Pas
besoin de retourner au moyen âge : rien n’a changé depuis la révolte des
canuts.
La technologie numérique est neutre comme l’étaient les
métiers Jacquard, l’ « ubérisation » ne l’est pas.
Les canuts ne s’en prenaient pas aux machines : ils
revendiquaient un salaire garanti face à des négociants qui répercutaient
toujours les fluctuations du marché à la baisse grâce à l’avancée technique des
métiers à tisser. Comme aujourd’hui avec le numérique, une « révolution »
technique et une « libéralisation » de l’économie dégradait les
conditions de vie des ouvriers et artisans dépossédés de leur savoir-faire et rétrogradés
au rang de simple force de travail, un nouvel
ordre social (N.O.S. ?) était en
train de s’installer à leur détriment.
Leurs révoltes n’ont pas restauré l’« ordre »
détricoté par les donneurs d’ordres, les commanditaires, mais elles ont fait
naître chez les ouvriers de la soie (puis d’autres ensuite) un sentiment de communauté
d’intérêts. C’était le point de départ d’un mouvement revendicatif qui semble essoufflé.
Si on compare les deux époques, on constate que des causes
analogue produisent des effets différents : les échauffourées et
affrontements police/manifestants ici ou là ne semblent pas porteurs d’autre
chose que de révoltes sans perspectives.