• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Luniterre

sur De l'objectivité, ou non, de la valeur de toutes choses


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Luniterre Luniterre 26 mai 19:45

@La Bête du Gévaudan

Encore une fois, ce que vous avez du mal à comprendre, en restant sur une lecture atrophiée, simpliste, et donc paradoxalement « dogmatique », pour un non-marxiste, de Marx, c’est qu’il ne faisait nullement de la valeur-travail un dogme intangible !

 

Pour Marx, la notion de valeur-travail, telle qu’il la décrit dans les premiers chapitres du Capital, est tout à fait contextualisée dans le cadre de la révolution industrielle en cours, et qui en est, il faut le rappeler systématiquement, non seulement à vous, mais surtout à tous les pseudos-« marxistes », au stade de la motricité et de l’énergie à vapeur, non seulement pour les débuts du chemin de fer et de la navigation à vapeur, mais pour l’ensemble du fonctionnement de l’industrie, chaque usine reposant sur une ou deux « machines à vapeur », rarement plus, pour entraîner tout le processus industriel interne de fabrication, avec des jeux complexes de poulies, courroies, engrenages, arbres de transmission, etc..

 

En observant ainsi ce qui est un début de processus d’automatisation, Marx arrive à en déduire ce qui est l’effet économique et social de l’automatisation complète, à terme, de l’industrie, et que nous appelons aujourd’hui soit automatisation, informatisation, soit robotisation, ce qui est équivalent en termes de modification des rapports économiques et sociaux.

 

Pour Marx ce stade d’évolution est clairement la fin de la loi de la valeur telle que décrite dans les premiers chapitres du Capital, qui est, contrairement à ce que prétendent les pseudo-« marxistes », non pas son œuvre ultime et achevée, mais seulement une première étape de sa réflexion sur l’économie concrète de son époque, et pour ainsi dire, quasiment une œuvre de « circonstances », essentiellement destinée à soutenir le mouvement ouvrier, ce qui pouvait légitimement se comprendre dans le contexte social et politique de l’époque.

 

« L’erreur » d’appréciation de Marx consistait donc à penser que la victoire politique du mouvement ouvrier était possible, à plus ou moins brève échéance, mais vraisemblablement, vu le contexte de l’époque, avant que l’industrie n’en arrive à ce stade d’automatisation.

 

Pour autant, dans les Grundrisse il examine assez indifféremment les conséquences de l’automatisation sur un contexte de relative « pérennité » des rapports de production capitalistes, même s’il semble penser que l’automatisation peut favoriser des relations sociales positives, de nature que l’on peut donc considérer comme « socialistes », sinon carrément « communistes » au sens qu’il entendait donner à ce terme, comme étape future du développement économique et social.

 

La notion marxiste de plus-value, au sens de Capital,I,1, c’est la notion du « quantum de travail » directement intégré à la marchandise au cours du processus productif, et qui a donc connu son « apogée », par la suite, avec la « taylorisation » et les divers type de production « à la chaîne ».

 

Un processus globalement en voie de « réduction », et en fait, à court ou moyen terme, en voie de disparition, avec l’extension de l’automatisation, informatisation, robotisation. Ce qui se produit actuellement dans l’industrie, c’est exactement la domination du capital fixe sur le travail vivant, en tant que travail humain productif directement intégré à la marchandise fabriquée, au cours du processus même de fabrication. C’est donc exactement le processus décrit dans les Grundrisse, dix ans avant Le Capital.

 

C’est pourquoi, au sens réellement marxiste du terme, le capitalisme tel que défini par Marx, en tant que capitalisme industriel productif, est déjà « mort », pour l’essentiel, avec une telle domination du capital fixe dans tous les processus productifs.

 

C’est bien pourquoi le capitalisme « classique », et donc au sens précisément marxiste du terme, a déjà fini sa période historique pour laisser place à ce que j’appelle le banco-centralisme, et que vous appelez « socialo-keynésianisme », avec une relative justesse dans la mesure où ses « théoriciens » qui ont en grande partie « inspiré » les politiques monétaires banco-centralistes étaient en fait plutôt des « sociaux-démocrates » eux-mêmes inspirés par la MMT, « modern monetary theory », se revendiquant effectivement comme l’héritière du keynésianisme, ce que les diverses chapelles se voulant « orthodoxes », dans le genre keynésien, contestent évidemment avec véhémence !

Luniterre


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès