La culture
d’entreprise vue par Pascale Escary :
Les
dirigeants d’entreprise, grands et petits confondus, sont formés depuis une
trentaine d’années, depuis les « Bolloré », « Tapie » et
consorts, à une seule chose : la rentabilité de l’action comme seule valeur et
le profit personnel comme carotte. Hormis toute autre considération...
L’environnement de l’entreprise, du marché, la formation des écoles de
commerce, l’affolement de valeurs individualistes forcenées, exaltées comme un
but en soi, ont renforcé une forme unique de pensée de l’économie de marché,
perverti à l’extrême ce qui n’est plus un cerveau, encore moins un esprit, mais
un compte de résultat soumis au profit bien spécifique de la valeur de
l’action, hormis toute autre considération...
C’est
devenu banal. Surtout ne pas réfléchir, la seule valeur : le résultat. Le seul
résultat recevable : le profit financier, de l’actionnaire, de l’investisseur.
A n’importe quel prix. Comme seule justification de l’existence d’une
entreprise. Hormis, pas de salut. CQFD d’une mentalité serve, sans esprit, du
non sens... Avoir réussi à soumettre le monde entier à
cela, c’est brillant, si si... La cupidité
transformée en valeur responsable, dirigeants serviles et soumis, et bien
rémunérés dans ce seul objectif. Quand on sort de l’école, on a déjà
réussi si l’on est bien formé au CQFD ambiant, on y croit à fond... Réfléchir c’est ennuyeux, gagner de l’argent, çà
c’est motivant... Jolis petits ânes … Bâtés...
La
seule valeur de réussite étant l’enrichissement personnel (sonnant et
trébuchant), la hausse du bénéfice, du cours de l’action, à n’importe quel prix
et comme unique preuve de succès, nous le voyons bien, affolement généralisé,
sous la seule loi du « toujours plus », c’est dire combien on a
dramatiquement perdu tout repère, ce même de simple bon sens puisque cette «
valeur » est devenue la seule...
Ssssurtout
ne réfléchis pas... Joli petit âne … Bâté... Les voyez-vous, les beaux yeux de
Kâ, le voyez-vous, le ventre de Kâ ? Qu’est-ce qu’une entreprise ? A quoi et à
qui l’entreprise est-elle aujourd’hui utile ? Les acteurs décideurs de
l’entreprise, où sont-ils donc ? L’épidémie s’étend de
ceux qui refusent de plus en plus les postes de cadres tant ces postes sont
aujourd’hui vides de contenu réel comme d’épanouissement personnel... Valets de
l’actionnaire, et d’un système économique et financier tyrannique, d’un
management qui étouffe toute créativité,
ils sont relégués au rôle de simples exécutants, oppressés
d’objectifs à peine réalisables qui les mènent aux limites de leurs
possibilités nerveuses et physiques... Vide absolu de sens, d’imagination, de
soumission au pire comme seule solution valable. L’iceberg d’une mentalité
généralisée, dont l’inconscience est devenue une norme, déconnectée de la réalité
et de l’intérêt général...
Où
est-il possible de voir des dirigeants qui réfléchissent un peu à ce qu’ils
font ?
En
est-il seulement ? Pourquoi ne s’expriment-ils pas ? S’ils existent... ?