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Commentaire de Le vilain petit canard

sur Le scandale chronique des résultats scientifiques falsifiés : crise du lobbying et des pouvoirs discrétionnaires


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Vilain petit canard Le vilain petit canard 27 mai 2006 12:37

Article très intéressant, qui pose un certain nombre de questions, déjà relevées en leur temps par d’autres [1]. En effet, c’est un problème chronique. C’est d’ailleurs pour cela qu’il existe des comités de lecture, des commissions d’évaluation, des protocoles rigides, etc. On peut même dire que c’est une précoccupation constante de l’institution. Officiellement, c’est pour éviter l’erreur, mais entre l’erreur et fraude, seul diffère l’intention, qui comme on sait depuis Freud, n’est pas si facilement accessible.

Or, on est bien forcé de constater que le système ne contrôle pas toujours efficacement les choses. Le clonage passe comme une lettre à la poste dans Science, la mémoire de l’eau dans Naturea déclenché en son temps une enquête quasiment policière, avec descente dans le laboratoire de Benveniste, etc.

Il faut bien admettre que sociologiquement, le milieu de la recherche est structuré autour de la publication, signe du pouvoir, déclenchant les afflux de crédits, répartis par le Maître selon son bon vouloir et son avidité de pouvoir (directeur de labo, Grand Professeur ou mandarin, comme on préfère). L’objectivité, la qualité scientifique des travaux, elles, sont secondaires par rapport aux gains espérés dans un travail de recherche, elles sont juste un préalable contraignant. Les gains ne sont pas forcément financiers : le prestige et la starisation ne sont pas négligeables.

Le travail pour l’amour de la science de de la Vérité, on laisse ça aux sans-grades, aux boursiers, aux assistants et autre statuts précaires inventés par l’Université ou autres CNRS, sous le regard bienveillant de nos MInistères qui exigent « de l’efficacité comme dans le privé ». Saviez-vous que lorsque vous disposez d’une bourse de recherche (européenne, par exemple), l’Université où vous travaillez vous envoie vous inscrire à l’ASSEDIC pour que vous puissiez bénéficier de... l’assurance-maladie ? (absolument authentique).

La fraude est donc un danger permanent : on peut même dire qu’elle est consubstantielle au système, comme le dopage au sport professionnel. Alors, une crise passagère ? Un retour de tentations anciennes ? Non, une guerre perpétuelle contre un certain discours sur la réalité, menée globalement à bien grâce à des individus honnêtes dans une écrasante majorité et à des institutions globalement efficaces. Mais il reste régulièrement passer des « scories »... à prendre pour ce qu’elles sont, des résultats peu fiables. Pas la peine d’en faire un cours de morale, ni de disqualifier forcément à vie le chercheur « coupable ». C’est le prix à payer pour bénéficier de résultats fiables.

Mais il est clair que la politique actuelle de recherche (ne cherchez pas, y en a pas) aggrave la tension et risque de « pousser au crime ». En tout cas à la désertification des laboratoires et à la désaffection des jeunes pour les « carrières » scientifiques. Qui a envie d’études de 10 ans amenant à un SMIC précaire à vie (non, excusez-moi : en attendant qu’un poste se libère) ?

Et puis, après tout, qu’est-ce qui nous fait dire que Truc ou Machin a raison ou tort maintenant, et que ce sera encore valable dans 30 ans ? Relisez les publications d’il y a seulement 30 ans, ça vous fera marrer.

[1] La Souris truquée. Enquête sur la fraude scientifique, William Broad, Nicholas Wade, Seuil, Points, 1973. Ou, plus prestigieux : L’étreinte du crapaud, d’Arthur Koestler, Calmann-Lévy.


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