Cette confusion entretenue tient d’une situation où il faut démêler bien des
contradictions, au regard de certains qui les utilisent pour jouer sur les
différences pour opposer et diviser. Pour prendre un exemple de confusion dangereuse, qui s’exprime
dans les réactions aussi : oui, l’histoire dans le monde occidental a pris de
l’avance sur bien des sociétés, comment le nier, lorsque l’on étudie simplement
le niveau de mortalité infantile ici où là, l’égalité entre femmes et hommes,
etc., ce qui va avec la place qu’y tient la science et la raison... Oui, on y a
fait les principales découvertes en lien avec la modernité démocratique, indissociable
du droit des hommes passant au-dessus des droits d’un dieu, ouvrant la voie à
une émancipation humaine jamais rencontrée avant ailleurs, par le fait de combien
de révolutions aussi, avec une place du peuple unique, qu’il s’est donné
lui-même. Malheureusement, on a détourné ces Lumières pour les mettre au
service d’intérêts économiques de domination, en asservissant des peuples avec
le colonialisme, en les dénaturant avec l’humanisme dont elles étaient
porteuses. Cela a contribué à donner de ces Lumières une vision défigurées,
perçues comme tournées finalement contre la liberté, un de ces malentendus
terribles. On en a fini avec le système colonial parfois dans la douleur,
ouvrant l’espoir d’une nouvelle voie, celle du partage de ce qui s’est
révélé dans le monde occidental, s’inscrivant dans l’ordre des possibilités
humaines, non pour dominer mais que tous avancent ensemble. Une bien universel,
qui n’appartient à aucun groupe humain à mettre à part, parce que tous les
hommes ont dans leurs facultés de pouvoir les partager, avec l’expérience.
Mais ce fut un rendez-vous manqué, parce que le système fondé sur la
domination selon la richesse, a fait perdurer les effets d’un héritage
colonial, donnant un bien mauvais exemple, majoré par des pays où les groupes d’intérêts locaux, culturels,
religieux, où par corruption, souvent s’opposent à toute évolution. continuant
de brouiller les cartes. C’est sur ce désordre que certaines forces jouent contre
la République égalitaire, encourageant une logique des cultures et des
minorités, pour prôner le retour en arrière à on ne sait quelle vérité qui
nicherait dans les pratiques des ancêtres ou des croyances dépassées par
l’évolution des droits et de la conscience. La mondialisation actuelle est la
véritable héritière de cette colonisation que l’on a su dépasser, et qui a tout
intérêt à ces divisions, à ces malentendus, à cette confrontation haine contre
haine, couleur de peau contre couleur de peau. Il faut oser ce débat, pour vaincre
ces contradictions, pour avancer par la réflexion commune loin de cette volonté
de réécrire l’histoire, de la falsifier pour la faire coïncider avec le projet
politique qui joue sur les ressentiments et les fiertés identitaires mal
placées. C’est au prix d’une meilleure compréhension de notre monde mettant sur
la table cette complexité, qu’un projet de société enviable et universalisable
peut sortir, susceptible de fonder un nouvel avenir, qui éclaire le chemin d’un
homme (des peuples) partout agent de son histoire.