Le président russe Vladimir Poutine a appelé hier
à la fin des hostilités autour du Haut-Karabagh et a déclaré que la
Russie remplirait ses obligations de défense envers l’Arménie.
« C’est une tragédie »,
a commenté Poutine dans ses premiers commentaires télévisés sur les
hostilités à grande échelle qui ont éclaté le 27 septembre.
« Les gens meurent, il y a de nombreuses
victimes des deux côtés, et nous espérons que ce conflit prendra fin
dans un très proche avenir », a-t-il dit à la télévision publique russe.
Poutine a également souligné que la Russie restait attachée à son
pacte de défense avec l’Arménie mais n’avait pas encore l’intention
d’intervenir directement dans les combats qui se déroulent le long de la
« ligne de contact » du Karabagh.
« L’Arménie est membre de l’OTSC
(Organisation du traité de sécurité collective), a-t-il rappelé. Nous
avons certaines obligations dans le cadre de ce traité [d’adhésion à l’OTSC]. Mais les hostilités qui, à notre grand regret, se poursuivent à ce jour ne se déroulent pas sur le territoire arménien".
« En ce qui concerne le respect par la
Russie de ses obligations conventionnelles, nous les avons toujours
rempli, les remplissons et les remplirons. Comme vous le savez, je suis
en contact permanent pour travailler avec le Premier ministre arménien.
Les dirigeants arméniens n’ont aucun doute sur la qualité du respect par
la Russie de ses obligations en matière de défense. »
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a expliqué de son côté que
la Russie est obligée de défendre l’Arménie contre une agression
étrangère. Mais il a ajouté que ces « obligations de l’OTSC ne s’étendent pas au Karabagh. »
Poutine et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian s’étaient
entretenus lundi par téléphone pour la quatrième fois depuis le
déclenchement de la guerre du Karabagh. Pachinian a ensuite exprimé sa
confiance sur le fait que Moscou fournira l’aide nécessaire « en cas de menace pour la sécurité de l’Arménie ».
Beaucoup en Arménie estiment que le soutien militaire russe est
essentiel maintenant que la Turquie voisine soutient l’Azerbaïdjan
diplomatiquement et militairement. La Russie a une base militaire en
Arménie.
Moscou a accusé implicitement Ankara la semaine dernière d’avoir envoyé des « terroristes et mercenaires »
de Syrie et de Libye se battre au Karabagh du côté azerbaïdjanais. Le
chef des renseignements étrangers russes, Sergueï Narychkine, a averti
mardi que la région pourrait devenir une « rampe de lancement » pour les militants islamistes pour entrer en Russie.
Peskov a expliqué aux journalistes que la présence signalée de combattants étrangers dans la zone de conflit est « une source de profonde préoccupation ». Lorsqu’on lui a demandé si cela pouvait inciter Moscou à lancer une « opération antiterroriste » au Karabagh, il a répondu : « Je ne suis pas au courant de cela pour le moment. »
La Turquie a nié avoir recruté des rebelles syriens soutenus par la
Turquie pour rejoindre l’armée azerbaïdjanaise. Bakou nie également leur
présence dans ses rangs militaires.
Pendant ce temps, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev s’est
entretenu avec Poutine hier, et ce pour la première fois depuis le début
de la guerre. Le 68e anniversaire de
Poutine a été la raison officielle de cet appel téléphonique. Mais le
cabinet d’Aliev a confié que les deux dirigeants avaient également
discuté du conflit du Karabagh.
Peskov n’a pas donné plus de détails sur la conversation. Selon les
agences de presse russes, le responsable du Kremlin a seulement déclaré
qu’Aliev et Poutine avaient accepté de « poursuivre le dialogue ».
Pachinian a également appelé Poutine à l’occasion de son
anniversaire. Son bureau en a profité pour assurer que les deux hommes
étaient également d’accord sur la nécessité d’une « fin rapide des hostilités ».