturelles,
permettant à sa population de rester chez soi et de ne pas penser à
l’immigration, très probablement ce chef d’État sera traité
« d’autoritaire » par le mainstream médiatique occidental, car il ne
permet pas aux multinationales de l’Ouest de profiter des ressources
dudit pays dans un cadre gagnant/perdant.