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Commentaire de Passante

sur Considérations sur la théologie mariale


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Passante Passante 25 février 2021 13:14

@Decouz

once upon a time I wrote this :

Ainsi le Qoran, bien plus et bien mieux que le Protévangile de Jacques, vient à bout de la dictature silencieuse des icônes et fait ouvertement parler le nouveau-né au grand étonnement de tous, avant qu’il ne se salue comme dans les quatre temps d’un signe de croix(1).
Ce salut du Christ porté à lui-même est la retrouvaille d’un autre niveau de la subjectivité, c’est-à-dire de la parole. Si nulle part dans les Évangiles le Christ ne se salue ainsi, ce souci de l’enfant quant à lui-même est l’une des plus éloquentes traductions en acte énonçant le ego eïmi évangélique. Dans le sillage exact du « moi je suis » des Évangiles, le très singulier salut du Christ à lui-même dans la sourate de Marie, cela porte tout le tranchant du sabre sur la remontée royale à l’avant-Caïn, et en

(1) Qoran (maryam) - 19.28-34

quelques versets déjà, le texte évoque justement la mémoire très matinale d’Idrîs c’est-à-dire d’Hénoch(1).
Ainsi, là où Ève égarée raconte son premier enfant comme un objet, Marie s’obstine à faire silence pour laisser toute latitude de parole à un sujet. Le « Je » christique est donc engendré par le « Toi » de Marie, voilà pourquoi avant même de porter le salut à soi, le Christ du Qoran commence d’abord par innocenter sa mère de tout soupçon(2).
C’est parce qu’il tient ce sabre contre Caïn, et tout le tranchant de cette parole d’azur que le Christ continuellement divise, aussi bien les foules que les pharisiens qui s’opposent à son sujet, ou encore les juifs dans leur ensemble. Il faut bien noter ici qu’il ne s’agit pas d’un effet de la personne du Christ, mais bien de la Parole, puisque Saint-Paul obtient exactement le même résultat face au sanhédrin(3).

Seul un repositionnement global de la subjectivité est susceptible de ces effets majeurs, seule une refondation du sujet dans ses rapports avec la parole - reconnue d’avance comme le dépassant - peut engendrer pareilles dissensions immédiates dans les foules, car c’est toute une théorie de la subjectivité nouvelle que le discours chrétien déploie et met en œuvre. Notamment dans Saint-Jean, où le moi ancien et ses assurances de fétu sont balayés d’un tour de main, au profit du logos universel, dont certains Pères de l’église comme Clément d’Alexandrie ne manqueront pas de souligner et soigner les flamboyants parallèles héraclitéens.

(1) Michée 2.13 ; Qoran (maryam) - 19.56-57
(2) Genèse 4.1 ; Qoran (maryam) - 19.16, 29, 32
(3) Jean 7.12, 43 ; 9.16-17 ; 10.19-21 ; Actes des Apôtres 23.7 ; Hébreux 4.12



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