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Commentaire de Christian Labrune

sur 500 ans après Léonard de Vinci


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Christian Labrune Christian Labrune 30 avril 2019 17:04

@Sylvain Rakotoarison

Pour voir la Joconde, il faut avoir la carte des Amis du Louvre qui permet de ne pas faire la queue, et se trouver à l’entrée du musée dès son ouverture. En courant un peu pour arriver à la salle des Etats, on a cinq ou six minutes pour l’apercevoir sans être dérangé. Je dis « l’apercevoir » parce que le verre blindé et les trois mètres qui séparent du tableau à cause de la petite barrière, comme vous le faites remarquer, font que n’importe quelle photographie permet de mieux voir.

J’ai fait ça deux ou trois fois, mais c’est toujours si frustrant que, passant dans la salle des Etats, je préfère désormais photographier les touristes ébaubis qui tournent le dos au tableau pour se photographier devant avec un sourire niais : ils ont vu la Joconde, et ils en tiennent désormais la preuve ! Ils auront découvert aussi, en se retournant pour le « selfie », Les noces de Cana et pourront dire, comme Flaubert ayant vu les colosses de Memnon : le tableau est « très grand ». L’ironie en moins, bien évidemment.

Y a-t-il quelque chose d’autre à voir au Louvre ? Ce n’est pas sûr.

Pour le Parisien qui aime le Louvre et en connaît tous les recoins, cette fascination ressemble de plus en plus à une passion masochiste : du lundi au vendredi, un tiers des salles sont fermées, et comme la direction du Louvre n’ose pas, parce que cela serait d’un effet désastreux pour la réputation d’un musée qui est désormais partout sauf à Paris, afficher les salles fermées sur un panneau électronique dans le grand hall de gare de l’entrée, on ne sait jamais si on pourra accéder à ce qu’on voudrait revoir. Les petits imprimés qu’on vous remet discrètement à la demande et qui signalent les salles invisibles ne sont sont jamais à jour. Les gardiens ne savent pas. Je voulais, la semaine passée revoir les Poussin. Les salles étaient-elles ouvertes ? Ah, non, Monsieur, je ne crois pas. Et les écoles du Nord ? Non plus... En fait, tout cela était ouvert, et je m’étais félicité d’une suspicion des plus légitimes. En général, quand on me dit que c’est fermé, je demande : Et la Joconde ? pour faire jouer au gardien, sans qu’il le sache, la petite scène du Charme discret de la bourgeoisie : dans le salon de thé où les bourgeoises ont atterri, il n’y a plus de thé, plus de café, plus rien. (nous avons eu beaucoup de monde aujourd’hui, mesdames !)

-Mais de l’eau ? Vous avez de l’eau ?

-Oh, Madame ! Bien sûr !

Donc, il y aura toujours la Joconde. C’est une puissante consolation.


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